A découvrir Piérick ? A re-découvrir plutôt. Pendant quinze ans, Piérick fut le chanteur guitariste et auteur du groupe poil-à-gratter toulousain Les Malpolis. Une semaine de concerts d’adieu mémorable – j’y étais – en fin décembre 2012 et début janvier 2013. Et puis démarrage en solo où il s’attribue lui-même l’appellation de Chanteur en-chantier. Rencontre avec Lucas Lemauff (oui celui même dont on t’a déjà causé pour Al’arrabiata et Virage à droite) et ses claviers pour, entre autres des apéro concert en juin 2013 au Grand Rond où l’on sent une direction forte. Et de superbes concerts l’an passé au Bijou en janvier et Chez ta mère en Juillet. Le « en-chantier » a laissé place à une belle construction, bien charpentée aux fondations solides et à la finition extérieure mal polie (mais ça c’est normal), avec des aspérités, voire des provocations qui accrochent l’œil et l’esprit. Voici donc Piérick, (revenu ?) à son sommet. Une plume fine et précise au service d’un humour noir et provocateur, parfois cynique mais offrant souvent matière à penser, le tout joyeusement mis en musique.
Un concert réjouissant. Oui d’accord c’est plutôt un concert sur le thème du misanthrope, concert quelque peu morbide –il le dit lui-même- avec plusieurs chansons ayant pour acteur ou paysage le cimetière. Mais réjouissant pour le spectateur, j’insiste et je signe. Il nous parle des travers des gens – de nous ? de lui ? – et de l’époque et on rit beaucoup. Et pas bêtement. Eternel malpoli donc et volontairement mal poli. Sens de l’observation, impertinence et irrévérence. Sur scène, un superbe accompagnement, au clavier, de Lucas Lemmauff qui apporte une musicalité et une vitalité indéniable. Ceci permet à Piérick de se libérer, assez souvent, de sa guitare pour donner plus d’envergure à ses interprétations. Et le spectacle a un bon rthyme entre chansons et interventions parlées. Dans le répertoire quelques pépites, entendues ces derniers temps, avec des nouveaux sujets abordés et une part belle laissée à l’imagination comme Panique à Long séjour et celle évoquant la rencontre avec le corps d’un mort dans la rue.
Panique à long séjour : une épopée épique de pensionnaires du troisième âge d’une maison de retraite qui se rebellent et partent en vadrouille dans la ville avec une chute surprenante, logique et … pessimiste. D’autres chansons sont efficaces comme Les marmots, les mômes, les bambins, La ronde des enterrements (portrait d’un collectionneur d’enterrements). Il finit par Comme dans une publicité, ovni apparent dans le répertoire de Pierick, panorama d’une journée heureuse vue avec le filtre des publicités avec, bien sûr, une chute permettant le retour à la réalité. Que du plaisir pour le rappel avec son étude comparative de Brassens, Brel et Ferré, illustrée par trois parodies vraiment très réussies et efficaces avec une superbe sur Ferré que celui ci aurait pu écrire (va voir sa vidéo ici à la fin du reportage pour Les Fils de Ta Mère avec la participation de Pierick). Et Jessica, une des dernières chansons faite avec les Malpolis, encore une superbe observation d’une rencontre plan cul et un grand sens de la chute.
Quelques saillies que j’adore – retranscrites de mémoire – « L’optimiste a un état d’esprit positif qui lui permet de vivre malheureux plus longtemps qu’un suicidaire ». « Les néo-nazis, je comprends pas ils pensent qu’i l y a trop de juifs et pourtant ils déterrent les morts. », « Les règles, un peu désuètes, sur l’emploi du subjonctif, par exemple si quelqu’un dit » Je ne suis pas raciste bien que les arabes sont tous des voleurs » faut il vraiment le reprendre et lui dire que cette phrase est incorrecte ? ». Fin observateur et satiriste il continue à tirer sur tout ce qui bouge. Ses cibles principales sont les cons et la religion, et il a de quoi faire ! Les derniers événements et les temps obscurs actuels ne lui ont pas fait baisser d’un ton et il s’exprime encore contre tous les extrémismes dont l’extrême connerie. Et toujours avec un grand sens de la dérision. Je n’ai pas vu, pour l’instant, de prochaines dates sur son site. Promis, je te fais signe. Tu ne le regretteras pas.
Et comme il semble que je connais un nouvel organisateur de concerts, du côté de Clichy, d’ailleurs amateur du Pierick des Malpolis je vais lui en dire deux mots (ah ben c’est fait !).
Allez je te mets deux chansons, du concert, citées dans l’article :
[…] et mes premières chroniques je t’ai souvent parlé des concerts passés ou à venir au Bijou (Piérick, Alexis HK, Lior Shoov), Chez ta mère (Les fils de ta mère, Victoria Lud, Louis Noel Bobey & […]
[…] sur Hexagone, au moins pour sa participation au spectacle collectif Virage à droite et pour l’accompagnement de Piérick. Écoute-les te parler de la création de leur spectacle, de ces représentations de janvier et du […]
[…] déjà écrit un article), Piérick (que j’aime bien et sur qui j’ai déjà écrit un article), Ronan (que j’aime bien et sur qui j’ai déjà écrit un article – qu’est […]