Lily Luca, « étoile montante de la chanson française »

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Photo David Desreumaux

C’est à Londres que Lily Luca est allée enregistrer Le Charme Impénétrable des Artistes Torturés, son nouvel album. Elle y a travaillé avec Fred Thomas, arrangeur, réalisateur et musicien, avec qui elle a créé une oeuvre qui, musicalement, sort des sentiers explorés habituellement par la jeune chanson française. Entretien avec une jeune artiste qui entame une tournée de sortie d’album. Paris, Lyon et Toulouse dans les jours qui viennent. La bonne occasion pour faire connaissance avec cette « étoile montante de la chanson française. »

Photo David Desreumaux
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Hexagone : Qu’est ce qui t’a conduite à devenir chanteuse ?
Lily Luca : Petite, j’étais fan d’Yves Duteil : j’avais une seule cassette de lui, une compil’ dont je connais encore par cœur toutes les chansons. (J’assume.) Ma famille écoutait Bobby Lapointe, Brel, Brassens ; moi je trouvais tout ça plutôt ringard ! Ado, j’ai redécouvert et aimé ce répertoire en gratouillant la guitare au coin du feu. Puis, à 18 ans, je suis partie vivre à Glasgow. J’allais souvent à une scène ouverte où des auteurs-compositeurs venaient chanter, l’écoute y était formidable… C’est ça qui m’a donné envie de faire de la scène. Jusqu’alors c’était plutôt le «Diapason Rouge» et là j’ai eu envie d’écrire mes premières chansons, en anglais car je voulais que le public comprenne. De retour en France, deux ans plus tard, j’ai laissé tomber l’anglais pour la même raison.

Hexagone : Quelle formation musicale as-tu suivie ?
Lily : D’abord la fac de musicologie à Lyon, puis le CFMI (Centre de formation de musiciens intervenant à l’école). C’est là qu’a eu lieu mon grand «déclic chanson» grâce à la rencontre avec une prof d’interprétation, Elisabeth Ponsot. Elle nous a fait découvrir un répertoire que je ne connaissais pas, celui de Michèle Bernard, Allain Leprest, Rémo Gary, etc. Que des nouvelles perspectives d’écriture ! Je suis passée ensuite à l’ENM de Villeurbanne et au Conservatoire de Lyon, en Musiques Actuelles. Tout ça m’a permis de m’enrichir par plein d’approches différentes.

Photo David Desreumaux
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Hexagone : Comment se sont passés tes débuts dans la chanson ?
Lily : Je me suis lancée quand j’étais étudiante, dans la cave d’un bar du Vieux Lyon. Je chantais dans un coin tous les lundis pour quelques euros devant trois piliers de bars. La grande classe. Ensuite, il y a eu une bonne période tremplins : j’ai gagné le premier auquel j’ai participé en 2007, dans le Nord-Isère, c’était très encourageant ! Mais celui qui m’a le plus marqué, c’est Vive la Reprise où j’ai gagné le prix de l’ADAMI en 2009. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Anne Sylvestre, dont j’adore l’oeuvre et qui m’a beaucoup influencée. J’ai fait l’année d’après un stage d’écriture avec elle à Barjac et j’ai assuré sa première partie, toujours à Barjac, en 2014. Et tout récemment, elle m’a citée avec les copines – entre autres – Flavia, Garance et Jeanne Garraud dans l’interview qu’elle a donnée au journal Causette. De quoi me rendre toute fiérote !

Hexagone : Tu as d’autres projets à côté de la chanson ?
Lily : Depuis 3 ans je tiens un blog de bande dessinée. J’y raconte chaque semaine une anecdote de la vie d’une étoile montante de la chanson française que personne ne connaît (moi, bien sûr!). C’est une façon très libératrice de raconter mon métier avec pas mal d’auto-dérision ! Je fais aussi tout mon graphisme (pochettes d’albums, affiches, site web, etc.) et parfois celui des autres. (Festival du Cri de la Poule, les Clés à Molette, etc.)

Photo David Desreumaux
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Hexagone : Tu as aussi un spectacle en duo avec Les Enculettes ?
Lily : Oui, Les Enculettes, c’est de la chanson française à texte et à sexe. C’est de la « nouvelle chanson paillarde » en quelque sorte, un peu dans un état d’esprit à la GiedRé, mais ce spectacle penche plutôt vers le théâtre, dans un ton provoc’ mais mignonnes comme tout. Un projet aussi très libérateur.

Hexagone : Avec qui as-tu réalisé ton nouvel album ?
Lily : Pour Le Charme Impénétrable des Artistes Torturés, qui a été enregistré à Londres, j’ai travaillé avec Fred Thomas, un ami britannique de longue date. C’est un musicien, réalisateur et arrangeur qui vient à la fois du jazz, du blues / folk, de la musique classique et contemporaine… On a d’abord sorti un EP il y a un an, La Stratégie Du Foulard En Coton. On s’est tellement bien compris artistiquement qu’on a décidé de faire cet album ensemble. J’adore l’éclectisme qu’il apporte à mes chansons : il est capable de mêler tout naturellement la guitare électrique avec l’orgue ou le clavecin, le synthé avec la viole de gambe ou le cavaquinho. Ça donne un son très original qui colle bien à mon univers.

Hexagone : Tu as écrit et composé toutes les chansons de l’album ?
Lily : Oui, à part l’une d’elles que Thibaut Defever (Presque Oui) a confectionnée exprès pour moi, Tu Peux Pas. Pour l’occasion, il a enregistré la guitare sur ce morceau, et on a aussi partagé un duo sur une autre chanson.

Photo David Desreumaux
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Hexagone : De quoi parlent tes chansons ?
Lily : Je m’inspire de ma petite vie, de mon expérience, mais j’ai envie que les gens s’y reconnaissent aussi. J’essaye donc de trouver ce qu’on a en commun, mais en l’exprimant avec les mots qui me sont propres, pour apporter un nouvel éclairage au schmilblick. Je fais de mon mieux pour ne pas tomber dans des clichés de genre comme la chanson d’amour, engagée ou dépressive, ce qui m’amène souvent à avoir recours au second degré.

Hexagone : Comment va se passer ton concert à A Thou Bout d’Chant ?
Lily : J’aurai sur scène mes deux acolytes adorés, Sébastien Quencez (basse, cajon, ukulélé, choeurs) et Pauline Koutnouyan (accordéon, percussions, choeur) et plein d’« invités-surprises ». Sur l’album c’est Fred Thomas qui joue de tous les instruments, mais pour le spectacle nous nous inspirons de ses arrangements et les adaptons à notre formule scénique. Quant à ma tournée « internationale » ce mois-ci, de Luxembourg à Toulouse en passant par Lyon et Paris, je la fais en solo avec ma guitare et mes chansons sur l’épaule, faute de disponibilités… Et de budget, soyons honnête. Mais en tant qu’étoile montante de la chanson française, je compte bien être repérée par la Major qui financera nos tournées, nos résidences de création, un orchestre philharmonique et ma villa + piscine en méditerranée. Je suis ouverte à toute proposition.


En concert à Lyon à A Thou Bout d’Chant le 29 et 30 avril

En concert à Toulouse Chez Ta Mère le 8 mai avec David Lafore

En concert le 1er octobre en première partie d’Anne Sylvestre, à 20h30 au Sud-Est Théâtre de Villeneuve St Georges, dans le cadre du FestiVal de Marne


 

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