Michèle Bernard, la bonne école Lyonnaise

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A l’initiative d’Anne-Laure Girardot, professeur des écoles à l’école primaire Aveyron de Lyon, l’artiste lyonnaise Michèle Bernard a participé cet hiver à un travail avec les classes de CP de cet établissement. Durant plusieurs mois, les élèves ont travaillé et appris un répertoire qu’ils ont interprété en public tout récemment, en mai. Leur enthousiasme était palpable et partagé par les parents d’élèves et les enseignants réunis dans une grande salle de spectacle pour l’occasion. Michèle Bernard et Anne-Laure Girardot ont bien voulu répondre à nos questions le jour du spectacle final. Et cette école très chanson française ne s’en tient d’ailleurs pas là car 4 autres classes ont également travaillé un autre répertoire de chansons françaises (Renaud, Pierre Perret, Brassens, Trenet et Bruel) qu’elles présentent comme spectacle de fin d’année. Vous voyez, à Lyon, on chante dès le plus jeune âge et de la belle chanson.

 

Photo Chantal Bou-Hanna
Photo Chantal Bou-Hanna

Hexagone : Michèle, tu interviens dans les écoles depuis longtemps ?
Michèle Bernard : J’ai commencé à le faire quand je me suis risquée dans les chansons « jeune public, » c’est à dire il y a une dizaine d’années. J’ai vu que mes chansons circulaient beaucoup en milieu scolaire et j’ai commencé par être sollicitée sur des projets. J’ai monté aussi un spectacle tous publics pour les 7 à 76 ans et plus. Mais, bien sûr, cela se fait en plus de mes spectacles pour adultes qui continuent. Ces interventions dans les écoles ont pris beaucoup d’importance car la demande est grande.

Hexagone : Et cette demande, elle arrive toute seule ?
Michèle Bernard : J’ai beaucoup répondu à toutes les demandes. Maintenant il faut que je me calme là-dessus car je pourrais y passer ma vie. Mais je ne veux pas que ça devienne un plein temps. Pour moi c’est une partie d’un tout. La chanson c’est ce qui relie, les jeunes et les vieux, le passé et le présent. Et ce large spectre d’auditeurs de mes chansons, cela me touche beaucoup.

Hexagone : Avec l’école Aveyron il n’y a pas au programme que les chansons pour enfants mais aussi les chansons pour adultes ?
Michèle Bernard : Les enfants se sont emparés de chansons que j’avais écrites pour les adultes. Je pense à Maria Suzanna que j’avais écrite pour un spectacle pour adultes. Dans le fond, la frontière entre chansons pour enfants et chansons pour adultes est assez fine. A partir du moment où on utilise un langage simple sans être simpliste, il y a un imaginaire qui peut parler aux petits comme aux plus grands.

Photo Chantal Bou-Hanna
Photo Chantal Bou-Hanna

Hexagone : Anne-Laure Girardot, comment ce projet avec l’école Aveyron s’est-il bâti ?
Anne-Laure Girardot : C’est moi qui en ai eu l’idée. J’avais envie de bâtir un projet chanson qui fédère toutes les classes de CP. Une classe de CM1 a eu envie de se joindre au projet. On a travaillé les textes des chansons avec les enfants en lecture mais aussi en langue orale pour travailler sur la compréhension des histoires que racontent ces chansons. On avait aussi envie de travailler avec un artiste pour sensibiliser les enfants à ce mileu là. On a voulu également profiter de la richesse des parents car l’école se trouve dans un quartier où on a beaucoup de parents qui sont dans les métiers du spectacle, des régisseurs, des musiciens de l’auditorium,  etc….

Hexagone : Et vous connaissiez déjà Michèle Bernard ?
Anne-Laure Girardot : Oui je connaissais un peu Michèle quand je travaillais dans une autre école. J’avais donc ce projet dans un coin de la tête depuis cette époque. Les enfants ont adhéré tout de suite au projet. On a écouté beaucoup de chansons de Michèle et si on les avait écoutés, on en aurait appris beaucoup plus. Les enseignantes ont travaillé en classe avec les élèves. En amont chaque classe a eu droit à 15 heures avec un intervenant musical qui a contribué à la mise en place vocale. Entre chacune de ses interventions on retravaillait sur les chansons dans chaque classe.

Hexagone : Et tes animations dans les écoles, Michèle, elles se passent toujours de cette façon ?
Michèle Bernard : D’abord je n’aime pas ce terme d’animation. Je ne suis pas pédagogue et je ne fais pas chanter les enfants. Ce que j’aime faire quand il y a un projet comme celui-là, c’est aller à l’école et rencontrer les enfants pour parler des chansons…. comment elles me sont venues. Et les enfants ont des questions sur les chansons ou sur ce métier. Ca se passe sous forme d’une discussion. On chante ensemble le jour du spectacle. Mais l’important est de faire connaissance avant le jour du spectacle et j’ai beaucoup de plaisir à faire ça. Il m’est arrivé dans les temps plus anciens de faire des ateliers d’écriture. Mais j’ai abandonné ça maintenant car je pense qu’il y a des gens qui font ça beaucoup mieux que moi.

Photo Chantal Bou-Hanna
Photo Chantal Bou-Hanna

Anne-Laure Girardot : J’ai trouvé cette rencontre avec Michèle très importante pour que le jour du spectacle les enfants ne soient pas là comme spectateurs quand Michèle chante avec eux. Il fallait qu’ils se rendent compte que c’est une personne comme eux. Il fallait démystifier l’artiste car les enfants commencent, surtout en CM1, à avoir une vision très particulière de l’artiste. Et j’ai été très émue quand une élève m’a dit « c’est la dernière fois de ma vie que je vais chanter avec la personne qui a écrit les chansons que je chante ».

Hexagone : Le répertoire connu par les enfants à l’école primaire est assez éloigné de ce que tu chantes, Michèle. Alors que va-t-il leur rester d’un contact avec des chansons comme les tiennes ?
Michèle Bernard : Seul l’avenir le dira. J’ai un souvenir d’école primaire où on avait appris Mes jeunes années, de Charles Trenet, dans la cour de l’école. Je me rappelle très bien l’émotion que j’ai ressentie à ce moment-là. Et je me dis que parmi ces gamins qui sont là, dans un coin de leur tête, il y aura un souvenir de cette journée avec moi et quelques chansons feront leur chemin, même si c’est complètement différent de leur environnement habituel. Ces enfants peuvent être touchés par ce répertoire qui est complètement décalé par rapport à celui qu’on leur sert tous les jours… et si c’est le cas, je trouve ça encourageant. Chacun fait sur terre ce qu’il a à faire. Moi ce que j’ai à transmettre ce sont ces chansons. Mais j’ai constaté aussi que le fait d’avoir touché l’univers des enfants amène des adultes, les parents, vers mes spectacles. De cette façon mon public ne vieillit pas avec moi et certains spectateurs plus jeunes l’ont rejoint grâce à ce travail avec leurs enfants.


Toutes les photos sont de Chantal Bou-Hanna. Un grand merci à elle.

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