Dominique Babilotte est un artiste rare du point de vue discographique ; premier 45-tours en 1981, un 33-tours en 1985, des sorties CD espacées en 2002, 2011, 2014 et, tout récemment, La promesse d’un baiser.
L’album est en tout point soigné, présenté dans un écrin splendide ; beau papier cartonné arborant une très belle illustration, Le baiser de Jean-Yves Le Bon. On y constate le goût de la belle ouvrage dans les moindres détails, une œuvre d’artisan qui a pensé l’album jusque dans les plus minces interstices.
Auteur et compositeur des onze morceaux – hormis 11 novembre 9h32 (paroles de Manuel Bonneau) et On l’aura voulu (musique de Louis Soler) – Babilotte chante en philosophe qui s’ignore, avec la sagesse comme seul guide de son engagement citoyen. On l’aura voulu énumère les aberrations d’une société déréglée qui veut tout et son contraire, et s’automutile sans s’en rendre compte : « On l’aura voulu une vie si pratique, on l’aura voulu l’océan de plastique. » Engagement et prise de conscience, questionnement sur ce monde quand les cinq sens dysfonctionnent, c’est le propos de Que murmurent les chevaux ?, qui mise autant sur l’espoir que sur le pouvoir des chansons, notamment celles d’Anne Sylvestre. Car La promesse d’un baiser est aussi un album d’hommages, à l’enfance (Je te salue l’enfance), à l’amour (L’eau de vie), à Barbosa le gardien de but brésilien honni après le but encaissé en finale du Mondial 1950. Dominique Babilotte chante l’humaine condition, jamais en donneur de leçon mais avec empathie, comme un hymne à la saine mélancolie.
David Desreumaux
Dominique Babilotte
La promesse d’un baiser
autoproduction – 13/10/2018
Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.