Avignon Off : Clément Bertrand

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© David Desreumaux

Oui, je sais l’automne arrive, aussi je te propose un retour vers l’été et la chaleur. Nous revenons à Avignon, au théâtre de l’Arrache-Cœur, lieu référence du Festival Off pour la chanson, qui lui consacre pendant trois semaines une salle et 9 concerts par jour ! Cinq de ses concerts, font partie de l’opération Talents Adami. Et l’Adami a mis, mes amis, des talents : Nicolas Jules (dossier du n°4 d’Hexagone), Amélie-les-crayons avec son formidable et vivifiant spectacle déjà chroniqué ici, l’étonnante Ottilie B – belle découverte pour beaucoup – et Hildebrandt.  J’ai choisi de te parler du concert et du talent de Clément Bertrand.

© Nicolas Blanchard

Ceux qui l’avaient vu quelques temps voire quelques années auparavant ne trouveront plus de piano sur scène, l’artiste se présente désormais en duo de guitares. Clément Bertrand, physique de rugbyman, regard baigné d’humanité, écriture de poète, voix rauque et sensibilité à fleur de Peau (bleue) – Peau Bleue titre de son dernier album et de ce spectacle. En début de concert, il nous prend par la sensualité avec Ta nuque. Un peu plus tard, il ajoute l’érotisme quand il décrit les nuits de sa compagne en son absence (Le toucher, inédite sur album) « Lorsque son mec est parti, mon amoureuse se touche /… Elle va sa main caressant sous le tissu qui la contient / … Elle se bat contre la nuit / Et c’est le jour qui la couche ».  Cœur et corps en forte proximité :  « d’un seul geste on peut toucher / Et ton sein et ton palpitant » (Perles de sueur). Chaleur des mots crus dans la chaleur Avignonnaise. Les thèmes du concert sont les femmes et les femmes, l’amour (parfois amer), la mer et la mort. Cet habitant de l’île d’Yeu, colosse à la plume océane et imagée, nous envoie des vagues de tendresse et d’amour.

© Nicolas Blanchard

Attaché aux femmes (de sa vie) et de sa famille, il les dessine d’abord avec la joliment nostalgique Les seins de ma mère, avouant avoir parfois, depuis qu’il est grand, le sentiment d’être abandonné et se demandant « s’il y a bien une vie après l’enfance ». Puis dans une touchante lettre à sa sœur (Branleuse) partie vivre ailleurs, il se décrit comme : « Ton frangin la tendresse un peu picoleuse ». Attaché à son île, il nous en décrit deux aspects très différents : la mer dans le saisissant Chporgne « Un ciel poète / se fout en rogne / Et tombe en mouettes … / Du large barge / Un récif grogne / Ecumant d’rage » ; un bistrot réagissant à un avis de décès collé au carreau dans Fleurs naturelles.  Ne crois pas que cet artiste soit triste ou plombant. Dans les moments gris, il a sa solution, il se « soigne à l’amour » et nous dit Chantons donc pour « Donner l’Humanité humaine / Et quatre jeudis aux semaines ». Je le pense attaché aussi à l’amitié, il suffit de capter ses regards fraternels à son guitariste qu’il appelle « Mon Nono » sur scène. Celui-ci, Nolan Rivetti, aussi jeune qu’excellent, électrise et valorise les mots de Clément. Et il profite d’Avignon, pour jouer du banjo sur scène pour la première fois.

© Nicolas Blanchard

Clément présente parfois son prochain titre, avec souvent la main dans les cheveux (expression d’une certaine pudeur ?). D’ailleurs son répertoire ne nécessite ni une mise en scène particulière ni un éclairage sophistiqué :  la chanson poésie-émotion et la guitare électrisante emplissent oreilles et cœurs et bleuissent la peau des spectateurs.

Sur les trois semaines du festival, ce n’est pas le concert qui a attiré le plus de monde, et c’est bien dommage, mais ce n’est pas grave car les spectateurs présents en sont sortis le cœur chaviré et les yeux plus brillants. Ils s’en souviendront, et en parleront (tiens, la preuve avec cette petite chronique). Si tu ne me crois pas hexagonaute parisien, vas voir Peau Bleue au Forum Léo Ferré les 12 Octobre, 9 novembre et 7 décembre. Et pour toi, hexagonaute de la région Ouest, il sera au Festival Chant’Appart en février et mars 2018. 


Le 14 juillet Clément Bertrand à L’Arrache-coeur lors du festival Off d’Avignon. Un grand merci à Nicolas Blanchard pour les photos de scène de cette première collaboration.

4 Commentaires

  1. Merci Mick…même ressenti :

    la vague… à l’âme, au bord des lèvres une tendresse débordante, une sensibilité palpable…
    De la chair et du rêve, cette poésie crue qui jaillit du ventre comme l’écume et nous inonde de bleu au profond de la peau.

    Courrez-y !!!

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