Le festival offre une belle soirée d’ouverture ce 2 juillet, avec deux spectacles marquants : Yves Jamait, généreux en scène comme à son habitude, déroule Mon totem, dans une version raccourcie, puis Les 50 ans du Métèque. Cette chanson symbole de l’œuvre de Georges Moustaki se révèle joli prétexte à un spectacle concocté par Pia Moustaki, sa fille, autour d’une dizaine d’invités accompagnés des quatre musiciens de Moustaki, habillés en blanc – Toninho do Carmo (guitares), Luiz-Augusto Cavani (batterie) Rodrigue Fernandes (claviers, accordéon), Marc Madoré (basse) – jouant aussi bien les chansons de Jo que les titres personnels des invités du soir. Ensuite, on projette la pochette du Métèque puis, à chaque nouvel artiste, un dessin de Moustaki, joli et poétique, évoquant les femmes. La liste d’invités se veut éclectique, composée d’artistes multi-générationnels qui ont eu des liens différents avec « le pâtre grec » : Maria-Teresa Ferreira, Gauvain Sers, Souad Massi, Yves Jamait, Catherine Le Forestier, Cali, La Pietà, Mouss et Hakim. Chaque invité chante une à trois chansons de Moustaki illustrant ainsi l’amoureux de la vie et de la liberté, et aussi le sens de la révolte du « juif errant ». Nilda Fernandez était prévu comme invité. Décédé depuis, un hommage lui est rendu sous la forme d’une vidéo montrant Moustaki puis Fernandez parlant l’un de l’autre, puis les deux chantant ensemble.
La soirée invite à quelques très beaux moments. Peut-être le plus marquant restera une lumineuse et émouvante Catherine Leforestier, au grand sourire, parlant de son Jo et le chantant par trois fois : le sensuel Pays de ton corps, l’humaniste Déclaration (« Je déclare l’état de bonheur permanent ») et l’indémodable Le temps de vivre. Jamait nous fera entendre la magnifique Ce soir mon amour, et sublimera Grand-Père. La Pietà, peut-être une présence surprise pour certains, explique qu’elle a beaucoup écouté Moustaki, son père étant admirateur et que peu de temps avant sa mort il lui chanta Nous voulions, titre inconnu qu’elle reprend sur scène ce soir-là. Puis elle impressionna le public interprétant son titre La salle d’attente : une belle découverte pour beaucoup. Gauvain Sers fait un joli choix avec la politique Chanson cri puis Les amis de Georges qui s’applique désormais aussi bien à Brassens qu’à Moustaki. Ces artistes n’ont pas eu besoin d’un recours au texte et c’est le moins qu’on puisse attendre au cours d’une soirée hommage. Pia Moustaki, présentatrice, chante également un touchant Sur un air de ressemblance. En fin de soirée, Mouss et Hakim viennent, comme toujours, mettre l’ambiance et faire participer les spectateurs. Et on finit en beauté, avec un joli partage entre public et artistes, sur Le métèque dont le texte est projeté. Nous avons vraiment vécu une grande et mémorable soirée, où on se surprend à chanter les textes de Moustaki, où on découvre deux ou trois chansons non connues et qui nous donnent envie de réécouter l’œuvre du « maraudeur » et de prendre « le temps de vivre / d’être libre ».
Photo de une : Pia Moustaki – ©David Desreumaux – Reproduction interdite