Lorsqu’en 2016 Baptiste W. Hamon sort son premier album, cela fait quelque temps déjà que cet ingénieur de formation, aujourd’hui trentenaire, a raccroché les crampons pour se jeter dans L’insouciance de la vie de saltimbanque. Trop à l’étroit dans son bureau de La Défense, Baptiste Hamon a l’âme ailleurs, dans les plaines du far west, comme l’aurait chanté Yves Montand. Sauf que ses idoles à lui, Baptiste, s’appellent Townes Van Zandt, Hank Williams ou encore Johnny Cash. Pas étonnant alors que ce premier opus campe furieusement en terre country folk et se rassasie de grands espaces.
Baptiste W. Hamon aurait très bien pu répéter la recette – d’aucuns mènent carrière sans jamais changer un iota de ce qui les a faits. Lui a décidé d’aller là où on ne l’attendait pas exactement. Ce nouvel album, Soleil, soleil bleu, sans trahir la cause du folk-rock américain, décline sa géographie, prend la contre-allée et inhale d’autres contrées musicales teintées de pop (Je brûle) et d’électro à doses soutenables (Bloody Mary).
L’americana forme toujours l’ADN de Baptiste mais ici, peut-être plus que précédemment, transparaît sa culture chanson française. Du titre éponyme (clin d’œil à Pink moon de Nick Drake) nous parvient presque le timbre d’Yves Simon. Hervé, douloureuse et superbe, s’offre l’apparition de Christophe Miossec. Je brûle, J’aimerais tant que tu reviennes ou Comme on est bien, mélancoliques, rappellent le goût d’Hamon pour la poésie de Jacques Bertin, alors que l’album se clôt sur un hommage aux victimes du Bataclan (Le visage des anges). Finalement très français, ce folkeux !
David Desreumaux
Baptiste W. Hamon
Soleil, soleil bleu
BMG – 2019
Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.