Putain d’bagnole !

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L’automobile est un moyen de transports pour relier un point A à un point B, un véhicule. C’est certes son usage premier, mais il serait bien peu malin de ne la considérer qu’ainsi. Notre société de consommation la promeut dans des publicités ultra design, la personnalise avec de doux adjectifs (familiale, berline, sport…) et l’expose dans de luxueux salons… Depuis des décennies, l’automobile s’impose comme le reflet d’un statut social, le signe extérieur de richesse (ou pas) par excellence. Miroir sans glace de notre société ? Renaud chantait déjà en 75 : « En novembre au salon d’l’auto, ils vont admirer par milliers, l’dernier modèle de chez Peugeot qu’ils pourront jamais se payer »!

Deux ou quatre roues motrices, une carrosserie couleurs métallisées, un moteur vrombissant et des sièges cuir ultra conforts transforment rapidement l’homme (du moins l’individu) qui la conduit. Sans schématiser à l’excès, la voiture est chez certains mâles, le prolongement de leur virilité. Ils peuvent ainsi se transformer en ogre insultant copieusement ses con-génères osant utiliser la même route qu’eux.

Premier préalable pour jouer les easy driver : le permis ! Ce délicieux passage obligé devant les autorités pour comprendre et assimiler toutes les règles de bonnes conduites, celles du vivre ensemble sur les routes (si si !) : priorité à droite, voie d’accélération, bon usage du rond-point. Stef ! a tout compris !



Le permis et la voiture sont l’expression d’une liberté primaire : celle de se déplacer, mais aussi, quand on est jeunes, celle de voler de ses propres ailes loin de la cellule familiale. Quand on est grands, cette liberté mute en une enivrante possibilité de tout plaquer sur un coup de tête, et aller….. nulle part, mais loin.

Loin…. Sur la route des vacances au volant d’un monospace avec le truc qu’on tire et que ça fait porte gobelet ! Allez, avouons-le ces petits détails qu’on est fiers de montrer, c’est notre touche, celle qui confirme qu’on a bon goût ! Mais l’assimilation sociale a ses limites et Bénabar a imposé la sienne : pas de pull noué sur les épaules !

La voiture circule sur les routes de France portant en elle les espoirs de voyages, l’idée des vacances que l’on soit sur la célébrissime Nationale 7 ou coincé sous le tunnel de Fourvière. Le coffre plein, la révision faite, des heures d’ennuis nous attendaient. Ah nos jeunes années passées sur la banquette arrière (les sièges auto n’existaient pas !) à tuer le temps avec le frérot, en révisant notre géographie grâce aux plaques d’immatriculation. Fatalement, à un moment, l’un de nous lançait un « hé oh à quelle heure on arrive ? ».

Et papa ne répondait pas, occupé à fumer ses gauloises sans filtre. Sa bagnole démarrait rarement au quart de tour, il fallait parfois pousser. On ne savait pas encore que le poste de sa bagnole façonnait nos futurs goûts: France Info, Sydney Bechett, Léo Ferré.



Mais parfois la route nous échappe, les freins lâchent, on s‘étourdit, on lit un sms et le voyage se confond avec la destinée.

Celle de la prison, lorsqu’Eddy ne rejoindra pas sa belle en robe blanche


Celle de la mort au tournant, comme Coluche face à ce camion ou au bout du chemin de brousses pour ces enfants d’Afrique face aux Mad Max de bazar du Paris Dakar



Enfin celle qu’on se choisit pour échapper à la vie



L’automobile comme la moto ont pour passager la vie et la mort parce qu’elles sont sources de sensations, de frissons. Ce frisson est loin d’être l’apanage du mâle, de L’homme à la moto de Piaf avec son blouson de cuir et son aigle sur le dos. Il ne faut pas moins que Bardot pour nous le rappeler et nous expliquer comment le désir monte au creux de ses rrrrrrrreins !



Dans des grandes villes, la voiture connaît des concurrents féroces : les transports en communs et le vélib’ ! Formidable alternative à la pollution, aux places de parking introuvables et aux bouchons ! Alors, boboisation ou réelle solution aux contraintes de circulation urbaines, toujours est-il que beaucoup l’ont adopté. C’était sans compter sur l’apparition de l’autolib’ ! Pas de quoi rentrer à la maison sur les mains !! A moins que…


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