Lupanar chic est un album rock classieux proposé par Thomas Breinert. Auteur-compositeur-interprète de treize des chansons qui le composent, il reprend élégamment, pour la quatorzième, L’eau à la bouche de Serge Gainsbourg.
Dans cet opus, les femmes sont omniprésentes : Anna, Venus ou encore Valentine. Thomas Breinert leur rend hommage au travers de textes profonds, drôles et bien ficelés. Dans Toxique, c’est la femme envoûtante, sensuelle et un peu sorcière, la femme paradoxale. L’infirmière de Frankenstein, chant d’amour aux sonorités électro pour Alice qui le soigne, donne lieu à un duo avec Vincent Delerm, ancien compère au sein du trio Tristes Sires.
On retrouve dans cet album des intonations proches de celles de Bashung, et on n’a aucun mal à se projeter dans une ambiance enfumée, verre à la main, pour écouter ce Lupanar chic qui déroule une succession de morceaux dansants et mélancoliques. Les styles musicaux se croisent – et se chevauchent aussi parfois –, Thomas Breinert s’appropriant chacun pour le faire sien. Il raconte des histoires universelles écrites de manière poétique, avec une certaine distinction. Même lorsqu’il se fait plus piquant, égratignant les femmes intéressées (Kopeck), Thomas Breinert garde cette image de dandy. Le mélancolique Vagabonds ajoute une touche d’émotion, par ses interrogations universelles sur la condition humaine.
Lupanar chic donne simplement envie de poursuivre l’écoute en version concert, afin de voir cet album prendre toute sa consistance dans sa dimension rock.
Malorie d’Emmanuele
Thomas Breinert
Lupanar chic
Klousky & co – 2019
Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.