Le Fantastik Show de K!

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Pour ses premières dates, le Fantastik Show de K! s’est installé les 12, 13 et 14 janvier à La Scène du Canal – Jemmapes. Comme Fred et moi étions tous les deux présents, et que nous avions tous les deux envie d’en parler, au début nous avons pensé à faire un résumé en commun. Puis finalement, nous avons choisi de raconter ce spectacle chacun avec nos mots et nos images. Alors voilà le Fantastik Show vu par Fred, puis par moi.

Le Fantastik Show vu par Fred:
K2FFin octobre 2015, K! est la tête d’affiche du concert du Téléthon du département de l’Eure. Première fois que je la voyais sur scène, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais le fait est que K! m’a laissé sous le charme ce soir-là. Avec un ptit goût de reviens-y. C’est donc tout naturellement que j’ai répondu « oui » à l’invitation de MHB quand elle m’a proposé de venir assister au Fantastik Show de K!, à la Scène du Canal / Jemmapes, en janvier.
Déjà, avant son entrée en scène, c’est le décor qu’on remarque. De bric et de broc, loufoque, baroque, théâtral. Un ptit côté Jules Verne. Un arbre, auquel sont accrochées des têtes de poupées. Des tuyaux, partout, par lesquels sort de la fumée, sans discontinuer. Décor onirique s’il en est. K! arrive sur scène dans le noir, avec une grande capuche qui enveloppe toute sa tête. On aperçoit quand même des lunettes noires, façon steam-punk, avec des petites leds rouges qui clignotent, en rotation. Éclairage violent, blanc, noyé dans la fumée, K! est en plein contre-jour. Le ton est donné, on est tout de suite mis au parfum.

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K! est toute seule sur scène, dans son décor, entourée de ses machines. Ça sonne donc électro. Et moi qui ne suis pas spécialement fan, j’accroche. Sans doute le côté « organique » de son interprétation. Et puis cette voix… Puissante, qui semble parfois venir d’outre-tombe. Mais qui sait aussi se faire très douce, sensuelle, même. Elle prend d’ailleurs un malin plaisir à alterner les deux.

Un concert de K!, ce n’est pas un concert, c’est un vrai spectacle. Il y a un côté très « marionnettes », fantasmagorique, à la « Delicatessen » de Jeunet & Caro, avec « flon-flon » et rires d’enfants. Ça fuse dans tous les sens. K! joue vraiment sur scène, dans le sens premier du terme. Elle prend un plaisir manifeste à être là sur scène, avec le public. Elle aime d’ailleurs interagir avec lui, voire carrément le prendre à parti. Il y a ainsi une « victime » à chaque concert, toujours du sexe masculin, ce qui provoque l’hilarité dans la salle.

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Entre histoires déjantées, où elle passe son temps à découper, par pure jalousie, des femmes pour les mettre en boite, avec des chœurs qui sortent de ballons gonflables, et histoires où elle parle ouvertement de son entre-jambes, du plus vieux métier du monde d’une certaine Candy, junkie à ses heures, K! nous distille des moments beaucoup plus intimistes, clavier-voix, voire… « fleurs-voix », de toute beauté. Séquence émotion.

K! termine son show sur une chanson plus qu’entêtante, et quitte la scène, en laissant le public, seul, avec ce refrain. Pour le rappel, j’allais dire « actualité oblige », mais ça fait juste opportuniste, ce qui n’était pas du tout le cas ce soir-là, parce que c’était juste comme une évidence, cette reprise de Space Oddity, au milieu du public, sur une clavier tout pourri (dixit sa propriétaire), histoire d’en mettre une bonne petite dernière, une qu’on n’aurait pas vu venir. En tout cas, pas aussi grosse que ça.

Dans la catégorie des chansons qui me touchent, il y a celles pour lesquelles je me dis qu’il faut que je les joue, que je me les réapproprie, que j’en fasse ma propre version. Comme une obligation, un impondérable. Et puis il y a les autres. J’en ai 3  ou 4 à bosser, là, je vous laisse.


