Après avoir prêté sa plume à plusieurs jeunes artistes, le Niçois Julien Bensenior, alias Bensé, est de retour avec un troisième album. L’odyssée boucle, dit-il, la trilogie entamée en 2008 avec Album et poursuivie en 2014 avec Le printemps. Le fil conducteur de ce cycle lui permet de mêler à ses mots références philosophiques et littéraires. Dans cet opus, il convoque quelques-uns de ses maîtres à penser : Nietzsche, Camus, Spinoza… Mais si le verbe est riche et dense, le voyage musical au long de ces dix titres se fait doux et planant grâce aux sonorités légères qui alternent astucieusement titres folk et morceaux plus électroniques. En multi-instrumentiste talentueux, Bensé orchestre et arrange de façon complexe toutes ses compositions faites de guitares acoustiques, de basses, d’harmonica, de claviers et de boîtes à rythmes. Le mixage a tout de même été confié à Yann Arnaud, comme pour le premier opus. Si Claire dans le noir n’est pas sans rappeler Cassandre, l’ensemble paraît plus sombre et moins spontané que précédemment. On perçoit que l’homme a pris de l’âge et que la paternité lui intime de transmettre une sagesse acquise au fil des années et des voyages. Il évoque ainsi tour à tour l’acceptation de la condition humaine (L’odyssée), un destin tragique (La vérité), ou le nécessaire retour en terre natale (Poggio). Un disque à contre-courant, exigeant et contemplatif, à écouter au calme afin d’en saisir toutes les subtilités minutieusement cryptées glissées ici et là, et prendre le temps de les méditer.
Dora Balagny
Julien Bensé
L’Odyssée
Diyordie playing – 07/12/2018
Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.