Printival soirée 15/04 : Weldens prophète en son pays !

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Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Printival 2015. C’est parti. Un petit tour par le square Jean Moulin pour, lors de l’inauguration, écouter quelques mots des officiels dont ceux de Dany Lapointe la directrice artistique : « Soyez curieux » puis de Dick Annegarn, le parrain de cette édition et prendre l’apéro au son de la batucada de Pézenas. Et on rentre dans le vif du sujet. Un triple plateau : Barbara Weldens, Ben Mazué et Mathieu Boogaerts. Honneur à Barbara Weldens qui a lancé la soirée. Ce concert fut un choc, terminé par une standing ovation. Ceux qui ne la connaissaient pas en entrant se souviendront de son nom et longtemps de sa prestation. Je t’avais déjà dit le bien que j’en pensais. Sa présence m’avait impressionné en piano solo il y a deux ans. Et j’avais apprécié début mars, un concert d’une grande intensité, en trio et une nouvelle fois au Bijou à Toulouse,

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Ici, à Pézenas, ça démarre fort. Elle commence par Organique vibration, dans laquelle elle fait résonner et vibrer « les sons, la voix » , à la manière d’une chanteuse lyrique, éloignant le micro de sa bouche vue la puissance dégagée « Ce n’est rien qu’un peu de nous qui jaillit ». Elle dit qu’elle ne chante que des chansons d’amour, peut être mais pas souvent un amour gai. Je ne veux pas de ton amour décrit un catalogue pessimiste (réaliste) de la vie à deux « Remballe tes fleurs,  écoute-moi il n’y a pas d’amour heureux ». Belle, là aussi, vision pessimiste d’un trio amoureux : elle l’aime lui qui ne voit que Belle qui n’en a rien à faire. Weldens, une sorte d’ovni de la chanson, un phénomène vocal, une force et une énergie phénoménale. Silhouette androgyne aux bras musclés, c’est une tornade sur scène qui embrase le public. Avec des textes intenses et un débit de chant impressionnant, sa chanson est un cri, parfois sublime souvent déchirant. Une artiste qui te prend à l’estomac.

Dessin : L'hélicon
Dessin : L’hélicon

Le paroxysme arrive avec Le grand H de l’homme – titre du concert – sur la femme et sur les liens homme femme. « Je boite d’avoir plié, d’avoir cédé, d’avoir accepté d’être femme, plié d’être femme, cédé d’être femme, accepté d’être femme », « tant que nous plierons sous l’amour, il y aura des femmes faibles, des assassinées, caillassées, tondues, révoltées humaines … comme des hommes ». Avec un reste d’espoir, toutefois : « Je les entends parfois rire à la même table partager les beaux fruits de la terre. Je les entends parfois jouir dans le même lit partager les beaux fruits de la chair« . Et elle enchaîne par Chien, « Je ne suis qu’un chien qu’on abandonne Qui cherche en vain son cruel maître d’homme Je ne suis plus rien qu’un vide énorme … Il est gentil le chien Il est con le chien ! on le tape et il revient Je suis ton chien  Je suis ton chien« , une chanson d’amour dépendance aux accents Breliens.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Un moment de relative détente intervient avec Où sont mes nichons ? auto description pleine d’humour de sa « plate » silhouette : « De leur propre volonté peut être s’en sont ils allés peut être aussi, tout est permis, qu’ils reviendront au balcon Suis je donc le seul être sur terre que la nature fit rectiligne Ah oui tiens parlons en de la terre ce gros sein rond qui me déprime« . Après une mémorable ovation elle chante, en rappel, un Homme, ami, frère apaisé, « Fais durer l’accolade une seconde de trop, la vie en vaut la peine Car tu sais que je t’aime et je sais que tu m’aimes … Frère je sens dans mon dos tes yeux qui me portent Et dans un dernier signe tu persistes et tu signes ému mais digne« . Et elle finit sur un calme mais pas neutre Viens  » Je veux recommencer avec toi dans mes ailes … Je crois que par amour je peux mourir hier et renaître à l’envi il faut tout inventer …  Viens, viens au creux de ma chair et colle-moi un voyage jusqu’au fond des entrailles Viens prends-moi toute entière viens dans mon naufrage »

