Printival deuxième jour. Un festival ce sont des concerts mais aussi des rencontres. Depuis quelques années, je réside à Pézenas en chambre d’hôte et le matin je partage un copieux petit déjeuner – brioches et confitures maison – avec les autres « habitants de passage ». Et je m’aperçois que Le Printival prend de l’ampleur car cette année, autour de la table, aucun touriste de passage, non uniquement des « printivaliers » : la programmatrice du festival de Tadoussac au Québec, celle du festival de Bastia, le programmateur du Festiv’Allier en Lozère, trois copines de la région nîmoise amatrices de chanson et de rosé – ce n’est pas incompatible ! – et le gars moi-même. Discussion sympathique autour des festivals et sur les concerts de la veille : ce matin-là unanimité sur Barbara Weldens et le lendemain ce sera Lior Shoov.
Lior Shoov : une Printi’Mise en bouche succulente au théâtre. Elle arrive du fond de la salle, dans le dos des spectateurs, doucement, s’accompagnant avec une kalimba et commence par … Comment ça commence. Et c’est un grand moment de scène, inclassable. Elle joue de nombreux instruments dont certains n’en sont pas mais le deviennent : 2 ukulélés, tubes en plastiques, harmonica, petites clochettes de couleurs, hang dont elle obtient une belle musicalité, un instrument à musique pour enfants, un sac en plastique … tout est prétexte à faire de la musique et à chanter. Extra-terrestre avec ses propositions musicales venues d’ailleurs, elle parle d’elle, dans ses chansons « je m’appelle Lior, je viens d’Israël ». Toute en sensibilité et en émotion, une citoyenne du monde qui chante les voyages et la liberté en français, en anglais et en hébreu. Dans Voyager (toi aussi) elle nous dit « Des années que je voyage, Sac à dos, sac de couchage et des bagages Et sur mon chemin je rencontre des visages… Partie pour apprendre comment faire rire Et comment faire pleurer Partie pour apprendre comment toucher, Toujours étrangère avec mon petit accent pêché, Passagère du monde, Laisse moi passer ». Elle nous emmène loin et … Nage dans les nuages. Quand elle fait tourner de plus vite en plus vite un tube autour d’elle en créant un son musical elle chante « je fais du vent du vent devant les gens ».
Chante de là où tu es peut être son credo : « Chanter tendresse Chante ta rage Chante pour les fous Chante pour les sages Pour tous ceux là qui baissent leur tête Pour les enfants qui font la fête Pour tous ces gens qui ont oublié Qu’eux aussi ils peuvent chanter. » Dans Caress my skin elle glisse, sans y toucher, « A fleur de peau tu cherches la paix On va trouver ensemble la fée Qui fait que la guerre va s’arrêter. » Elle finit en frottant un sac en plastique à qui elle s’adresse en chantant « toi qui es si léger ». Venue des arts de la rue et clown de formation, visage expressif et sourire charmeur, elle a fait grande sensation auprès du public qui la découvrait. Et moi, qui ai eu la chance de l’apprécier trois fois l’an passé, je continue à être sous le charme. C’est le même spectacle avec un nouvel animal musical en plus et en peluche, peut être un peu moins d’improvisation et surtout avec une création lumière réussie. C’est original, humain, talentueux, inventif, musical !. Le public est surpris, ému, suspendu et enthousiaste, heureux d’être là. Un spectacle étonnant. Un voyage que je te recommande.
En soirée, A cappela la carte blanche confiée à Dick Annegarn. Une mise en scène particulière : une quarantaine de pupitres, un harpiste comme seul musicien, une caméra filmant les artistes de dos quand ils sont face au public, de face quand ils quittent la scène, et une projection en fond de scène. Dans le programme du festival Annegarn précisait : « Dans A Cappella nous serons plusieurs à chanter et à dire des poèmes dans notre plus simple appareil. Voix nues pour jouter dans l’esprit des joutes verbales de Boby.» Chacun des participants arrive du fond de la scène, marche autour des pupitres, remplace l’artiste précédent qui s’éloigne face à la caméra, et propose un chant ou un texte ou une sorte d’impromptu vocal. Annegarn ne chante quasiment plus, il glissera juste deux couplets de son Père Ubu repris par une partie du public.
Une dizaine d’artistes se succèdent, chacun revenant plusieurs fois sur le devant de la scène. Les « amis du verbe » venus avec Dick : Lou Dàvi occitan et tambourin, Magali «Maganim2Rien» et son fils slameur précoce, Marc Oriol « Mao » cheveux longs blancs et instrument (guitare ?) atypique qui « ne joue pas faux mais s’affranchit des conventions de la tonalité », Thierry Toulze « Captain Slam » et surtout Mahdi Série pour son écriture, sa diction et l’émotion. Parmi les artistes programmés dans le festival Karimouche, avec Kosh son beat-boxer, a amené sa gouaille, sa personnalité et son humour ; Lior Shoov, tout juste revenue du théâtre et de sa performance, s’est livrée à quelques improvisations. A son image, Dick Annegarn a proposé, pendant plus de deux heures, un spectacle décalé, inattendu, inégal et libre.
Printival 17 avril 2015 Lior Shoov. Au printemps de Bourges Les inouis le 29 Avril. Au festival L’air du temps à Lignères (18) le 14 mai. Aux Francofolies de la Rochelle (avec Alexis HK) le 12 juillet.
Nota : dans l’article tu cliques sur le nom en gras de l’artiste et tu arrives sur son site, tu cliques sur une photo et elle s’agrandit.
[…] chorale de 200 collégiens. Je ne peux pas ne pas te parler (même par écrit !) de Lior Shoov, artiste israélienne, coup de cœur du directeur artistique, Jean-Marc Fuentes, et le mien depuis […]