La première semaine du Festival Détours de Chant à Toulouse, Hexagone a publié un “post” par jour sur sa page Facebook. Nous avons pensé que ce serait bien de conserver ces petits comptes rendus, en les regroupant sous forme de deux chroniques sur le site. Après la première à retrouver ici, voici la seconde.
Jour 4. Vendredi 26 janvier. Délinquante
Vendredi soir, c’est un moment d’embouteillage en voiture au retour du boulot mais aussi ce jour-là pour le choix de concerts de qualité. Paris Combo ou Les Frères Brothers : pour ceux qui ont une voiture ; Leïla Huissoud au Bijou (si tu as déjà ton billet car c’est complet) ou Délinquante pour les piétons toulousains. Après Jane For Tea, j’ai choisi un autre duo Délinquante dans un autre centre culturel toulousain (CC Bonnefoy). Deux ans après l’enregistrement d’un concert à Albi qui a donné naissance à un beau CD-DVD-livret sur leurs 10 ans de scène, voici ces deux accordéonistes chanteuses (ou/et l’inverse) dans leur nouveau spectacle : Femme. On y retrouve ce qui a fait le succès du groupe : de la bonne humeur, deux femmes accordéonistes avec une belle complicité sur scène, les grimaces et blagues de Claire, la présence de Céline. On y entend à nouveau les titres qui nous ont fait rire : Conne comme une blonde et Le p’tit Robert. Mais on sent à chaque prestation la mise en place progressive d’évolutions.
Par exemple : le jeu à l’accordéon affiné, les voix encore plus présentes et belles, la mise en scène rodée et efficace, et certaines thématiques plus personnelles. Le thème de la sexualité est abordé à la fois par Bestial Kamasutra et par le nouveau titre Sex toy sur un texte de Cédric Boule (dont le spectacle Bicéphale avec Erwan Roux est aussi programmé dans le festival). Elles nous laissent, en rappel, sur une très belle chanson intimiste écrite par Delphine Boubal. Ce concert, moment agréable et signe d’évolutions, nous rend impatients du nouvel album, en cours d’élaboration, et des prochaines prestations scéniques. En lever de rideau, Guillaume Farley, le fil rouge se présente devant moi pour la troisième fois en quatre jours de festival. Ce soir, il a choisi trois reprises d’univers vraiment différents : Mon dernier bal de Renaud, La bétonneuse de Nicolas Jules et il finit par une excellente et surprenante interprétation de Ces gens-là de Brel à la guitare électrique. Cet artiste atypique, est une véritable encyclopédie de la chanson. Et donc c’est avec un très grand plaisir que je lui ai fait découvrir que Renaud évoque Souchon (la pauv’e souche) dans J’ai la vie qui m’pique les yeux. Il reviendra chanter au Bijou fin mai avec Nicolas Jules : j’y serai, et toi ?
Jour 5. Samedi 27 janvier. Coups de pousses
La journée « Coups de pousses » au Bijou, particularité habituelle du festival, permet de faire découvrir au public et aux professionnels, cinq artistes régionaux, chacun sur quarante minutes. Ce rendez-vous est devenu un incontournable du festival. En effet, dans l’assistance on reconnaît, entre autres, Jean-Claude Barens, le directeur artistique de Barjac m’enchante (qui nous a encore concocté une superbe programmation pour l’édition 2018 dont on reparlera) et Aline Thomas la programmatrice de l’attachant Café Plum dont j’annonce tous les mois la jolie programmation chanson.
Cette année, le plateau est très éclectique. Je te les présente rapidement, par ordre d’apparition. D’abord Les autres, un duo voix et piano, de la chanson de facture classique, interprétée avec emphase. Puis Clara Sanchez, en solo à l’accordéon, voix et textes des chansons réalistes d’antan, impressionnante quand elle reprend Piaf. L’affaire Sirven, trio de Montpellier, vainqueur du Prix Mathieu Côte 2016 à Cébazat, est mené par Jean Christophe Sirven au piano et à la voix, accompagné par un batteur et une diseuse-chanteuse : un projet d’une belle ambition et musicalement riche.
Après une pause repas, Laura Wild, prix Nougaro 2017, ouvre la soirée en solo, s’accompagnant essentiellement d’un ukulélé. Et Baptiste Braman, en groupe (basse, batterie, guitare) la clôture avec des chansons de variété aux textes légers et à la musique gaie voire dansante. En synthèse, cinq projets avec des choix artistiques radicalement différents. Je te livre quelques mots complémentaires, sur mon coup de cœur du moment : Laura Wild. Cette jeune artiste, récemment arrivée dans la sphère chanson, présentait quarante minutes de son premier spectacle, une création toute neuve, juste naissante. Elle arrive du fond de la salle, sans micro, avec son ukulélé à la manière d’un Lior Shoov. Elle évoque un trajet en tram à Genève à la manière d’un Louis-Noël Bobey avec son Autobus Nord qui traverse Marseille. Comme ces deux artistes, Laura possède une présence étonnante, un univers personnel authentique et derrière le travail on sent que chaque prestation sera différente, unique. De plus, Laura possède une voix intense qui nous prend aux tripes et au cœur. Son spectacle est fragile bien sûr, le répertoire est évidemment inégal, mais bon sang, quel plaisir de voir une nouvelle artiste s’impliquer totalement, se mettre en danger sur scène et déclencher cette émotion.
Jours suivants. Du 28 janvier au 3 février
Le gars moi-même ayant dû déclarer forfait, je ne vais pas te décrire des concerts que je n’ai pas vu. Des retours que j’ai eu, le mercredi 31 janvier, ceux qui sont allés découvrir Erwan Pinard sur scène puis ont enchaînés par le concert de Lise Martin, en trio au Bijou, ont été emballés par cette soirée. Ils n’ont pas vu ce même jour le concert (complet, il est vrai) d’Emily Loizeau mais ils peuvent lire ici le compte-rendu. Bon je te laisse, il faut que je me prépare pour tenir deux semaines pour la prochaine édition !
Festival Détours de Chant du 23 janvier au 3 février. Photo de Delinquante en une : Nadia Wickler