Hexagonaute salut ! Mercredi soir je suis allé voir un truc, ça faisait une semaine que je devais y aller mais j’avais un peu reporté parce que vu la chaleur qu’il faisait j’avais peur de finir grillé façon tournedos sur le boulevard de Clichy. Oui celui-là même de boulevard où se trouvent Les Trois Baudets.
Depuis le 30 juin et jusqu’au 24 juillet prochain, la célèbre écurie présente sa création annuelle. Après Loane en 2013 qui avait inauguré l’exercice autour du spectacle Georges, puis après Garçons (Zaza Fournier, Cléa Vincent et Luciole) en 2014 dont tu peux relire ici le bien qu’on en a pensé, c’est cette année au tour de Bensé de relever le défi. Le principe, quel est-il te demandes-tu hexagonaute curieux et intéressé ? Laisse-moi te le dire. Les Trois Baudets, tu sais que c’est une vieille maison respectable que tint jadis un certain Jacques Canetti. Un vrai découvreur comme ça n’existe plus parce que les temps changent et pas toujours en bien. La mission qui revient à Bensé cette année est donc de faire un spectacle autour de chansons qui parlent de l’envers de l’amour, de la haine comme l’annonce l’affiche (rien que ça !) à partir du répertoire correspondant aux années durant lesquelles Canetti était le grand manitou des Trois Baudets. Entre 1947 et 1967. Pas mal le défi hein ?
L’amour, c’est le thème par excellence en chanson. Toutes les chansons ne sont-elles pas des chansons d’amour en fin de compte ? On chante pour faire partie du monde, pour partager des émotions, des sentiments. Alors, la haine, oui. Chanson de contre-amour, de rupture, défouloir, revencharde, de cocu, d’assassins et de suicidés, etc. La thématique valait grandement le détour et l’offre dans le répertoire est plutôt bien fournie.
Je lis sur tes lèvres que tu te demandes comment s’en est tiré Bensé. Et bien, je te réponds. Il s’en tire mieux que bien ! Moi, j’aime être bluffé, pris par surprise sur des spectacles. Là, c’est exactement ce qu’il se passe avec – non pas tant le choix des chansons – les arrangements proposés aux morceaux. C’est gonflé ! Que dis-je ? Gonflé dans le sens « couillu », « poilu », prends-le comme tu veux mais gonflé également dans le sens où ça ne manque pas de testostérone ! Ça envoie du lourd !
Tout commence avec Vu de l’extérieur du père Gainsbarre. Oui, je sais, le titre ne colle pas avec les années 47 / 67. Et alors ? Gainsbourg oui ! On ne va pas faire les mauvais coucheurs quand les choses sont bien faites. Et puis, de toi à moi, ce morceau de Gainsbourg, c’est une perle. Le texte qui cause rupture, puisqu’il est question de montrer l’envers du décor en amour, est une merveille sulfureuse qui vient poser son « petit valseur » sur une mélodie qui tient du miracle. Avec sa petite montée au refrain, c’est du grand Serge : « Va te faire voir, va te faire voir ailleurs / Tes roploplos, tout beaux tout chaud / Et ton gros pétard. » Là-dessus, Bensé n’est pas tout seul. Il est accompagné et ça fait pas semblant comme je te disais. C’est très pop, voire rock. Guitare, basse et batterie et ça cogne dru !
Ok, tu te dis que Gainsbarre est rock et rien de surprenant. Soit, t’as pas tort mais quand il commence à défoncer sa mère avec Marinette de Brassens et qu’il enchaîne avec un A mourir pour mourir de Barbara avec des arrangements tout aussi modernes tenus par une guitare électrique très tendue, tu te dis que t’es pas au bout de tes surprises. Et t’as pas tort. C’est la grande force de ce spectacle que d’offrir un vent frais, qui pique les joues à ces chansons. Bensé montre que la chanson de répertoire peut et doit être appropriée par un artiste. Que cette chanson n’est pas là pour être gardée dans de la naphtaline et que lorsque l’inspiration et le talent sont de la partie, le résultat est au rendez-vous.
Au milieu du set, auquel on pourra cependant reprocher sa brièveté (11 morceaux seulement), Bensé vient poser des morceaux plus calmes. Il se place alors derrière un clavier et l’ambiance devient très intimiste. Une pénombre pour des chansons d’amours contrariées. C’est le thème, je te rappelle. Viennent alors Régine, Anne Sylvestre (Faites-moi souffrir), Mouloudji et Boris Vian pour écrire le chapitre « maso » de la soirée, comme l’aura mentionné avec humour Bensé.
Voilà, je ne vais pas t’en dire davantage parce que ça dure jusqu’au 24 juillet et je ne voudrais pas déflorer complètement le spectacle. Je t’engage vivement à y faire un saut si tu es sur le secteur. Il n’est d’ailleurs pas exclu que j’y retourne moi-même. Peut-être juste pour la version de Mathilde de Brel qui est une tuerie. Revoir ce Bensé que je connaissais à peine et qui dans le rôle du passeur de répertoire écrit ces temps-ci une belle page. Spectacle à voir.
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