Antoine Sahler

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1997

Le visage d’un poupon d’antan, la silhouette indolente, Antoine Sahler fait paraître un presque premier album. En solo sur les planches au début des années 2000, le garçon s’est fait discret depuis, travaillant pour d’autres en sous-main, spécialement aux côtés de François Morel. Antoine Sahler revient donc seul, fort d’une expérience de la scène et de l’écriture, avec un album particulièrement réussi à la construction étonnante : six plages loufoques plus quatorze titres, dont deux magnifiques cantiques à la chanson, comme l’artiste les affectionne : J’en ai plein, En morceaux. Tout chante en son ouvrage, et même les pianos !

Musicalement, le garçon s’éloigne des caf’ conc’ pour proposer une chanson pop sans douleur, produite, esthète, légère et malicieuse. Faisant état, tout en délicatesse, d’une crise existentielle lucide – comme ce titre sautillant bien que programmatique, Et à la fin : « on meurt » –, Antoine Sahler égraine, l’air de rien, les thèmes qui nous hantent : ça fait quoi de vieillir ? (Sénescence), pourquoi a-t-on peur de s’engager ? (Ton prétendant), parent divorcé, est-ce grave ? (Semaine B), survit-on à la ville ? (D’ailleurs), c’est quand la décroissance ? (Merci merci). Autant de tubes en puissance qui ne manqueront pas de vous toucher l’âme. Ne souhaitant pas se prendre pour le capitaine du Titanic, Antoine Sahler annonce la vieillesse, ce naufrage qu’il faut regarder en face, ou peut-être espérer ; comme dans Leur amour perdure, où un couple espionne des amoureux hors d’âge. Et si chanter, comme philosopher, c’était apprendre à mourir ?

Flavie Girbal


Antoine Sahler
Antoine Sahler
Le Furieux  – Février 2019

Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.


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