Jean Mouchès et Alain Sourigues, deux artistes landais amateurs de jeux de mots et d’aphorismes, se sont associés pour créer l’ARC : l’Atelier de Réparation de Chansons. Au cours du spectacle, élaboré en commun, ils s’occupent à leur manière de l’entretien courant et de la remise sur pied de la chanson nécessiteuse. C’est original et jubilatoire, drôle et intelligent. Laissons-leur ensemble, au cours d’un entretien d’avant concert, évoquer l’ARC.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Alain Sourigues : On se connaît depuis longtemps, depuis les années 86 ou 87. J’étais fan de l’artiste Jean Mouchès avant de le connaître vraiment. Ensuite, j’ai commencé à chanter, j’ai fait une première partie de Jean, nous sommes devenus copains puis amis.
Et comment en êtes-vous venus à l’ARC ?
Jean Mouchès : Lors de cette première partie d’Alain j’avais été tout à fait séduit. Et depuis nous n’avons pas raté une occasion de jouer ensemble quand cela se présentait même si nous suivions chacun notre route. Un spectacle m’a été proposé dans un village landais avec comme principe de faire des duos. Avec Alain on a travaillé sur l’adaptation en langue des signes d’Amsterdam. Cela a plu tout de suite. Ce sera la première chanson et le germe du spectacle de l’ARC. A partir de là, le spectacle s’est construit avec cette idée que l’on réparait des chansons. Le spectacle est né il y a quatre ans, il existe sous une forme chantable et stable, sur une durée correcte, depuis deux trois ans.
Quel était votre objectif avec ce spectacle ?
Alain : L’objectif c’était déconner !
Jean : Franchement ? S’amuser. C’est une cour de récréation. Un espace de liberté.
Quand on écoute vos répertoires personnels, on ressent que l’humour, sous une forme différente, est important ?
Alain : Oui, même si nous sommes différents dans l’écriture, nous avons un fonds commun, un goût pour l’humour, pour la dérision, pour le pastiche.
Jean : Pour ce qui est iconoclaste, l’Oulipo, pour une façon de travailler qui déclenche la créativité en s’amusant.
Une volonté de faire rire, mais pas à tout prix ?
Alain : Comme Amsterdam avait bien marché, nous sommes partis dans cette direction de faire rire. Mais avec un certain niveau d’exigence.
Jean : Nous nous sommes dit qu’on ne voulait jamais tomber trop bas. On veut jouer sur toute la gamme d’humour possible, en évitant le bas de gamme. On essaie d’avoir de l’humour visuel, immédiat. On ne se prive pas de faire simple si cela reste digne.
Même si votre spectacle déclenche un enthousiasme important, certains ont pu être « choqués » par votre « réparation » de l’Aigle Noir de Barbara…
Alain : Tous les goûts sont dans la nature, et on peut ne pas aimer. Nous, suivant une des expressions favorites de Jean, « on met des moustaches à la Joconde ». On fait du pastiche, de la parodie. Mais cela suppose un respect de l’oeuvre initiale.
Jean : Quel intérêt d’aller abîmer une chanson que personne ne connaît ou ne respecte ? Nous sommes « fans » de Barbara, Brassens, des artistes que l’on asticote. Si l’on abîme ou si l’on essaie de réparer lamentablement leurs chansons, c’est parce qu’on les connait et qu’on les aime.
Vous pratiquez également, ce que j’avais découvert avec Raymond Devos, une sorte de fil rouge avec un gag utilisé au début du spectacle et qui revient plusieurs fois, créant ainsi une connivence avec le public.
Alain : Oui une sorte de « running gag » pour parler français. Sur Les merveilles et l’Autobus S. cela s’est construit petit à petit. Cela donne un fil rouge, un jalon, un ressort comique où les gens se rendent compte que la chute ramène au début du spectacle.
Jean : C’est la caractéristique d’un spectacle écrit, de l’ordre du théâtral avec un scénario. Ce n’est pas un récital.
Et la répartition des rôles entre vous, elle s’est faite comment ?
Alain : Cela s’est fait naturellement. Sans préméditation.
Jean : J’ai forcé ma nature car il a fallu se mettre un peu au niveau de cet escogriffe d’Alain qui bouge, qui danse, qui saute. Je suis beaucoup plus discret. Cela donne aussi un effet clown blanc et Auguste.
Qu’avez-vous envie d’ajouter pour finir ?
Jean : Oh juste que ce spectacle-là m’a redonné une envie de la scène, un élan que j’avais perdu. Et aussi, qu’hier on jouait dans un petit lieu avec un public vraiment de 7 à 77 ans, des enfants et des adolescents, ce qui n’est pas souvent le cas en chanson française. Le spectacle a bien fonctionné. Ensuite, en parlant avec des 15-25 ans, nous avons été surpris par leur appétence, leur goût pour la chanson à texte. L’Atelier de Réparation de Chanson peut aussi être une porte d’entrée.
Alain : C’est une entrée, un peu faussée car nous triturons les chansons. Mais cela peut donner envie d’aller voir la source, les originaux.
L’ARC – Atelier de Réparation de Chansons – Mouchès et Sourigues – Propos recueillis en mai 2109 au Festival Dimey
[…] Sourigues est le créateur, avec Jean Mouchès, d’un inénarrable Atelier de Réparation de Chansons, que nous avions eu la joie d’accueillir à Amou en 2018. […]