Karim Ebel vient du hip-hop. Brice Chandler du folk. A priori les cow-boys face aux indiens. Ou l’inverse. Mais comme c’est souvent le cas, une histoire de croisement de potes fait se rencontrer ces deux-là, tout deux épris du Grand Ouest façon Leone. Visage pâle s’acoquine avec le grand sioux et ça donne Cantinero. Un folk-rock où le banjo dépose son sceau, la marque de fabrique d’un jeune groupe à découvrir assurément. Pour ce, Karim nous file un coup de main et répond à nos questions.
Hexagone : Peux-tu raconter ta rencontre avec Brice et comment vous est venue l’idée de monter Cantinero ensemble ?
Karim Ebel : En fait, on avait des amis musiciens en commun. On était chacun dans nos projets respectifs. Brice arrive de la folk et moi du hip-hop. Honnêtement, à la base, c’était pour le fun, s’aérer au niveau de la création et sortir un peu de ce que chacun faisait habituellement.
Hexagone : C’était quand ?
Karim Ebel : il y a environ 4 ans.
Hexagone : Tu écris les textes, Brice les compos. Comment s’organise le travail ? Chacun de son côté ou ensemble ?
Karim Ebel : Concrètement, soit on s’enferme une journée en studio et chacun expose ses idées, soit l’un ou l’autre arrive avec un texte ou une compo construite et l’autre bosse dessus après coup. Il n’y a pas vraiment de règle.
Hexagone : Vos influences respectives sont-elles les mêmes ou divergent-elles ? Pour toi Karim, c’est qui ? Pour Brice ?
Karim Ebel : Tu sais, j’adore des gens comme Johnny Cash ou Bruce Springsteen. J’aime les gens qui ont une vraie histoire et un vécu, les gens un peu cabossés qui ont quelque chose à raconter, ça se ressent dans leur voix. Mais étant issus de la génération MTV, on a été autant biberonné au rock de Nirvana et de Neil Young, qu’au Hip Hop des Beastie Boys, Beck ou Everlast.
Hexagone : Cantinero, c’est musicalement et textuellement une couleur « western » au sens large. Comment s’est créé cet univers ? D’où vient-il ? Que traduit-il ?
Karim Ebel : Clairement, c’est le cinéma qui nous influence dans notre démarche artistique. Ça part souvent d’une ambiance, que ce soit une scène, un dialogue ou même un titre de film. Souvent, ça part de là, c’est donc normal que ce côté climatique se ressente dans notre musique. On s’est beaucoup retrouvés là-dessus avec Brice. On est fans des grands classiques de Sergio Leone aux séries télés comme Breaking Bad ou True Detective.
Hexagone : Tes textes ne sont pas dépourvus d’engagement, d’implication politique ou citoyenne. C’est important d’ouvrir sa boîte en chanson ?
Karim Ebel : C’est pas notre vocation première, on veut pas tout mélanger, mais parfois ça démange et on se laisse déborder par l’émotion. Clairement nos chansons n’appellent pas à la révolte, mais sont plus un état des lieux, un bilan.
Hexagone : Les thèmes des chansons, les textes du coup, sont-ils concertés ou ta liberté personnelle est totale à ce niveau-là ?
Karim Ebel : Tout est fait à l’unanimité, texte et musique. Pour que ça fonctionne, il faut que chacun se retrouve dans le discours de Cantinero. Mais en général on est assez d’accord.
Hexagone : Sur la scène actuelle, de qui vous sentez-vous proches ?
Karim Ebel : En ce moment en France, il y a des trucs assez cools qui émergent, des OVNIS, connus des médias ou pas, qui ont conquis leur public par le live. C’est de cette démarche dont on se sent proche, des artistes eux-mêmes, musicalement c’est autre chose et finalement assez secondaire.
Hexagone : Votre premier EP vient de sortir. Un album est-il en prévision ?
Karim Ebel : C’est encore, en toute honnêteté, un grand point d’interrogation. A priori, c’est l’album à l’automne, mais on ne sait pas. Il y a des paramètres qu’on ne maitrise pas. Si c’est un EP, ce sera un EP. Nous, ce qui nous importe, c’est de produire de la musique. Le plus important, c’est le live. Rencontrer les gens, c’est vraiment important. On vit un peu notre projet au jour le jour.
Hexagone : Sur scène, comment ça se passe ? Vous n’êtes que tous les 2 ? En formation ? Ou variable selon les dates ?
Karim Ebel : On a tout essayé. En fait ça dépend des endroits, intimistes ou pas. En ce moment on tourne plus en duo en revenant à nos premières amours, en mode hip hop, une guitare électrique et des machines (sampler), avec parfois notre pote Igor qui nous rejoint à la trompette.
Hexagone : Sur scène, on retrouve l’esprit folk du disque ou bien cherchez-vous à donner autre chose ?
Karim Ebel : C’est le cas sur certains morceaux, mais l’ambiance générale est plus rock, on a branché les guitares ! On s’est rendu compte que ce qui fonctionnait le mieux en concert et surtout ce qu’on préférait jouer, c’était les chansons qui tendaient un peu plus vers le rock. Du coup, naturellement, on va plus vers ça maintenant. Bien entendu, on garde des couleurs plus acoustiques sur certaines chansons, mais les nouvelles chansons ont été écrites à la guitare électrique alors qu’au départ, on était toujours partis sur des guitares acoustiques et des voix intimistes.
Hexagone : Quelles sont les prochaines belles dates à venir pour Cantinero ?
Karim Ebel : Nous serons au Festival La Pamparina, le 4 Juillet, avec les Fatal Picards, et à la rentrée y a des trucs assez cools qui se profilent. On touche du bois.