Guilam – Station debout

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Guilam ©David Desreumaux - Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l'auteur

La chanson a toujours occupé une place de choix dans la vie de Guilam. Sa mère, née dans les Deux-Sèvres en milieu rural, dans une famille de quatorze enfants, passait ses soirées à chanter Aznavour, Charles Dumont ou Piaf. C’est au moment où il crée en 2012, à la demande de Claude Fèvre, un spectacle autour du thème de l’enfance pour le Printemps des Poètes, que Guilam se rend compte à quel point ses souvenirs ont tous été marqués par des références à la chanson. En fac à Nantes, il découvre l’intégrale de Brel à la médiathèque, Brassens en apprenant la guitare, et William Sheller, Romain Didier, tous ces artistes qui le nourrissent encore aujourd’hui. S’il écoute également beaucoup de folk, il confesse une inclination particulière pour la chanson québécoise : Fred Pellerin ou Louis-Jean Cormier, sans oublier Pierre Lapointe dont il est un fan inconditionnel. Quant à Francis Cabrel, il admire son parcours, tout en discrétion, cohérence et intégrité. Il participera d’ailleurs aux Rencontres d’Astaffort, puis effectuera un stage d’écriture sous la bienveillante attention d’Anne Sylvestre.

Un peu de piano, de sport, et un diplôme d’enseignant en poche, c’est à la guitare qu’il s’emploie à reprendre des standards folk, anglo-saxons pour la plupart (Dylan, Simon & Garfunkel…) pendant une dizaine d’années environ. L’écriture des premiers textes vient vers la trentaine. S’ensuit le parcours ordinaire de l’artiste en devenir : petits concerts, concours et tremplins de toutes sortes. Son premier disque, Les gens importants, en 2007, lui permet de s’affirmer aux yeux des autres comme un artiste à part entière, et non plus comme un instit’ musicien du dimanche. Puis vient Hasards en 2009 qui donne l’occasion à Fred Hidalgo de lui consacrer un article élogieux dans la revue Chorus aujourd’hui disparue, attirant sur lui l’attention.

Certes, son ambition n’a jamais été de remplir des Zéniths ou de passer à la télévision. Il envisage la chanson comme un don en direction des autres, comme le disait Étienne Roda-Gil par la voix de Julien Clerc : « Je veux être utile à vivre et à chanter. » Vivre de son métier, ne compter sur personne d’autre que soi-même, résister à l’indifférence de certains, mais surtout rencontrer et échanger. Il considère ainsi que les concerts en appartement qu’il donne depuis trois ans ici ou là sont les meilleurs qu’il ait jamais donnés. Ils lui permettent de gagner en confiance dans sa faculté de créer, de légitimer son travail, comme un défi toujours renouvelé. Pour continuer à avancer, Debout, comme le titre de son nouvel album.

Philippe Kapp


    • Portrait paru dans le numéro 14 de la revue Hexagone.

    Photo : Guilam
    ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur

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