Printival : Dimoné en plein air et au soleil

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Photo Michel Gallas
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Une petite chronique sur les deux derniers jours du Printival. Et, en toute logique, on commence par le dernier : le samedi, jour de marché. De la vie, de l’accent, des couleurs, des odeurs : j’aime bien ces moments là. En remontant le cours Jean Jaurès on entend quelques phrases définitives le long des étals : « Profitons des beaux jours et des bons moments car il y en a plus derrière que devant », « il n’y a que de la maladie dont on ne se remet pas, d’une déception ou d’un chagrin on se remet ! ». On arrive place Gambetta pour le concert de Dimoné à midi et en plein air. Très bonne idée de permettre aux Piscénois et aux touristes de passage de voir gratuitement et d’apprécier cet artiste pour qui ils n’auraient certainement pas pris un billet. Un superbe concert de Dimoné de plus en plus à l’aise sur scène et dans ses échanges avec le public. Sur Hexagone, on t’a souvent parlé de cet artiste : vas voir, entre autres, un compte-rendu de concert et son dossier. J’en extrais quelques phrases, en fait bien représentatives de sa prestation : « Un jeu de guitare hyper reconnaissable, des riffs subtils, vifs et précis. Une poésie au scalpel, qui fouille et farfouille les âmes et sentiments de tout un chacun. C’est un rockeur Dimoné. Il donne. Sans compter. Il joue son match, sautille, grimace. Il irradie, il électrise, il magnétise. »

Photo Michel Gallas
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A ses côtés, son fidèle complice Jean-Christophe Sirven, multi-instrumentiste impressionnant, rock band à lui tout seul : il joue du clavier de la main droite, s’occupe d’une machine avec la main gauche, donne le rythme avec son pied sur une percussion et souvent il chante en assurant les chœurs. Dimoné, décontracté, parle des rugbyman de Pézenas qu’il a croisé, de l’anniversaire de sa mère et de sa proximité avec Pézenas. C’est vrai que c’est un habitué des lieux. Il était venu il y a quelques années pour un concert lié à son album précédent, revenu pour Boby Lapointe repiqué avec une belle brochette d’artistes, avait animé une jolie cargolade un midi où il chantait quelques titres et servait du vin blanc. Plébiscité par le public, il se souviendra de ce nouveau passage. Très disponible après le concert, il dédicacera longuement son album, vendu à de nombreux exemplaires ce qui montre le succès rencontré.

Photo Michel Gallas
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Dernier jour du festival, cela incite à quelques fantaisies. Gérard Garcia, vice-président du Printival, et dessinateur à l’Hélicon, le journal du festival, grimé en Dimoné, blouson de cuir, tea-shirt et moustache noire dessinée, est venu présenter le concert puis a servi un verre de blanc au chanteur sur scène avant le rappel. Et la soirée de la veille, le vendredi ? Un double plateau alléchant Cabadzi et Karimouche. Ces dernières années, les deux premières soirées – chanson et carte blanche – sont en configuration public assis ; les deux suivantes c’est plutôt concert debout et sono plus forte. Mais ce vendredi la sono forte couvre très souvent la voix. C’est dommage que Karimouche et Cabadzi « s’escagassent » – comme on dit chez moi – à écrire des textes intéressants et qu’ils ne soient pas compris en concert. Ceux qui voyaient Karimouche pour la première fois ont beaucoup apprécié et ont été impressionnés par son énergie et son abattage. Sa prestation correspond à un show qui en met plein les yeux – belle création lumière – et plein les oreilles. Les aficionados de la première heure, dont le gars moi-même, évoquaient, un peu nostalgiques, les premiers spectacles quelques années auparavant. Et Kosh, fantastique beat box, pourtant mis en valeur sur un titre, semblait un peu plus anonyme parmi les trois autres musiciens. Et on sort du concert avec l’envie d’écouter l’album.

Photo Michel Gallas
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Pour Cabadzi, des soucis de compréhension des textes aussi. C’est dommage car on a envie d’aimer ce groupe composé, en plus du chanteur, d’une violoniste, d’un guitariste, d’un violoncelliste et d’un percussionniste beatboxer. Leur slogan c’est « Sad music for bad people ». Et on se souviendra longtemps du rappel : ils viennent au milieu de la salle chanter deux titres avec le public assis par terre autour d’eux. Et c’est superbe !

Pendant les quatre jours du festival, on a pu croiser pas mal d’artistes « locaux » ou régionaux, venus en voisins, très souvent pour voir les concerts comme Flavia, Caroline Fédi et Guilam vus sur la scène de la place Gambetta les années précédentes ou comme Olivier Lhôte et Coko. Le Printival est de plus en plus réputé pour sa mise en valeur de découvertes, artistes régionaux ou non. Pour beaucoup de spectateurs les deux grandes découvertes marquantes voire inoubliables de cette année seront Barbara Weldens et Lior Shoov. En ce qui me concerne, ayant eu le plaisir de découvrir et d’apprécier ces deux artistes plusieurs fois avant le festival, les découvertes ont été moins marquantes que les années précédentes (Hé Michel, avec tous les  concerts et plateaux découvertes que tu vois faut pas s’étonner de découvrir moins d’artistes au Printival !).

Photo Michel Gallas
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J’ai toutefois pris du plaisir à voir Jesers et Le comptoir des fous.  Jesers vient de Mulhouse pour distiller ses chansons humanistes et simples. C’est un artiste au parlé chanté et à la bonne humeur, un conteur aux racines métissées, se présentant ici en duo avec un bon guitariste aussi chanteur à ses moments. J’ai retenu un moment un peu particulier : une belle reprise de Mon p’tit loup de Perret. Les spectateurs de la place Gambetta firent une belle ovation à Jesers qui a gagné, l’an passé, le prix découverte du festival Pause Guitare à Albi. Le Comptoir des fous, de Montpellier, sextet sympathique de swing’n’roll, délivre une musique dynamique, joyeux mélange de chanson festive et de jazz New Orleans. Le groupe est composé de deux cuivres, d’un clavier, un batteur, un contrebassiste et un chanteur. Le samedi soir on entendait mieux les paroles même si celles du Comptoir des fous ont moins de contenu que celles de Karimouche et Cabadzi. L’objectif du groupe est clairement de prendre du plaisir et d’en faire prendre aux spectateurs en leur donnant envie de danser. Leur devise reste « « Du jazz dans le festif et du festif dans le jazz ! » Les titres sont explicites comme Pourquoi s’emmerder et Les assoiffés, la mise en place change assez souvent, et le concert est donc très agréable.


Au Printival Le 17 Avril Jesers, Cabadzi et Karimouche. Le 18 avril Dimoné et Le Comptoir des Fous

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