Marion Roch aux Trois Baudets

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Marion Roch © David Desreumaux

Marion Roch présentait ses nouvelles chansons (et quelques moins nouvelles) sur la scène des Trois Baudets hier soir. La dernière fois que je l’avais vue, c’était lors de sa participation aux Rencontres Matthieu-Côte, en 2019, alors que je faisais partie du jury. Elle avait remporté quelques programmations méritées, mais pour ma part, sans nier ses qualités, je n’avais pas franchement été séduit par la proposition, et les textes m’avaient laissé à la porte de son monde.

Marion Roch © David Desreumaux

Je n’affirmerai pas que nous avons assisté hier soir à une métamorphose radicale, mais tout du moins à une très nette évolution, à une inclinaison heureuse de la matrice. Marion Roch reste ancrée dans une veine slam mâtinée de rap, bien accompagnée par un beatboxer de talent et un bassiste qui groove de ouf, mais à présent, par moments, elle délaisse la déclamation pour chanter, et précisons qu’elle chante fort et bien. Fort bien. Ajoutons à cela une belle énergie et une très belle occupation du plateau. Aussi, ses quelques interventions à l’adresse du public, distillées avec une petite pointe d’humour ne sont pas sans rappeler les petits baratins scéniques de Renaud, celui-là même qui est récemment devenu son co-producteur.

Marion Roch © David Desreumaux

Musicalement, les nouvelles chansons prennent parfois des couleurs exotiques plaisantes, balancent sur des rythmes chaloupés qui mêlées aux sonorités urbaines donnent un effet aussi surprenant qu’agréable. Sur le plan textuel, si pour ma part je n’adhère toujours pas aux titres rageusement égocentrés, entre nombril et divorce, j’ai cependant noté avec plaisir un élargissement des thématiques, un élargissement des plus profitables. Ainsi, « Achille », cette chanson qui raconte un enfant « qui pleure quand il est content », belle chanson, simple dans son écriture mais forte dans le don de soi, relatant une histoire qui s’ouvre sur le monde, qui s’ouvre au monde. C’est là que l’on attend Marion, dans le fait de sublimer les destins incertains, c’est là que l’on souhaiterait la voir placer sa sensibilité exacerbée. C’est là qu’elle prendra définitivement l’avantage, et nous allons la suivre.

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