Fin septembre, avec Bienvenue dans votre époque, Bertrand Louis inaugurait une nouvelle série de chansons rassemblées sous l’étiquette « STÉRÉOTYPE(S) ». Il pose au travers ces nouveaux titres un regard affuté et sans faux semblants sur notre époque, un regard dans lequel son constat amer d’un monde déliquescent se trouve revigoré par une plume aussi directe et percutante que fine, drôle et ironique. Le deuxième morceau paru, A part la droite, il n’y a rien que je méprise autant que la gauche est d’une drôlerie sans concession. Et d’une grande lucidité…
De chroniques schizophréniques en caricatures, d’imitations en miroirs plus ou moins déformants dans lesquels se reflète tout le cynisme du monde contemporain (l’auteur dénonce les « slogans publicitaires, citations d’intellectuels moisis, ruines de poésie, intelligence artificielle et bêtise naturelle (ou l’inverse), floutage de gueule…bref ! Tout ce que vous voulez ! »), Bertrand Louis chronique la société moderne, sans artifice, avec toujours ce sens du rythme qui lui est propre donnant ainsi naissance à des tubes en puissance, comme dans ce troisième extrait au refrain entêtant paru ces jours-ci, Chaque jour est une chance.
On attend la suite avec impatience. Il y a dans cette série de chansons malicieusement mise en images une manière de réconfort paradoxal. On y ressent le malaise, un mal-être lié à ce monde en guenilles mais l’on y puise également un plaisir sincère, presque une bouffée d’oxygène, de voir un artiste enfin prendre le monde actuel dans son ensemble comme objet d’étude et de réflexion, de façon factuelle, concernée, sans démagogie et intelligente. Sortons-nous enfin de l’ère du tout à l’égo ?
Bel article. La forme des chansons en fait théoriquement des tubes en puissance mais au risque d’occulter ou d’amoindrir le constat amer et parfaitement lucide du propos. Ces nouvelles chansons sont dans la droite ligne des albums Baudelaire et Chansons pour elle.