Voilà déjà dix-huit ans et sept albums studio que Vincent Delerm distille ses chansons mélancoliques et décalées. Les années passant, les cheveux ont blanchi, la voix s’est affirmée, et ce personnage singulier est discrètement devenu un artiste majeur de la chanson francophone.
Son dernier opus, Panorama, ne révolutionne pas l’univers delermien car on retrouve ici tous les éléments qui constituent son identité artistique : le sens aiguisé du détail, une habileté rare à capter l’instant et à retranscrire une sensation ou une image, et de nombreuses références au cinéma dont le sublime titre-hommage Vie Varda : « Si on peut vivre une vie Varda / Marcher sur le sable comme ça / Faire une vie hors compétition… » Il n’est pour autant pas question de réchauffé, car Vincent Delerm, toujours inventif et audacieux, a souhaité confier la réalisation de chacun des dix titres de l’album à des artistes (et amis) différents. On citera entre autres les collaborations de Keren Ann, Yael Naim ou du Canadien Rufus Wainwright avec qui il chante en duo Les enfants pâles. Le pari est réussi, et il en résulte un disque intime, coloré et particulièrement élégant que l’on écoute avec une tendre nostalgie comme on feuilletterait un vieil album photo : « Les amours les photographies / La vie passe et j’en fais partie. »
Marion Ferfoglia
- Vincent Delerm
- Panorama
- tôt ou tard – 2019
- Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.