Le Fantastik Show vu par Marie-Hélène:
KDans son Fantastique ShowK! allie chansons et spectacle. Elle nous raconte la vie en nous plongeant dans un univers à la fois réel et imaginaire. Des morceaux de vie, des lieux, des personnages, et aussi des sujets loin d’être facilement abordable… K!, elle ne t’épargne pas, elle dit ce qu’elle a à dire, elle n’a pas peur des mots. Et toi, selon les moments, tu te remets en questions en fonction de ce qu’elle vient de dire, tu souris de la façon habile dont elle a allégé un sujet délicat, tu es touchée par des mots, par une histoire… Je vous préviens tout de suite, on ne ressort pas indemne d’un concert de K!…. On est retourné, on est chamboulé, et on a chaud, là, au coin du cœur.

Dès la toute première fois où je l’ai vu sur scène, Karina m’a touchée. Ses mots, la profondeur de son regard, son interprétation… Je suis retournée la voir souvent. Au fil du temps, j’ai découvert de nouvelles chansons, vu le projet évoluer et grandir. Alors cette première du Fantastik Show, je l’attendais impatiemment !

Quand les lumières s’éteignent, et que le spectacle commence, personne se sait trop où on va être embarqué. Tous ceux qui connaissent Karina savent qu’elle arrive toujours à surprendre. Alors c’est les yeux et les oreilles grands ouverts que le public attentif, écoute les premières phrases.

« Moi je vous le dis, je ne rêve plus. Je dis j’ai compris la leçon, je contrôle ma fantaisie. Moi je suis guérie, je suis guérie. » Des mots qui ne sonnent pas à la légère, et qui interpellent. Enfants ou adultes, nous avons tous envie de rêver. Dans un monde où tout est de plus en plus formaté, de plus en plus dur, et où il faut rentrer dans des cases, quelle place reste-t-il pour les rêves et pour la fantaisie ? Le premier titre nous place tout de suite dans le contexte. Nous avons des rêves, mais nous avons aussi tous des peurs, des doutes, des « monstres »… Ils sont différents selon l’âge et selon les périodes de nos vies, mais ils sont bel et bien là. Durant toute la soirée, Karina se servira de l’imaginaire pour parler du réel. Chacun interprétera le spectacle à sa façon, mais chacun s’y reconnaîtra.

Ces voix dans Kensigton Park, cette contradiction, le côté gentil, le côté méchant… Ça nous parle à tous. Je revois encore mes nièces de 16 et 18 ans, les yeux qui brillent en la regardant et l’écoutant interpréter ce titre, qui est depuis toujours leur préféré. L’homme libellule apparaît sur scène, avec son corps en écailles. Celui dont l’allure dérange, celui qui fait rire la foule, celui qui sort avec sa cagoule. Pour moi, une des premières grosses claques de la soirée. L’équilibre entre les mots et la musique « circus » prend aux tripes. On a une envie soudaine de l’aimer et de le protéger du regard des gens, cet homme libellule. K2

Arrivent ensuite quelques titres consacrés aux hommes. Vaste sujet ! Parce qu’on a beau les aimer, ils ont quand même une fâcheuse tendance à nous faire souffrir… Mais comme K! n’est pas du style à se laisser faire, elle ne parle pas de l’adultère en s’apitoyant, mais en expliquant tout ce qu’elle a fait à toutes les autres filles, ce qui ne manque pas de faire rire tout le public ! Ça, c’est le côté « décalé » de K! , ou comment réussir à faire rire à partir d’un sujet qui à la base n’est pas drôle. Après avoir mis ce point au clair, elle parle de son homme, d’abord avec beaucoup de délicatesse, puis de façon… Comment dire… Un peu plus cash !

