Un phosphène est une sensation de lumière qui se déclenche, sans lien avec la présence de la lumière, in absentia. Une tache, des stries, un flash surgi sur la rétine, dans l’obscurité, voire les yeux fermés. C’est aussi le titre du cinquième album de Fredda, de son vrai nom Frédérique Dastrevigne. L’amour phosphène éblouit dans l’obscurité, à ce moment précis où se jouent les illusions perdues et les illusions d’optique, entre chien et loup, quand on « dorveille », à cette lisière de l’onirique et du tangible (Dorveille). Fredda recherche une poésie évocatrice, sensuelle et synesthésique, portée par des figures féminines érigées en mythes, entre réalité et fiction. Mata Hari irrigue le texte d’Aube, l’infortunée Ophélie celui de Nordique Ophélique, Méduse Cheveux serpents et Marilyn Monroe Argent, très belle adaptation française de One silver dollar, tirée de la bande originale de Rivière sans retour. Autrice de l’album, souvent compositrice, Fredda a reçu le concours de Matt Low, qui a composé la musique de Phosphène, joue de la guitare et du piano et lui donne la réplique dans Cheveux serpents, mais aussi de Pascal Parisot pour les arrangements qu’elle cosigne également. Ce dernier réalise l’album, comme pour les précédents. Fredda offre une pop rythmée, tout en délicatesse, sur des images fugaces, ces phosphènes qui défient la perception.
Flavie Girbal
Fredda, Phosphène
Microclocultures / le pop musik / Kuroneko
Chronique parue dans le numéro 29 de la revue Hexagone