Combien de fois faudra-t-il lui répéter au Mad que la langue honnie de l’oppresseur culturel anglo-saxon est proscrite au sein de ce webzine de résistance ??!!! Dans son immense mansuétude, El Commandante Desreumos lui a accordé la publication de cette chronique du Mama Festival, mais uniquement pour vous narrer les sets d’ALEX NEVSKY et de PAIN NOIR.
Il est de mon devoir de militant hexagonal assermenté de commencer par faire mon autocritique ; de toute la prog’ de ce 14 octobre, premier jour du Mama Festival, c’est le ricain Nathaniel Rateliff qui m’avait tapé dans les esgourdes… Et c’est dans l’attente de son set que je me décidai à aller écouter Alex Nevsky, ci-devant « artiste pop-rock canadien » aux Trois Baudets. Lorsque je pénétrai dans cette antre dédié à la chanson française, je n’étais pas suffisamment sur mes gardes et me retrouvai sans crier gare devant le sicaire préféré d’El Commandante, Fredo-two-shouts. Je tournai vivement des talons mais fut rattrapé par le colback par sa poigne de fer… Il me traîna devant une ravissante jeune femme, aux cheveux courts délicieusement bouclés, qui m’adressa un lumineux sourire quelque peu embarrassé.
– Vas-y le Mad, dis-y à Aless que c’est moi le seul, l’unique bras droit de Dave !!
Je tentai vainement d’acquiescer, la gorge prise dans un étau. Aless s’en contenta et s’adressant à mon tourmenteur :
– C’est donc vrai… Mais c’est que tu marques un point là…
Fredo se rengorgea et desserra légèrement son étreinte. Je me tâtai de glisser à ALESS que je le soupçonnais d’avoir fait le même coup à Robi mais décidai de jouer la prudence en fermant mon clapet.
– Alors suppôt de l’impérialisme yankee, tu viens voir Alex Nevsky ! T’es encore complètement aux fraises ; c’est un francophone le cheum, pas un foutu ricanophile…
Sans attendre ma réponse, dont il n’avait cure, il embraya.
– Bon, c’est pas tout ça mais j’suis en mission pour Dave ce soir, je file à La Boule noire pour Radio Elvis. Faut que j’sois bien placé pour les shooter. Ciao bella !
Et il me laissa tomber comme un vulgaire sac de linge sale devant la belle Aless. Celle-ci les yeux dans le vague, ne prêta même pas attention à son départ, pas plus qu’à ma chute d’ailleurs. Je ne doutai pas un seul instant qu’elle songeait au grand chef de la tribu hexagonale, pour lequel elle devait assurément se pâmer… Mais qu’est-ce qu’il peut bien leur faire à toutes !!! Avec un tel pouvoir phéromonique, c’est pas demain la veille que je vais réussir mon coup d’éclat contre lui à Hexagone. C’est donc l’ego en berne que je pénétrai dans la salle et avouons-le tout net, grâce aux balades pop d’ALEX NEVSKY, que je parvins à retrouver un semblant de sérénité. Des balades pas si calmes d’ailleurs, plutôt pêchu sur scène l’cousin d’Amérique… Flanqué de part et d’autre par un duo guitare/basse fort efficace et par un batteur qui se dissimulait à la vue mais non à l’oreille, le bel Alex, feutre noir sur chevelure bouclée, déclare avec fougue son amour à Himalaya, nous invitant à nous colorier… C’est frais, ça cartonne au Québec, il y a de grandes chances que cela fasse de même dans l’hexagone (private joke, flagornerie éhontée… rayez la mention inutile).
Je ne me risquerais pas à une exclusion du parti hexagonal et ne vous ferai donc pas de retour du set de Nathaniel Rateliff, auquel je filai fissa ensuite. Sachez seulement qu’à l’issue, j’hésitai un moment avant de rejoindre la Boule noire pour y écouter Last Train, car Radio Elvis y passait juste avant. Je n’avais nulle envie de me retrouver une nouvelle fois face à Fredo le terrible. En me faufilant au sein de la file longeant la petite soeur de la Cigale, je croisais Pierre Guenard et Colin Russel (ndlr : membres de Radio Elvis) qui en sortaient. Je pouvais y aller ; le shooter fou devait déjà être dans une des salles squattées par le Mama. L’embargo demeure, je ne puis écrire un mot sur ces jeunes fougueux rockers mais c’est tant mieux pour vous, beaucoup trop bruyants pour vous les franchouilles… Et ce n’est pas Sven de Parabellum, expert en la matière et grand habitué des lieux, qui me contredira.
PAIN NOIR, vu à la suite au petit théâtre de l’Atalante, est le nouveau projet du clermontois François-Xavier Croisier. Je me sens en osmose avec ce barbu d’instit’ qui a déclaré il y a peu, avoir abandonné l’anglais de son précédent projet, St. Augustine, et ses textes de fait « pas très élaborés » au profit de notre belle langue. Un choix qui lui permet, je cite, « d’approfondir un peu les paroles pour qu’elles soient beaucoup plus imagées. » Un peu comme votre serviteur depuis son entrée par la p’tite porte au sein de votre webzine favori en quelque sorte… Mon premier Hex-files était consacré à La Maison Tellier et ceux-ci m’ont permis de découvrir le folk à la française (à doses homéopathiques néanmoins, faudrait voir à ne pas trop s’assoupir…). Le Sieur Croisier partage d’ailleurs avec les gars de chez Maupassant une écriture iconographique, traversée par des odes à la nature et une tendance certaine à disserter avec une ironie bon enfant entre chaque morceau. A contrario de la pléthorique fratrie Tellier, il a choisi de se produire seul, s’accompagnant à la guitare et s’aidant d’un looper qu’il utilise avec une salutaire parcimonie… Dans ce théâtre de poche qu’est l’Atalante, c’est un excellent choix de format pour apprécier une personnalité, une voix et des textes qui se sont allés s’enraciner direct dans le bloc tampon musique de mon disque dur interne. Son Requin baleine y tourne en boucle, nul doute que je vais me procurer dare-dare son album sorti ces jours-ci et je vous invite à faire de même… Je n’en avais décidément pas eu assez de la proximité moite de La Boule Noire puisque j’y retournais pour les belges de ROSCOE. Là aussi, silence radio mes agneaux, c’est en grand breton…