Chronique gueuse : ROBERT

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Je déclarerais ma flamme à tous les incendies.
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Si je viens aujourd’hui – mes pieds de lianes évaporés -, c’est pour te révéler quelque chose de parfaitement impudique. Mon amoureuse s’appelle RobERT. Ce n’est pas moi qui l’ai dit c’est son amoureux. Son amoureux s’appelle Mathieu, Mathieu Saladin, comme le roi d’Egypte. RobERT et Saladin. Tu es sur le point d’entrer dans un univers de légendes, de contes, de sorcières… suis-moi sans crainte et n’oublie pas tes pouces et tes cailloux.
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Je t’amène d’abord dans le laboratoire des gloires sans nom… Un jour, une drôle de dame chapeautée répondant au doux prénom d’Amélie est venue sur un plateau TV présenter sa copine RobERT. Oui, à cette époque lointaine, je regardais encore l’écran hurlant de Warhol et lorsque RobERT est apparue… c’était placer une poupée dans un barnum… c’était si dérangeant cette apparition… personne sur le plateau n’a compris mais mes oreilles ont eu le temps de se méloper à la médiévale complainte d’une Princesse de rien. Croquée déjà j’étais.
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Nous voilà maintenant à Paris, ville fantôme de lumière, dans un lieu qui n’est plus : feu Fnac Bastille Paris 11ème dernier bastion d’une grande enseigne qui se permettait d’être une niche, parfois… C’est là que j’ai croisé Jack the ripper pour la première fois et c’est là que l’on pouvait trouver des choses un peu rares sur cette Princesse… fruit de l’engagement d’un vendeur-serviteur acquis à la cause.
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J’ai alors commencé à suivre les sentes des forêts des contes… une princesse ? mais ne sont-elles pas toutes sèches mortes dans leur tour ou photoshootées sur un rocher de Monaco ? Les petites voix cristallines me murmuraient : il en est une que la glace… cryogénisation réussie… que la glace n’a pas prise. Blanchefleur s’était échappée de son livre pour venir nous souffler ses vertiges.
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Pourquoi ai-je suivi les pas de l’elfique RobERT ? C’est une invitation qu’on ne reçoit que tous les mille ans, figure-toi ! C’est être dans l’anachronisme total, renverser le sable de la clepsydre, prendre la barre d’une machine à voyager dans le temps. C’est être Sorcière,Ondine, Rapuntzel, Oiseau bleu, Vampire, Maléfique… une vraie marmite à santons.
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RobERT réensorcellait le chemin triste et sale. On ne refuse pas la peau de la Merveille.
On se love contre elle comme on se lacerait à un rêve trouble et létal, on devient chevalier, les souliers de cristal !
RobERT est une succession de flocons pas de danse, c’est une procession de langueurs opalines qui cachent un terreau plus dur fait de sang et de crimes. Elle a taillé à la hache et dans une fusion de vapeurs son univers. Un univers où le moindre détail, décor de scène, clip, artwork est pensé avec un œil toujours original et aiguisé, un travail qui est souvent le fruit de rencontres avec d’autres artistes passionnants… RobERT croise la route de Scalpart qui la shoote en lightpainting dans un cimetière, Stephane Martello lui confectionne des tenues originales en crochet pour l’un de ses spectacles, elle croise le temps d’un duo la route de Majandra Delfino, Markize, Sacha Bourdo et Anthony Delon… Côté clips, c’est carton plein et c’est le talentueux Gerlando Infuso qui, bien avant de s’occuper d’Emilie Simon, réalise le clip Ange et Démon… ou encore Gondry qui se charge de l’asilesque et coldesque clip des Jupes ou encore Gabriel Aghion pour celui de Personne. RobERT multiplie les conquêtes pour notre plus grand plaisir. Ils lui confectionnent des écrins sortilèges, offrent à sa beauté des larmes de verre… car il faut bien le dire à un moment du conte, Robert a des yeux émeraude à damner l’assassin, des gemmes à te scier les ondes sans crier l’abordage… des cheveux d’ébène où perchent deux corbeaux. Sa voix que tu prends d’abord pour une caresse te plante vite ses couteaux et tu pars avec elle sur cette route vide où personne ne s’aime personne ne s’aime… murmure en écho Bukowski… mais tu sais bien que celui qui ne tente les chemins escarpés et rudes ne trouvera jamais la pierre de beauté
Et la beauté RobERT en connaît quelques rayons
Elle l’enchanteresse
Revenue du Passé
Pour les mornes ivresses de ce siècle
Avait besoin d’âmes pures et dures
Pour changer l’eau en liesse.
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Ils se rencontrèrent et eurent beaucoup de petits aliens.

***

« Après minuit, j’ai si faim
J’ai trop envie de son sang
Ma dentition me démange
Quand je vois ce cou si blanc
Derrière mon visage d’ange
Un vampire d’au moins cent ans »
Sorcière – RobERT


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