Quelques secondes dans le noir, un lampadaire s’allume, et voici pour moi le deuxième moment fort. Elle commence C’que j’étais belle a cappella. Il est parti, elle a mal… On comprend, on ressent. Les accompagnements s’ajoutent progressivement à la voix et font monter l’intensité du titre, déjà naturellement très fort. C’est beau… Après tant d’émotions, il est temps de s’évader un peu. C’est parti pour un voyage à Alméria. L’Espagne, les déserts des westerns de Sergio Leone, c’est comme si on y était !

À peine le temps de revenir à la réalité, J’observe commence déjà. Cette chanson, il n’y a rien à faire, à chaque fois elle me retourne. Chaque mot, chaque note, le clin d’œil à Jim Morrison. « Can you give me sanctuary, I can’t make it anymore, The man is at the door ». Pour se remettre un peu, changement de ton, on revient dans « l’humour. ». Accompagné de surprenants choristes, K! parle de la crise à sa façon, avec une boîte à couper les gonzesses. Encore une fois, l’art d’alléger un sujet sérieux. Fin du morceau, la salle est plongée dans le noir, puis quelques mots « Ne me laisse pas toute seule, tu sais comme j’ai peur dans le noir ». Une lumière se balance, une drôle d’atmosphère s’installe. « La fée clochette se fait un shoot… » Seul texte du spectacle que Karina n’a pas écrit, La fée clochette de Xavier Durringer prend toute sa dimension avec cette interprétation. Les mots résonnent durs, on est touché par le petit air de la junkie…

La température monte dans la salle pour Entre mes jambes, mais ne vous arrêtez pas uniquement au titre, restez attentif jusqu’à la conclusion « Attention, les hommes méfie-toi, c’est pas ce que tu crois… » Puis, comme s’ils étaient assis là, dans un coin de la scène à regarder le spectacle comme nous, les voix de Michel Simon et Serge Gainsbourg chantant L’herbe tendre résonnent, et font sourire. Pendant ce temps-là, le jardin s’éclaire et laisse apparaître quelques fleurs. Les premières notes sonnent comme par magie. On découvre L’assommoir dans une sublime version totalement épurée. Ce titre, il m’a fait pleurer, souvent. Ce texte, cette intensité. Voilà quoi. K! se réinstalle derrière son clavier pour Le chemin. Le parcours d’une vie, ce chemin qu’on fait en espérant trouver ce qu’on cherche. Perdre du temps en pensant en gagner. S’éloigner, pour finalement comprendre que ce qu’on cherchait était chez soi. Un titre qui touche particulièrement et qui conclut de bien belle manière ce show. Le public fredonne en chœur, pendant que l’artiste quitte la scène.

K3Sous des applaudissements fournis, Karina revient et s’installe dans le public avec un clavier. David Bowie, disparu deux jours avant la première du Fantastik Show est un artiste important pour elle. C’est donc tout naturellement qu’elle a décidé de jouer Space Oddity. Un moment particulier, un moment fort, un moment suspendu. Parfois, il n’y a pas de mots justes pour décrire une sensation. Il faut avoir vécu le moment pour réaliser ce qui s’est vraiment passé. C’est le cas pour celui-là. Tous les gens présents comprendront ce que je veux dire. Pour les autres, désolée… On dit que les absents ont toujours tors, et bien là, c’est tout spécialement le cas !

Pendant toute la soirée, le Fantastik Show s’est déroulé au milieu d’un décor onirique et surprenant, sublimé par de magnifiques lumières. Un spectacle à part entière. À écouter attentivement et à regarder avec des yeux d’enfants. Vous verrez, ça fait un bien fou !

K! a cette faculté incroyable de mettre du baume au cœur tout en racontant la vie comme elle est. Souvent pleine de doutes, souvent dure, mais qu’on peut rendre plus belle en n’oubliant pas de garder un peu de rêve. Pendant une heure et demie, elle nous rappelle qu’on a encore envie de rêver, et qu’on en a besoin plus que jamais au milieu de cette réalité.


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