Le temps file. Le temps file et je n’ai posé encore aucun mot sur cette soirée Deuxième Génération qui réunissait deux artistes fort appréciés dans la maison Hexagone. Lise Martin et Tomislav. C’était, je te le donne en mille, dans cette fameuse Blackroom qui commence à faire parler d’elle d’après ce que raconte mon petit doigt. Mais bon, des fois, il exagère aussi. C’était à La Blackroom, tranquille peinard, et c’était le 7 novembre dernier. C’était bien, tu t’en doutes, mais cette date semble déjà loin…
Bah ouais, je sais, j’ai traîné… J’ai traîné. Une bonne quinzaine de jours et du sang ont coulé sous les ponts depuis ce 7 novembre. Je ne sais pas si c’est le temps qui s’est arrêté un moment, si c’est la vie, l’espoir, la raison, mais il y a des situations comme ça, où plus rien ne semble avoir de sens. Des moments où si l’on sait que l’on ne comprendra jamais rien à ce monde, si l’on sait sa complexité, on se prend surtout à en désespérer complètement. A se sentir définitivement inutile. C’est même pas un acte volontaire, c’est juste comme ça, du dégoût ordinaire, un tout à l’égout qui sature, qui ne peut plus rien avaler des horreurs qu’on lui perfuse au quotidien.
Je ne sais pas si c’est notre égoïsme de petit occidental nanti qui se meurtrit sous le coup de la loi de proximité ou si c’est notre sens indéfectible de la liberté, de la civilisation, qui se sent écorné au point d’en perdre un temps l’usage de la parole. Alors, quand la connerie, la saloperie, la barbarie, les connards, les débiles, les fanatiques et autres pléonasmes frappent à l’aveugle au nom d’une prétendue religion dont ils ne maîtrisent pas tout, quand tu vois tombée cette jeunesse, tu te dis que toi non plus tu te relèveras pas. Tu chiales un coup, puis deux, puis douze, tu refous ton stylo dans ta poche parce que les larmes que tu verses font vase communicant. C’est l’encre de tes yeux pour dire comme Francis. A quoi bon tout ça ? Tout ce qu’on fait. Quel sens ? C’est tellement dérisoire, futile, ces petits papiers, ces articles. Si nos boulots, notre envie et notre mission à nous autres petits preneurs d’otages de claviers Mac Intosh, c’est d’inciter les gens à aller en concert pour qu’ils se fassent tirer comme des lapins, on fait quoi ? On est quoi ? On a fait quoi ? On a un peu raté l’objectif qu’on se dit…
Moi, ça partait gentiment en vrille dans mon crâne, ça chauffait, alors j’ai posé la plume pour la laisser refroidir. Il s’en est fallu de peu pour que je la croie responsable. J’ai eu besoin de prendre l’air. De respirer un grand coup en dehors de la tuyauterie du net. De pas trop zoner sur les réseaux sociaux, dans une cohorte d’hommages qui bizarrement me fout toujours mal à l’aise. J’ai breaké la plume et le Facebook mais j’ai voulu ressortir très vite pour ne pas trop laisser s’installer la peur en moi. Parce que, eh ! je vais pas te la faire à l’envers, bien sûr que j’ai peur. Bien sûr que je suis mort de trouille ! Quand t’as des allumés, des cinglés de la Sourate qui se baladent à côté de chez toi et dans les salles que tu fréquentes, avec une kalach’ à la main et les poches bourrées d’explosifs, tu veux faire croire à qui que t’es serein ? Les kamikazes, c’est eux, c’est pas moi ! Donc ouais, je flippe et j’ai voulu sortir pour me botter le cul. Manque de bol, dans mon programme de la semaine dernière, soit ce sont les salles qui voulaient pas sortir et qui ont annulé les événements, soit les artistes, soit moi parce que je me suis chopé une gastro de ouf.
Puis, ce week-end on a tourné l’épisode 2 de La BAC. Tu vois, ce que c’est ? Ça m’a fait un bien fou en plus du Smecta et du Spafon. Voir les potes, se marrer, retrouver le goût du rire et de déconner. Tout ce qui fait que la vie a de la saveur, tu vois. Le rire, c’est une des seules armes de reconstruction massive que je dis ! Du coup, j’ai rechargé mon clavier et mon stylo et maintenant j’ai une envie de dingue de me radicaliser moi aussi. Contre les empêcheurs de s’épanouir en rond. Les envasés du bulbe, les englués du cortex, les cerveaux délavés, les blaireaux qui prennent le monde pour un jeu vidéo à la con et qui n’ont pas compris que son abus rendait épileptique.
Bon, Hexagonaute, je devais pas te parler de Lise et Tomislav ? Je crois que j’ai un peu dévié non ? Tu m’en veux pas trop de m’être répandu sur ton épaule ? On commence à se connaitre plutôt bien toi et moi et j’avais besoin de te dire tout ça. C’est couillon ouais, mais bon. Du coup, tu sais ce qu’on va faire ? Comme je t’ai pas causé de la soirée Deuxième Génération du 7 novembre et que là j’ai plus le temps, je te mets ci-dessous les 2 concerts en intégral de…. si si t’as bien lu, ne m’interromps pas, les 2 concerts de Lise Martin et Tomislav. Puis, les 2 duos qui causent de Renaud ! T’es pas volé quand même hein ?