Festival Barjac m’enchante, 31 Juillet, Cour du Château. B. comme Fontaine, un spectacle original sur le répertoire et l’univers de Brigitte Fontaine, interprété par trois musiciens chanteurs (ou l’inverse) : Eugénie Ursch (principalement au violoncelle), Hervé Suhubiette et Lucas Lemauff (majoritairement au clavier).
D’un poste de radio installé sur scène, semble jaillir au début du concert, et plusieurs fois ensuite, la voix de Brigitte (la voix des premiers disques, beaucoup plus claire que maintenant). Cela semble signifier : « C’est son univers, c’est le nôtre et voici notre lecture. » La quasi totalité du répertoire retenu correspond aux chansons du début de sa carrière. Dans les textes proposés, souvent surréalistes, parfois grinçants, avec un humour qui tire vers le noir et des pointes de tendresse, Brigittte Fontaine livre un portrait de la société avec, dans la forme, de la poésie et du second degré, de la distance et une sorte de folie. Il en ressort un vent de liberté, une ouverture que Suhubiette et ses deux partenaires ont mis en relief et en musique avec créativité, recherches instrumentales et atmosphères sonores. Ils nous offrent un spectacle très vocal avec de superbes polyphonies. Chaque titre est interprété en solo, en duo ou ensemble. Ce spectacle collectif, où chacun joue et chante, nous propose de très beaux arrangements. Et le fait d’avoir un violoncelle, un accordéon, des percus, un clavier et trois voix amène à proposer des morceaux différemment, avec un état d’esprit un peu original. Par exemple L’amour c’est du pipeau interprété avec… un trio de flûte à becs ! Ils n’hésitent pas à reprendre des titres longs comme l’emblématique Comme à la radio et La nuit est une femme à barbe avec un superbe arrangement. Ils émeuvent avec Grand Père chanté par Lucas et Hervé, surprennent avec Lettre à monsieur le chef de gare de La Tour de Carol. Le petit brin d’herbe apparaît comme un moment suspendu du concert. Parfois les textes, la mise en place ou l’interprétation surprennent ou font rire.
Avant le spectacle, dans le cadre de « L’instant des souffleurs de vers », Hervé Suhubiette montrait une autre facette de son univers avec le poème enregistré en duo avec Lucas Lemauff : Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France de Jacques Prévert. Et après le beau concert de Véronique Pestel, Suhubiette reviendra pour chanter en duo avec elle une superbe version d’Assez de Nougaro, dont il a fait les arrangements, accompagnés par Clément Wurm au violon, Clélia Bressat-Blum piano ainsi que Eugénie Ursch au violoncelle.
On ne peut qu’apprécier cette belle initiative de montrer dans la cour du château ce spectacle créatif, musical et original qui nous fait entrer dans un univers étonnant, peut-être un peu clivant. A noter que Barjac m’en chante a permis de montrer ce spectacle pour la première fois en dehors de la région toulousaine. Et pour la première fois dans une nouvelle formule, en trio car B. comme Fontaine a été conçu à quatre musiciens chanteurs et créé en novembre 2015.