Mathieu Barbances – Tout contre

1
2216

Il en faut du courage et de la patience à qui entre discrètement en chanson avec sa contrebasse et la seule force de sa sympathie ! Mathieu Barbances, on le croise ici et là. Discret bonhomme. Blagueur s’il faut être blagueur, sérieux quand il faut l’être, mystérieux sur son art, affable sur un plateau. Il vient de faire paraître son premier album, Tout contre. Sous une pochette dont on voit bien qu’elle n’a pas été produite par le cabinet de consulting en artwork d’une major, un cœur gros comme ça. Après des années au sein de la compagnie Jolie Môme, le bougre a le savoir-capter : expert ès convictions politiques lancées en plein théâtre de rue, il reste empreint des espérances rouge révolution de ladite compagnie. L’air de rien, derrière des chansons sans prétention, un discours se fait jour, jamais moralisateur ; tour à tour narquois et tendre, fustigeant les mots phallocrates (Pom, pom, pom, pom), apostrophant les convictions d’antan (Fils de coco) ou encore les fraternités choisies (Ma bande). Le discours passe également par la musique : jazzy, swing, douce, des cuivres tonitruants rappelant le bon temps où Miles Davis et Juliette Gréco se tenant la main donnaient foi en l’humanité. Mathieu s’illustre également par des textes parlés-chantés, sortes de monologues très nouveau roman : Autour du monde, Pas trop penser, mais surtout La balade, « Il ne peut pas être heureux », a des airs de La modification de Michel Butor. Tout contre, autoportrait en creux de son auteur, un chic type concerné par les problématiques du temps.

Flavie Girbal


Mathieu Barbances
Tout contre
Tout contre – 2019

Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.


1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici