Claire Diterzi garde le chien… et l’orchestre

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1988

On connaît le goût du risque de Claire Diterzi, qui revendique n’appartenir à aucune case. Je garde le chien… et l’orchestre en est, s’il le faut, une nouvelle preuve puisque ce spectacle –  une commande de l’Opéra de Tours – revisite son répertoire sous forme symphonique. Une façon pour Claire Diterzi de faire tomber un peu plus les barrières entre musiques savante et populaire. Assistée du metteur en scène Fred Hocké et de l’arrangeur et chef d’orchestre Sylvain Griotto, elle propose ici dix-sept morceaux choisis de son répertoire, piochant dans les chansons les plus anciennes (Mal aux yeux, album Dit Terzi, 2000) comme les plus récentes (Stabat nature dolorosa, extrait de son dernier spectacle L’arbre en poche).

Aux Nuits de Fourvière, c’est accompagnée par l’orchestre du conservatoire de Lyon qu’elle présente son spectacle, dans l’écrin de l’Odéon, théâtre antique à taille humaine doté d’une vue imprenable sur la ville. Après que les musiciens ont longuement accordé leurs instruments, soumis à rude épreuve en ce soir de canicule, Claire Diterzi prend place devant le micro sans son instrument fétiche, la guitare électrique. Le concert commence par L’odalisque, chanson dynamique qui ouvre l’album Tableau de chasse, pour enchaîner avec Infidèle, issu de l’album précédent, Boucle. Figurent aussi dans cette sorte de best of diterziesque deux autres chansons de Tableau de chasse, quatre tirées de l’album-concept Rosa la rouge, deux de 69 battements par minute, trois de l’album né de son séjour à la villa Médicis Le salon des refusées (dont une délicieuse version a cappella de La précieuse avec la complicité des choristes Mood et Nadia Simon), ainsi que Je danse dans ta bouche, martiale valse à sept temps composée pour Iris, spectacle du chorégraphe Philippe Decouflé.

Le panorama est complet, une belle façon de découvrir Claire Diterzi pour les spectateurs néophytes et une occasion de réviser ses classiques pour les plus aguerris. Les moments en tutti alternent avec des bulles plus intimes, les arrangements sont fidèles aux originaux tout en proposant une inventive relecture de certains titres. Les entre-morceaux, notamment, sont travaillés de façon que les chansons s’enchaînent par des ponts instrumentaux fluides, dévoilant toute la palette orchestrale. Mais surtout, Claire Diterzi est impressionnante par sa prestation vocale, qui résume à elle seule son parcours. Des chœurs bulgares de Tableau de chasse au lyrisme aérien de L’arbre en poche en passant par la lecture de la correspondance de Rosa Luxembourg, elle effectue le grand écart vocal avec brio. Audace, musicalité, humour : Claire Diterzi, fidèle à elle-même, réussit là où on ne l’attend pas. Alors quand elle lâche un « désolée, j’ai merdé » après avoir oublié un départ, on lui pardonne volontiers.

Karviet Darine


 

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