Concèze, jour 2. Fromage et dessert

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Photo David Desreumaux - Reproduction et utilisation interdites sans l'autorisation de l'auteur

Pour ce second jour du Festival Déc’OUVRIR de Concèze, dimanche 14 août 2016, gens du pays de Pompadour et festivaliers ont été bien servis. C’était fromage et dessert au menu ! C’est une image, je ne veux pas dire qu’il y a des artistes-fromages et des artistes-tartes, j’ai un peu plus d’éducation quand même ! Non, le programme était doublé et d’une qualité réjouissante.

Dans l’après-midi, à Juillac, le dispositif « De proche en proche », organisé en partenariat avec la commune de Juillac et la SACEM a permis de faire la rencontre – pour celles et ceux qui ne les connaissaient pas – de deux chanteurs et deux comédiens (pour une carte blanche poétique). C’est au demeurant en poésie que l’après-midi, présenté par Matthias Vincent, a débuté. La comédienne Julie Bernard venant lire une sélection de poèmes de son choix. Jacques Prévert, Constantin Cavafy et Achille Chavée notamment sont dit joliment pour la jeune Belge.

Puis, dans un autre registre, le facétieux mais néanmoins fraternel Manu Lods vient chanter deux grosses poignées de chansons. Des belles et pas des moindres. La casquette solidement vissée sur le chef, il s’assure l’adhésion du public sur Le pigeon du 11 janvier, Y a plusieurs vies et Coup de vieux, notamment, en dédicace à son jeune bassiste. Sur Samuel, le ton se fait plus sombre et l’on découvre une autre facette de l’écriture de Manu Lods : profonde, poignante, indispensable comme un devoir de mémoire.

Arrive le tour de Pierre Aussedat. Je dois avouer que je ne savais pas à quoi m’attendre. Le CV de ce comédien est, certes, impressionnant mais il nous arrive parfois de n’être pas sensibles là où d’autres le sont. Avec Pierre Aussedat, difficile de n’être pas séduit. Pour tout choix, un texte unique, Namouna, un long conte versifié d’Alfred de Musset. Splendide. Aussedat, à sa diction parfaite ajoute le geste simple mais efficace. Un métier, une maîtrise étonnants. Les vers défilent, coulent comme une eau claire et limpide pour dire les questionnements romantiques où la passion et le destin s’affrontent.

Le dernier à passer dans la salle de Juillac est Presque Oui. On a baissé les stores, l’ambiance se fait un tant soit peu plus intimiste et Presque Oui peut offrir cette généreuse guirlande de chansons. Celui-ci aussi, hexagonaute, tu n’ignores plus à quel point il caracole au sommet de notre box-office ! Garçon d’une gentillesse rare, Thibaud Defever (c’est son vrai nom quand il va faire les courses à Super U) met dans son art toute la délicatesse qui le caractérise dans la vie. Guitariste émérite, son oeuvre mêle autant l’humour que les drames du quotidien. Musicien et mélodiste hors pair, il sait jouer remarquablement sur le temps et l’espace, créant ainsi un relief et du grain à ses morceaux. Presque Oui, qui fait l’unanimité auprès des amateurs de chanson, n’est vraiment pas loin d’être ce qu’on fait de mieux dans le domaine. Et encore, je chipote !


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Julie Bernard

La soirée aurait pu s’arrêter ici que l’on aurait été ravi. Rapport qualité / Prix incomparable. Je rappelle au passage que les concerts sont gratuits. Mais ce n’est pas fini. Générosité oblige dans ce doux pays de la pomme et de la framboise, le spectacle continue. Dans le genre : « Y en a un peu plus, je vous le mets quand même ? »

Après le lancement la veille à Pompadour, c’est la première soirée au foyer rural de Concèze, dans le principal lieu de concerts du festival. Encore une soirée que l’on ne va pas oublier tout de suite. Après un morceau au piano de Pénélope-Rose Lévêque, c’est Eric Guilleton qui a l’honneur de donner le premier récital 2016 au foyer rural. Accompagné durant tout le concert par l’ensemble Déc’OUVRIR, Eric Guilleton a de nouveau soulevé les âmes pour nous faire rendre larmes. Quels moments ! Alternant morceaux récents et plus anciens, dans son style et son écriture inimitables, on a cru apercevoir un Eric Guilleton heureux derrière des chansons  joliment mélancoliques. Une mélancolie qui trempe ses orteils dans un quotidien loin du strass et des paillettes. Guilleton, c’est grand. Très grand.

Après le passage de la jeune poétesse Mélodie Quercron, Pauline Drand investit à son tour les planches. Récente finaliste du Prix Moustaki, Pauline est une artiste qui s’affirme et dont on commence à entendre régulièrement parler. A juste titre. D’une voix grave, elle chante des textes bigrement bien fagotés dans leur genre. Il y a un travail sur l’image et sur l’épure qui caractérise la singularité du style Drand, quelque part entre la chanson française traditionnelle et le folk américain dépouillé. Le tout arrangé à sa convenance, autour d’un jeu de guitare personnel et élégant, participe à l’émergence d’une artiste qui prend une place à part dans le paysage de la chanson d’aujourd’hui. Pauline Drand, une artiste à suivre, assurément.

En clôture de soirée, Guillaume Grand. Il n’y a qu’un phonème qui différencie cet artiste de celle qui vient de quitter la scène mais artistiquement, il y a un monde entre eux. Guillaume Grand n’est pas un inconnu du grand public, et jouit d’une certaine notoriété remportée avec le tube Toi et moi. Si je dois accorder à Guillaume un grain de voix et un jeu de guitare intéressants, je dois également faire l’aveu de n’être pas du tout sensible à son univers. Les textes ne me parlent pas, ne me touchent pas. Peut-être suis-je déjà trop vieux pour être tourmenté par la passion destructive qui semble l’obséder au point d’en trouver « L’amour laid », mais pour ma part, même après plusieurs heures de concert, « Mes yeux ne font pas semblant ».


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Pauline Drand

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