Les Coups de pousses du festival Détours de Chant 2020

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Chaque année, Les Coups de Pousses du festival Détours de Chant, mettent en lumière cinq artistes régionaux, cinq pousses prometteuses. Chaque artiste dispose de quarante minutes, devant une salle remplie de diffuseurs et de passionés. Ce 1er février au Bijou à Toulouse, nous avons pu apprécier l’éclectisme des propositions et des styles.

En premier, Corentin Grellier, habitué de la salle du Bijou, vient nous raconter ses « histoires d’intimité » en solo. Il fait sonner les mots (« j’ai du cœur à l’orage et du corps à l’orgasme ») dans des textes où la douleur et l’absence sont présents, avec une volonté  de musicalité dans les mélodies et le jeu de guitare. Il intercale un texte, Tout se mélange, caractéristique de son propos « Et si je pousse un râle un jour de Carnaval c’est que joie et douleur se mélangent ». Il finit par Où est-ce que ça s’en va (l’amour) ? dont le public reprend naturellement le refrain sans y avoir été poussé par l’artiste. Emotion et intensité.

HYL – on prononce chaque lettre séparément – c’est un artiste qui joue, tour à tour, trois rappeurs, personnages singuliers, avec chacun son « costume de scène ».  « Suspension » costume sombre, rappe des textes poignants, avec une voix rappelant Grand Corps Malade, le piano en accompagnement musical, il interprète notamment Bruits (prix d’écriture Claude Nougaro 2019). « Exclamation » diffuse de la bonne humeur et arpente la scène sans arrêt. « Interrogation » au flow rageur, incarne la rébellion. Ces deux personnages ont un débit ultra-rapide limitant la compréhension. HYL interagit fortement avec le public, qu’il fait chanter, crier et se lever. Avec son acolyte aux platines, cet artiste de scène, délivre une prestation originale et inventive, entre rap chanson et spectacle théâtralisé, dont nous aurions aimé comprendre les textes.

Les sœurs du duo Soleynia nous font voyager avec leur « chanson arabisante », dans une prestation plus spectacle que récital. En costume de scène, elles chantent en français – parfois en enchaînant deux langues -, s’échangent guitare et cajon, dansent, marquent le rythme sur le daf, Leïla l’ainée jouant aussi de la harpe celtique. Elles finissent en reprenant, Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre. Avec un incontestable talent vocal, elles accompagnent leur prestation d’effets de voix, de gestes (dont les mouvements de bras chorégraphiques de Sonia). Originalité et dépaysement.

Auteur à la plume bien trempée et pianiste aux mélodies sautillantes, Pierre Antoine homme de scène portant bretelles, chante la vie dans ce qu’elle a d’aimable et de douloureuse. Ex-lyonnais, il lit en ouverture un texte de Jean-Marc Le Bihan disparu récemment, rend hommage au Tarn sa nouvelle « maison » (Vent d’ouest), cite Leprest dans Chanteur, et évoque d’autres pianistes-chanteurs comme Paolo Conte et Manu Galure. Chanson « classique » et talent.

En cloture, la chanson pop-électro Suzanne Léo, avec claviers et machine, a partagé le public avec des textes peut-être un peu hermétiques, et une prestation semblant moins rôdée que les précédentes.

Un jury d’élèves d’une 1ère option musique du Lycée St Sernin, choisit le lauréat programmé au festival l’an prochain : Pierre Antoine succéde à Matéo Langlois. Nous suivrons ces « pousses », impatients de découvrir les fruits et fleurs générés.


Photo de une : Pierre Antoine par Clémentine C

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