Rétrospective Barjac m’en chante 2019 – 6/6

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Les Fouteurs de joie ©David Desreumaux - Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l'auteur

BARJAC M’EN CHANTE

Jeudi 1er août 2019

Aron’C ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur

Au matin du 1er août, cette vingt-cinquième édition de Barjac m’en chante vit son dernier jour. Elle a déjà tenu toutes ses promesses et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos plaisirs. L’après-midi, Mélanie Arnal joue sa Fille allumette sous le chapiteau. Une forme de chanson traditionnelle plutôt bien faite mais laissant un goût de déjà-vu. Puis c’est le régional de l’étape Aron’C, duo formé d’Aron et de Tom, qui chevauche la scène. Nous leur avons trouvé une belle énergie, une grande générosité et un capital sympathie énorme. Ces deux compères ont rechargé nos batteries pour le reste de la journée. Pour tout bagage, une chanson mâtinée de pop et de rock, abordant divers sujets, sans hésiter à mettre les mains dans le cambouis. Comme cet Intermittent qui vaut au public la présence sur scène de Liz Van Deuq, Garance et Franck Halimi. Un moment très agréable.

Lili Cros & Thierry Cros ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur

Vient donc le dernier soir. Ils avaient été présents durant toute la semaine pour voir et soutenir les amis et les collègues. On croisait leurs sourires à tous les concerts. Eux, Lili Cros & Thierry Chazelle, avaient pour mission d’ouvrir cette soirée de clôture. Cela fait maintenant quelques centaines de dates qu’ils tournent avec ce spectacle, Peau neuve. Autant dire que celui-ci est bien rodé et que les deux artistes le déroulent comme papier à musique. Peut-on placer un spectacle que l’on a déjà vu et adoré parmi ses coups de cœur ? Probablement pas, mais toujours est-il que le plaisir reste intact devant tant de maîtrise et de subtilité de la part des deux protagonistes. Il est l’humour, elle est la voix, ils sont complémentaires et se connaissent par cœur. Thierry et Lili jouent à merveille des atouts de l’une et de l’autre, et ficellent une perle de spectacle où là encore la chanson le dispute aux arts visuels, usant parfois même de ressorts clownesques. On y croise un type qui se prend pour un chien (I’m a dog), un Client de l’Erotika ou encore Clint Eastwood. Mais au final, Tout va bien.

Les Fouteurs de joie ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur

Difficile de passer après ces deux-là. Qui plus est pour mettre un terme à l’épisode 2019 du festival. Alors qui mieux que Les Fouteurs de Joie pour relever le défi ? Là encore, nous les avions déjà vus sur scène et avons rapporté tout le bien que nous pensons de ce spectacle magistral intitulé Des étoiles et des idiots. Terminer dans l’allégresse, c’était le pari des organisateurs et celui-ci est gagné haut la main. Encore un spectacle où la chanson est servie par le théâtre et inversement, où la danse s’invite régulièrement (Tom Poisson spectaculaire dans ses sauts tourbillonnants), où les arts du cirque et du clown sont utilisés avec maestria : phénomène d’hybridation salutaire. Laurent Madiot joue du comique de répétition de façon absolument hilarante, faisant hurler de rire l’assistance. Fouteurs de joie, ils le sont. Cela pourrait suffire à notre bonheur, mais là où ces cinq garçons (Laurent Madiot, Tom Poisson, Nicolas Ducron, Alexandre Léauthaud et Christophe Dorémus) sont très forts, c’est qu’ils ne se limitent pas à la gaudriole. Le rire certes est le propre de l’homme, mais en user pour porter un regard aigu sur le monde relève d’un véritable talent. On parle ici de chômeurs qui triment, de réchauffement climatique, d’une société qui part en déliquescence sans personne pour appuyer sur le bouton stop. Alors l’humour, forcément, l’humour est là pour nous tenir amarré, pour continuer à danser sur ce volcan, et même pour accepter que les amours capotent à l’étal d’une baraque à frites… Bouleversant Nicolas Ducron. Comme chez Lili Cros et Thierry Chazelle, ce spectacle déjà joué à de nombreuses reprises est réglé comme du papier à musique. Carré, précis, porté par des artistes aussi bons comédiens que musiciens, un véritable régal pour une fin de festival des plus réussies.

L’édition 2020 du festival Barjac m’en chante se déroulera du 25 au 30 juillet 2020.

David Desreumaux


 

 

Reportage paru dans le numéro 13 de la revue Hexagone.


Photos ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur  


Les souffleurs de vers : Laurence Keel & Jonathan Mathis ©David Desreumaux – Reproduction & utilisation interdites sans autorisation de l’auteur

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