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Un personnage étonnant. Elle chante pieds nus, mais apporte, sur la scène, une paire de chaussures rouges à talon haut. Deux ans auparavant elle se produisait en piano solo, l’an passé elle s’est libérée du piano confié aux mains de Barbara Hemmadi. Cette année, un trio apparaît avec Christophe Boucher en multi instrumentiste. Et ce concert « chez elle » – oui elle vit à côté de Pézenas – est un beau succès public. Cette artiste atypique s’occupe d’un théâtre, le théâtre de pierres à Fouzilhon (34), avec un collectif d’artistes et elle continue ses activités de cirque. Il semble qu’aucun concert n’est identique. Ce soir elle avait laissé tomber sa crête iroquoise et a enchaîné les chansons sans trop d’intermède parlé. Au Bijou, elle a offert un intermède circassien :  numéro d’équilibre avec des couteaux comme le montre la photo ci-contre  –  deux ans plus tôt c’était en mono cycle – et elle a terminé au clavier sur une chanson drôle. Un sourire enfantin et une grande spontanéité la caractérisent en opposition (?) avec l’intensité de ses textes et de sa prestation. Après le concert, à côté du bar, elle dira avoir fait un spectacle de cirque l’après midi même et exprimera le souhait de ne pas chanter toujours sur la femme et de pouvoir aborder d’autres thèmes. On espère que la plupart des nombreux programmateurs de festivals ou de salle, présents ce soir et conquis, vont l’inviter. Alors ne la rate pas.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Ben Mazué. Il se dévoile aussi beaucoup mais utilise un autre registre. De la belle qualité également. Il chante son nouvel album 33 ans avec, entre autres, les titres en « nombre » : 14 ans pour la première fois, 25 ans sur une dragueuse des soirées appart, 35 ans pour un premier bilan pas vraiment satisfaisant. Une superbe chanson sur sa mère morte, Vivant « Je ne pallierai pas l’absence C’est tout le bien que je me souhaite De rappeler ton élégance aux gens  De faire tout pour que ça reste … vivant ». Des refrains parfois en anglais dont le réjouissant Confessions d’un rap-addict qui se trouvait dans l’album précédent et même dans son premier EP. Il est accompagné au clavier sur la plupart des morceaux et, pour les autres, il est en guitare voix. Des chansons aux textes et musiques ciselés. Un joli groove. Un flot saccadé et mélodieux. Les textes, quasiment des  sketches, d’inter chanson attirent l’attention, là aussi, souvent dans un registre intimiste. Il vit une remise des Grammy Awards inventée et qui déclenche les rires. Il lit une lettre de sa mère, envoyée de l’au-delà, écrite avec pudeur et humour. Et il évoquera une interview radiophonique, chez lui, qu’il simule avec deux tasses de café à la main, toujours avec beaucoup d’auto dérision. Un spectacle un peu hybride, comme il le dit lui-même « entre le concert et le stand-up ». En fait une belle réussite, qui donne envie d’écouter les deux albums tout en ayant vécu un moment particulier au delà des chansons.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Mathieu Boogaerts. Il arrive seul, avec son câble pour brancher la guitare et avec une feuille. Celle-ci contient une liste de chansons parmi lesquelles il va choisir celles qu’il fera. Il dit ne pas être en tournée et ne pas avoir voulu faire l’ancien spectacle rôdé. Mélodies simples qui restent à l’oreille. Un univers à nouveau intimiste. Un personnage attachant. Il chante la plupart des morceaux de son album le plus récent, quelques chansons plus anciennes, une nouvelle inédite ainsi qu’une écrite pour Luce avec qui il tourne en ce moment. Son concert a débuté à 23h40. Ce n’était pas facile de garder l’attention : encore plus avec la formule minimaliste retenue, avec notre ressenti d’une certaine répétitivité et surtout avec la présence encore forte des  émotions des deux superbes concerts précédents.

En synthèse, ce fut une belle première soirée marathon (trois concerts d’1h à 1h10 chacun) pour un copieux et savoureux hors d’oeuvre du festival.


Le 15 avril 2015 au Printival à Pézenas : Barbara Weldens, Ben MazuéMathieu Boogaerts

Nota : dans l’article tu cliques sur le nom en gras de l’artiste et tu arrives sur son site, tu cliques sur une photo et elle s’agrandit.

3 Commentaires

  1. Je pense que les organisateurs du printival n’ont pas su faire la part des choses. Manque de professionnalisme sûrement.J’avais noté beaucoup de soucis d’organisation les années passées.Des tarifs assez élevés mais un respect du public pas toujours à la hauteur: manque de chaises, places d’où on ne peut rien voir (ou pas grand chose). J’ai été souvent déçue du manque de considération pour les spectateurs.

  2. Ils en ont mis du temps à voir Barbara qui était pourtant sous leurs yeux mais ils préfèrent faire chanter des artistes pistonnés qu’ils ont pour pas cher voire pour rien du tout!

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