Da Silva, « L’aventure » c’est l’aventure.

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L’aventure, le 6ème album de Da Silva est sorti il y a quelques jours. Une belle occasion pour rencontrer cet artiste exigeant qui n’avait pas encore mis un pied sur Hexagone. On est bien content d’avoir comblé ce manque.

Crédit photo: Julien Mignot

Hexagone: Quand et comment la musique est-elle entrée dans ta vie ?
Da Silva: Je devais avoir 10 ou 12 ans. J’habitais dans une ville du centre de la France, à Nevers. Et il y avait un groupe qui répétait dans le centre social culturel du quartier dans lequel j’étais. J’ai entendu le groupe répéter, et je suis allé les voir, tous les mercredis, tous les samedis. Ça m’a donné envie. Un jour ils ont dit “On va aller jouer à Montpellier”.  À ce moment là je me suis dit que la musique, c’est aussi une façon de partir.

Hexagone: 5 albums, des collaborations… Quelle est l’histoire de cet album ? Comment est ce qu’il s’est écrit ?
Da Silva: Il s’est écrit à 4 mains, avec Frédéric Fortuny qui a réalisé cet album d’ailleurs. C’est mon binôme depuis 4-5 ans, on travaille toujours ensemble. J’ai commencé l’écriture de cet album au moment où j’ai recommencé à avoir du désir. J’avais enchaîné beaucoup d’albums les uns derrière les autres. 5 albums, 1 tous les 18 mois. Il s’est passé beaucoup de choses, des tournées, des collaborations. J’avais besoin de souffler et de prendre le temps.

Hexagone: Il y a beaucoup de couleurs et d’énergie différentes selon les titres sur ce disque. C’était une envie ?
Da Silva: J’aime bien l’idée de faire des saynètes comme ça. Des courts métrages, sans être tenu par un concept d’album. On a cherché à diversifier le plus possible les arrangements.

Hexagone: L’aventure, c’est un choix de titre, d’album, mais aussi une direction de vie ?
Da Silva: C’est surtout une des choses qui me motivent dans la vie. Ne pas vraiment savoir ce qui va se passer. Laisser mon imaginaire courir dans l’inconnu. Me dire que tout est possible.

Hexagone: C’est ce que raconte cet album, qu’il y a plein d’histoires à aller vivre ?
Da Silva: Oui, c’est exactement ça. Je trouve que les sentiments sont souvent complexes, et souvent simplifiés. J’ai souhaité faire un album assez libérateur.

Hexagone: L’écriture et la composition, ça vient en même temps ?
Da Silva: J’écris d’abord. Après mots ne résonnent pas pareil dans un décor ou dans un autre. Donc après l’écriture, le choix du décor est important.

Hexagone: Il y a beaucoup de collaborations dans ton parcours. C’est une envie d’explorer en grand ? 
Da Silva: Oui. Plus c’est loin de moi plus ça m’intéresse. En général, ce sont des gens très éloignés de moi, et je trouve ça très exotique de leur écrire des chansons ou de faire leurs disques. C’est l’aventure, on ne sait pas où on va, on ne sait pas avec qui, on ne sait pas comment, mais on y va.

Hexagone: C’est un album qui va chercher plus dans l’intime que les précédents.
Da Silva: Oui, et les sentiments que je décris sont plus complexes que les précédents peut-être. C’est ce qui a changé aussi. Quel intérêt de refaire un disque si ce n’était pas pour en donner un peu plus.

Crédit photo: Julien Mignot

Hexagone: Il y a une tournée de prévue à l’automne. Ça se fera dans quelle formule sur scène ?
Da Silva: Je ne sais pas encore. Parce que je dois quand même rassembler 6 albums avec des instrumentations différentes. C’est un grand challenge donc il faut bien que je réfléchisse à quelle direction musicale je vais prendre sur scène.

Hexagone: Le clip de L’aventure est surprenant, pourquoi ce choix ?
Da Silva: J’en avais marre du chanteur qui chante. J’ai fait 12 clips où je chante avec l’oeil humide et le regard lointain, ça suffit. J’avais envie d’un mec qui foire son clip.

Hexagone: Comment résumerais-tu cet album ?
Da Silva: Je crois humblement que c’est mon meilleur album. C’est mon meilleur parce que je l’ai fait avec Frédéric Fortuny, et que c’est le meilleur compagnon de route que je connaisse.

Hexagone: Quelle serait ta définition de la musique ? 

Da Silva: C’est ma vie. C’est une vibration. Quelque chose qui permet de passer des épreuves, d’en accompagner d’autres.

Hexagone: Fort de ce déjà long parcours, quelles sont tes envies aujourd’hui ?
Da Silva: De continuer.

Hexagone: Quel artiste conseillerais-tu d’aller écouter ?
Da Silva: J’ai toujours beaucoup de plaisir à écouter Elvis Costello. Ensuite, en chanteur français actuel, il y en a tellement… Celui que je trouve le plus brillant de tous, c’est Benjamin Biolay. Il est capable de faire matcher tellement de choses. Ensemble, de l’électronique avec des cordes, avec des rythmiques pop, avec des trucs plus latino ou bossa nova… C’est celui que je trouve le plus libéré et qui ose le plus.

Hexagone: Quel regard portes-tu aujourd’hui sur le réseau de la musique ?
Da Silva: Il y a énormément de choses, avec toujours une prime évidente au « new comer ». Les gens ont besoin de nouveauté. On ne peut pas leur reprocher. Les maisons de disque mettent en avant les nouveautés, on ne peut pas leur reprocher non plus. Il y a plein de choses qui se font, et je trouve que c’est tant mieux. Aujourd’hui, on est en concurrence avec un album des années 60 ou 70  sur les plateformes. J’espère juste qu’on ne perde pas trop le format album. Ça serait triste de se retrouver réduit à des playlists et des titres isolés. J’espère que l’industrie numérique saura un peu aider, accompagner les gens à continuer d’être curieux plutôt qu’à les rendre plus abrutis.

Hexagone: Tu travailles comme tu en as envie, sans forcément chercher à rentrer dans une case ou un format. Aujourd’hui c’est difficile de pouvoir avoir cette liberté. On voit beaucoup d’artistes qui cherchent à rentrer dans une case bien définie.
Da Silva: C’est terrible. La liberté artistique, ils se l’enlèvent tout seul. Je crois surtout que les artistes s’auto-censurent. Ils ont l’impression que les radios ne joueraient qu’un seul format et ne proposent que ça, alors que c’est faux. Quand il y a une bonne chanson, la radio la joue. Moi, avec L’indécision, j’étais le seul mec qui passait à la radio avec un guitare voix. Il y avait deux pistes. Il faut être un peu courageux dans la musique quand même.


« Puisque la vie s’affale au contre la montre
Puisqu’il n’y a rien que dalle qui résiste avec le temps
Je préfère l’aventure à tous les grands discours
Les points de suspension, les allers sans retour
Je marche comme l’on crève puisque tout meurt d’ennui
Je refuse de choisir, je ne compte pas je vis
Pas de quoi en faire un drame, je respire à pleins poumons
Les victoires, les défaites, je préfère l’aventure … »

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