L’ami Pierre est de retour à la Cigale !

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© Joel Kuby
La Cigale
Photo Joel Kuby

« Voyons voir, c’est quoi la première partie… » s’interroge tout haut le gamin devant moi, en ce 23 février à la Cigale. Un vrai gomeux, avec la barbouse de rigueur pour s’la jouer à la cool… C’est sans doute ce que se serait dit le Pierrot de La Ruda, du temps où il magnifiait dans ses textes Les frères Volfoni et le Rififi chez les branques. Depuis la fin du groupe ska rock qui a marqué de son empreinte indélébile les décennies 1990 à 2010 – en prouvant par l’exemple que le frenchy ça peut drôlement bien sonner aussi – nous étions plus d’un et plus d’une à être sans nouvelles de lui et à nous demander s’il n’avait pas fini par l’apprendre lui aussi, son fameux Prix du silence. Si Pierrot is dead, longue à vie alors à Pierre Lebas et à son premier album solo de « pop à la française » Tigreville. Et s’il l’avait entendu notre jeune cuistre, gageons qu’il n’aurait guère  été offusqué par son outrecuidance. A peine l’aurait-il toisé de sa hauteur bienveillante, un petit sourire en coin. Mais faudrait tout de même voir à pas trop titiller sa fibre naturelle ; pas pour rien ce titre tigré en clin d’oeil au Singe en hiver. « Parce que Blondin, Gabin, Belmondo, Audiard, Apollinaire… » confie-t-il sur Facebook. N’en jette plus Pierre, on a not’compte !

La salle avait beau être pleine à craquer, le rideau rouge de la Cigale n’avait pas été levé pour Pierre Lebas et ses deux complices ; c’est le jeu de la première partie… Qu’à cela ne tienne, tous trois s’installent avec l’assurance des vieux routiers de la scène, face au public d’Olivia Ruiz. Pierre a une petit moue, nous jauge à l’aune de son expérience et attaque direct, à Grands bruits d’étoile, sur une intro à l’acoustique de Gilles Théolier. Ce dernier se charge de déclencher ses boucles de batterie tandis que Florian Chereau tricote de sa Fender de gaucher. La silhouette dégingandée n’a pas bougé d’un pouce, la danse avec le micro toujours aussi savante et le « Mesdames et Messieurs » de bienvenu sonne toujours aussi clinquant ! Seule manque à l’appel la casquette… Cela n’empêche nullement la fan derrière moi, d’exprimer son contentement à grands coups de « Pierrot !!! »

Photo Joel Kuby

Au vu de l’âge moyen de l’assemblée cigalienne, nous avons été quelques uns à nous sentir concernés par sa dédicace sur Entre deux siècles, nous qui sommes effectivement nés avant l’an 2000. Et malgré sa rythmique pur jus new wave, Un seul amour, un seul qui l’a suivi, a du « causer » aussi aux natifs de ce siècle. Pierre Lebas se livre peu dans ses textes. Oran et son évocation d’un père militaire lors de la guerre d’Algérie et silencieux sur « les évènements », dont il se fait le porte-parole est d’autant plus précieux. Et comme toujours chez lui, le sujet est abordé avec la retenue intense qui le caractérise. Olivia Ruiz ne le rejoindra pas pour Roxy bar, le duo qu’ils interprètent ensemble sur l’album. Dommage, la belle espagnole en rouée entraîneuse avec Pierre en pigeon pas dupe, ça aurait valu le coup d’œil. Pas chien et surtout reconnaissant de lui avoir offert cette première partie parisienne, il la remercie avec élégance. Cette même distinction naturelle qui lui fait conclure le set par son traditionnel « portez vous bien« . « Qui m’aime me suive » entend-on dans l’un des huit titres de Tigreville, qu’il nous aura offert ce soir-là à la Cigale. Est-ce utile de répondre… Ce qui est encore plus sûr, c’est que sa team angevine sera très certainement au rendez-vous dans « son » Chabada, le 9 mars prochain pour la sortie officielle de Tigreville. En sortant de la Cigale, deux gamins s’extasient devant mon sac à l’effigie des Specials. On en fera peut-être quelque chose de la jeunesse actuelle, vous ne pensez pas, M’sieur Lebas ?

Un grand merci à Joel Kuby pour ses photos prises le 8 février à Caluire

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