Liz Cherhal, de l’énergie et de la force pour douze

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2007

Après la fort belle finale du Moustaki, le 26 février dernier, j’avais acté qu’il serait super difficile de me couper la chique deux jours de suite. J’avais cependant pris note de longue date que Liz Cherhal venait jeter l’ancre pour deux soirs, à la Scène du Canal. En d’autres temps, on appelait ça l’Espace Jemmapes mais ma métaphore tombait à l’eau avec Espace Jemmapes.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Liz Cherhal donc, jeune chanteuse « entre 25 et 35 ans » comme elle s’amuse à le répéter plusieurs fois au cours de la soirée. Liz vient de sortir un nouvel album, son second, qui s’intitule Les survivantes. On t’en a causé sur Hexagone et tu peux aller te rafraîchir le bulbe par ici. Un album réalisé par Morvan Prat qui officiait également sur la scène vendredi soir. Ce disque est à mes yeux une des plus belles réussites de ce début d’année. Il parle souvent d’événements douloureux qui jalonnent nos existences et qui épargnent ni les artistes ni les chanteuses.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Ce sont toutes ces plaies en voie de guérison, parfois pas, cette âme à raccommoder qu’est venue chanter Liz Cherhal, accompagnée de sa formation pop-rock. Des chansons qui causent de la mort, de séparations d’êtres chers, de la complexité des relations de famille et de tout un fatras de bazars qui font nos vies écornées, écorchées mais profondément intenses et intéressantes. Des vies vivantes.

Liz Cherhal s’est emparée de ses bobos pour en faire une manière d’hymne à la vie. De ce matériau brûlant comme lave elle a fabriqué un mémento pour l’hiver. Comme l’album est tristement joyeux, le concert de Liz est joyeusement triste. Et on se marre pas mal pendant le spectacle. Liz, tantôt derrière un clavier porté par une sorte d’aquarium vide. Avec des lampes dedans. Liz, tantôt derrière une guitare folk. Tantôt derrière rien du tout. Dans ces moments de « derrière rien du tout », Liz déploie une énergie généreuse. Elle bouge, elle court, elle saute, elle danse. Elle évacue et c’est beau, léger puisque le temps de quelques titres épars, l’on sort de la chanson, l’on est dépossédés de notre matière favorite pour partir sur les rives d’une expérience corporelle thérapeutique, pour voyager sur un chemin qui n’est pas nôtre.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

On se marre je disais. Oui. Comme avec la chorégraphie de groupe sur Je prends des médicaments qui devrait rapidement devenir le tube de scène.  Aussi, quand elle est seule derrière son clavier, elle profite Liz pour raconter, séduire. Elle balance des petites anecdotes, son envie « de chanter en langue des signes » par exemple, parce que cette fille – entre 25 et 35 ans donc – c’est dans l’humour en partie qu’elle puise sa force et son courage. Cette force qu’elle « a pour douze » comme elle le chante sur la très enlevée et autobiographique Moi, ma liberté. De l’humour toujours, elle n’en manque pas dans son rapport au public. Elle l’interpelle régulièrement, comme un vieux pote, le sourire en coin, ne le ménage pas toujours pour mieux le mettre dans sa poche.

Sur le plan musical, parce que ça compte pas mal dans une chanson quand même, le spectacle s’appuie largement sur les variations colorées et sucrées de l’album présenté. Beaucoup de rythmes, des couleurs pop élégantes. Des moments plus apaisés également. Ces quatre personnes sur scène se connaissent bien, s’apprécient et ça se voit. Leur prestation de vendredi était fluide, nette, maîtrisée et le public venu très nombreux a su apprécier la belle came qu’on lui présentait. Au point de demander un second rappel, auquel Liz s’est pliée volontiers, mentionnant tout de même et presque à contrecœur qu’elle « n’avait plus de nouvelles » à chanter. Qu’importe, c’est sur une reprise de Michèle Bernard (sa chanteuse préférée qu’elle dit Liz !), en acoustique unplugged, que Liz clôt cette agréable soirée. Avec l’incontournable et impeccable Morvan Prat au violoncelle.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Souffrances, douleurs mais survivance, pour le dire dans le thème de l’album et de la tournée. Force, courage, espoir, une victoire à l’énergie pour une Liz Cherhal qui offre sur scène le combat d’une vie de femme. La sienne.


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