Davy Kilembé, une semaine à Toulouse

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Davy Kilembé, s’est produit pendant cinq jours, du 28 novembre au 2 décembre, dans le cadre de l’apéro-spectacle du Théâtre du Grand Rond à Toulouse. Il venait de partager, quelques jours plus tôt et en formule trio, un plateau « Occitanie » à Langogne avec Chouf et Camu.

© Michel Gallas

Ici, pendant cinquante minutes, en solo guitare, Kilembé, un citoyen qui chante en faisant danser les mots, nous a donné sa vision de la société (« Tous ces cabossés / Y en a qui en disent / Ils ont qu’à bosser / Au lieu de se lamenter / Putain, c’est la crise ») et parfois quelques moments de sa vie et de son pays « Mon pays c’est ici / Croyez-moi même si / Mes enfants sont frisés / Et ont le teint basané / Je tiens ça de mon père / Qui venait d’une autre terre / On me le faisait savoir / En m’appelant petit noir ». Chaleureux et généreux, le sourire aux lèvres il chante avec une grande simplicité et le souci de la musicalité. Vraiment à l’aise sur scène et avec sa guitare qu’il percussionne parfois, il rythme ses mélodies avec des couleurs chaudes et joue avec une évidente envie de partager. Nous souhaitons le revoir très vite du côté de Toulouse pour un concert complet et avec ses deux musiciens.


Pour l’instant, je le retrouve juste après sa prestation dans le hall du théâtre, autour d’une table et de deux bières.

Hexagone : Tu as sorti l’an passé ton sixième album Danser les mots, un titre qui va bien à tes chansons et à tes concerts. C’est une orientation nouvelle ou une volonté depuis le début ? 
Davy Kilembé : C’est venu progressivement. Cette expression « Danser les mots », je l’ai entendue dans une interview de Brassens, il disait « Certains s’efforcent de faire danser les gens, moi j’essaie de faire danser les mots ». Sans prétention aucune, j’essaie aussi. Et la pochette de mon album est une évocation d’un disque de Brassens avec le gramophone.

© Michel Gallas

Hexagone : Tu fais danser les mots, mais tu choisis les mots qui ont du sens ?
Davy Kilembé : Oui, quand même. J’ai l’impression d’avoir quelque chose à dire, alors je le dis en chanson. Par exemple ce soir, j’avais deux titres « paraboles » Pagayer et Le maillot à pois du meilleur grimpeur pour dépeindre le climat actuel. Mais toujours avec le sourire et sans être donneur de leçon.

Hexagone : A côté des chansons de type peinture sociale, tu as chanté La vie c’est pas du cinéma, titre marquant de ton album précédent. Une autre catégorie de chansons ?
Davy : C’est une ode à la femme, aux femmes qui nous ont fait rêver, et puis à nos mères et à nos sœurs. Tout cela à travers des noms d’actrices qui parlent aux gens. J’aime assez l’idée de mettre du sensoriel. J’aime bien qu’on sente, qu’on voie, qu’on touche dans les chansons. Là, au moins on voit les actrices. J’ai aussi des chansons d’amour, comme ce soir Le chapeau un peu plus nombriliste.

Hexagone : Je t’ai vu trois fois à plusieurs années d’intervalle, il me semble qu’à chaque fois tu as chanté Mon Pays ?
Davy : Oui, c’est un peu mon titre « carte de visite ». Elle me représente bien et elle touche le public. Je la chante à chaque fois. Et si je ne la chante pas, on me la demande.

Hexagone : Cela fait quoi de jouer cinq jours d’affilée dans le même lieu, comme cette semaine au Grand Rond ?
Davy : J’aime bien. Le principe est sympa. On peut s’installer, les gens peuvent en parler et amener ensuite leurs amis. J’aimerais bien m’installer plus souvent dans un endroit, cela ne se fait pas assez. Et puis on a le temps de s’adapter au lieu. Ce soir, j’ai changé deux titres par rapport à hier.

Hexagone : Ici, tu es en solo guitare. Mais tu te produis dans des formules différentes ?
Davy : La semaine dernière on jouait en duo avec le contrebassiste. Dès que c’est possible, on joue à trois avec un batteur. Il nous arrive d’être jusqu’à six en formation complète avec trombone, saxophone et accordéon, chez nous, vers Perpignan.

© Michel Gallas

Hexagone : Mon oreillette me dit que tu enregistres tes albums chez toi, dans un  home studio. Tu confirmes ?
Davy : Oui, je bricole depuis quelques années. J’ai du matériel. On met cela en commun avec des copains. J’enregistre mes albums et ceux d’autres comme il y a quelques années Paamath, connu sur Toulouse, et récemment Gabriel M.

Hexagone : Tu peux nous parler de tes autres activités et projets ?
Davy : Il y a eu Les Didoudingues, croisement d’univers de huit artistes. Maintenant j’accompagne, à la guitare, Gabriel M dans son nouveau projet. Je joue également en duo, avec un copain Bob contrebassiste, le spectacle Mais qui c’est ce Bob ? On y chante beaucoup de chansons de Bob Marley mais aussi beaucoup de Robert (Dylan, Smith, Boby Lapointe, Mac Ferrin, … ) et une chanson de Brigitte Bardot. En duo avec Jean Paul Sire accordéoniste, j’ai aussi un spectacle sur les chansons de Brassens que l’on tourne depuis sept -huit ans et que l’on renouvelle régulièrement vu son répertoire quasiment inépuisable. On apprend d’autres chansons que l’on réarrange. Avec une dizaine d’artistes, j’interviens régulièrement pour l’association Voix du Sud. Le plus souvent, en immersion dans deux classes, avec des scolaires, on écrit des chansons pendant une semaine, et à la fin, en première partie avant notre concert, on joue avec les gamins les chansons écrites ensemble.

Hexagone : C’est intéressant de travailler avec les scolaires ?
Davy : Oui, cela me paraît nécessaire de partager avec les jeunes. Et en plus, comme cela, on forge un peu le public de demain. Car aujourd’hui le public chanson a une moyenne d’âge de plusieurs fois vingt ans. Pour la session de présentation, je propose une compilation du répertoire d’après-guerre à nos jours. On se rend compte que les collégiens et les lycéens ne connaissent pas Brassens et Brel par exemple.

© Michel Gallas

Hexagone : Cette multiplication d’activités traduit-elle une grande envie de jouer souvent ?
Davy : C’est le plaisir de jouer, de partager des aventures humaines. Je pourrais être sur scène tous les jours. Mais j’aime aussi les périodes où je suis chez moi, pour écrire des chansons, pour vivre avec mes deux enfants.

Hexagone : Et début d’année 2018, tu as des concerts particuliers de prévus ?
Davy : Entre autres, au mois de mars je fais la première partie d’Yves Jamait en Isère. J’ai aussi le projet d’un spectacle « Jeune Public ».


Davy Kilembé, du 28 novembre au 2 décembre, au Théâtre du Grand Rond à Toulouse. Concert vu et entretien effectué et le 29/11.

Rappel : un clic sur une photo et elle s’agrandit !

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