Mine de rien, l’air de ne pas y toucher, Coline Malice construit doucement, chanson après chanson, disque après disque, quelque chose qui pourrait bien ressembler à une œuvre dont ce nouvel album – le sixième – serait le pilier de la sagesse. Écoutez donc La petite voix pleine de malice de Coline, pétillante et gouailleuse, lancinante et râleuse, plus que jamais enivrante et amoureuse. Écoutez-la tracer, en neuf titres bien trop courts, le constat parfois amer d’une société désabusée et la très belle esquisse d’un monde amélioré. Avec une agréable fraîcheur de ton et d’expression, elle n’oublie cependant pas de dénoncer nos compromissions, nos petites lâchetés quotidiennes (Et toi) ou de lancer un appel émouvant, portée par une tendre et imparable mélodie jazzy (Aimez-moi). Ses vers pleins de verve à la verdeur vivifiante sont toujours soutenus par son fidèle accordéon diatonique, boîte à frissons épidermiques, mais savent se faire plus légers et drôles comme avec L’emmerdeuse du second rang qui, gageons-le, rappellera des souvenirs à bien des artistes. Ses mots se font aussi poignants lorsque le très beau Clandestine nous emmène « là où l’histoire vous assassine […], là où on cherche tous une colline ». Ne cherchez plus, vous l’avez trouvée.
Patrick Engel
- Coline Malice
- Esquisse d’un monde amélioré
- autoproduit – 2019
- Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.