Bastoon et Babouschka à Toulouse

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Photo Michel Gallas

Bastoon et Babouschka, c’est une entrée et une sortie particulières en claquant des doigts, c’est un spectacle mis en scène présentant des histoires en chanson qui vont du drôle à l’émouvant, du général à l’intime, sans oublier l’engagement. Bastoon et Babouschka, c’est un duo très complémentaire et complice, la combinaison de deux personnages aux caractères différents. Vue l’énergie débordante déployée sur scène, elle, Babouschka (Isabelle Sempéré) ne reste pas dans ses babouches. Elle écrit les textes et chante avec une voix superbe qu’elle pousse ou module suivant les morceaux.

Photo Michel Gallas

Toute en émotion et en sensibilité, elle s’implique totalement dans son interprétation et joue son rôle avec une forte présence de comédienne. Lui, Bastoon (Sébastien Gariniaux) ne semble pas enclin à aller à la basto(o)n. Il s’exprime, légèrement en retrait, à la guitare et au banjo, à la voix et à la senza, à l’humour et aux mimiques, et offre un contrepoint, décalé et irrésistible. Les Toulousains avaient pu les découvrir en Novembre 2012 dans deux bars musicaux, et deux mois plus tard, en apéro concert, déjà au Théâtre du Grand Rond. Ils y sont revenus, en ce début juin, pour jouer chaque soir cinquante minutes pendant cinq jours. Et ils se sont adaptés à cette formule : leur concert du mardi ne ressemblant pas du tout à la prestation du vendredi. Le premier jour, ils chantaient derrière leur micro, proposaient quelques « vieilles chansons » de leur répertoire. Ensuite, ils ont tout fait en acoustique, sans micro, en rodant de nouveaux titres. Elle, libérée dans l’espace, a encore plus fait participer naturellement le public qui reprend volontiers les refrains. A un moment, elle enlève ses chaussures « je viens de perdre douze centimètres » et « grimpe » sur un pilier du lieu. Très réactifs, par exemple à la phrase lancée par  un enfant, on les sent apprécier le moment présent, la proximité. Vu les applaudissements et la participation du public, que ce soit sur les titres entraînant (La rumba des fous, J’ai plus d’allant !), ou ceux plus intimes (Mon autre, Le chagrin) ou encore sur la chanson franco-colombienne (La Marea) ce duo ne doit pas, ne peut pas, imposer aux Toulousains une nouvelle absence de plus de quatre ans et demi !


Cinq jours dans la même ville laisse un peu de temps pour un entretien dont l’objectif est de te faire découvrir un peu plus ce duo. 

Photo Michel Gallas

Hexagone : Mais pourquoi décider de nommer un groupe de chanson française Bastoon et Babouschka ?
Bastoon : Cela vient tout simplement de quand on était gosse. Ce sont nos surnoms d’enfant. Aujourd’hui, on nous appelle toujours ainsi.
Babouschka : Comme cela, nous restons de grands enfants. Babouschka, pour Isabelle, cela vient de ma grand-mère d’origine Serbe.

Hexagone : Pouvez vous nous faire un petit résumé de vos activités, depuis votre passage ici il y a environ quatre ans et demi ?
Bastoon : Depuis que l’on est intermittent, on va à la pêche et aux champignons et on joue à la pétanque !
Babouschka : Oui, j’adore la pétanque et les cèpes, aussi la pêche à la ligne mais il faut bien respecter les mailles ! On a aussi sorti un album J’ai plus d’allant ! en 2015. Avant nous avions fait, en 2009, un album en duo Dix Vagues à Sons puis un six titres en quartet en 2013. Nous avons tourné à quatre, à trois et à huit. Pour J’ai plus d’allant ! nous voulions revenir à l’origine du duo, et enregistrer à deux en gardant l’énergie du spectacle. Pour que les gens qui sont venus voir le spectacle ne se disent pas « ouh la ! » l’album est à des années-lumière de ce que l’on a vu, avec des musiciens en plus, avec des arrangements différents.
Bastoon : L’idée du disque c’est que les gens qui écoutent aient l’impression que nous sommes deux, juste à coté dans le salon. Un « live » de proximité en quelque sorte.

Photo Michel Gallas

Babouschka : En 2014, nous sommes partis deux mois en Colombie, travailler avec le groupe Flor del Hito, et nous avons monté un spectacle franco-colombien. Quelques chansons d’un enregistrement studio, sous le nom de Marea, sont disponibles sur notre site et sur Soundcloud. Nous aimerions bien jouer avec eux, à nouveau, pour une tournée en France puis une tournée colombienne. Mais ils sont huit et financièrement … nous cherchons des sous pour les faire venir.
Bastoon : Flor del Hito fabrique ses instruments, joue avec des instruments recyclés, avec des poubelles. Nous avons vécu une aventure forte.

Babouschka : Nous avons aussi monté une forme de spectacle de rue : A la carte. C’est une déambulation. On fait des chansons à la carte pour les gens qui choisissent, comme au restaurant, s’ils veulent un plat, une entrée, un dessert ou le menu complet. Et on leur chante les titres, dans les yeux. C’est vraiment un autre rapport, assez magique.
Bastoon : Cela se passe dans une baignoire roulante, aménagée, avec un rideau de douche. La mise en scène permet que l’on soit vraiment très, très proche de la personne qui a choisi le titre et sur d’autres morceaux d’avoir un auditoire plus large.  Nous avons des dates sur des festivals de rue cet été, c’est une formule que nous voulons développer.
Babouschka : Depuis 2008 que l’on chante, on a laissé des morceaux sur la route, que l’on ne joue plus sur scène. Et là, sur A la carte, qui contient quasiment tout le répertoire, c’est chouette d’avoir l’occasion de chanter de vieux titres mais aussi une chanson colombienne, une chanson issue d’un voyage en Ethiopie, et des titres enregistrés mais qui n’ont pas trouvé leur place en spectacle. Ce qui est bien aussi c’est que cela peut se jouer partout. Et nous aimerions jouer, sans être forcément programmés, sur des endroits imprévus, pas faits pour, où les gens ne sont pas habitués. De pouvoir l’offrir, juste comme un cadeau.

Photo Michel Gallas

Hexagone : Quelques mots sur la semaine au Grand Rond ?
Bastoon : Chanter pendant cinq jours, c’est super agréable. Comme nous sommes en pleine période d’écriture, on peut aussi tester de nouveaux morceaux et voir les réactions.
Babouschka : Ce qui est assez génial aussi, c’est de pouvoir se dire ça y est, on peut abandonner les anciens titres qui fonctionnent et mettent du peps, mais qui  désormais ont moins de saveur et que l’on a moins envie de chanter. Et de prendre le courage de se convaincre que les nouveaux morceaux aussi vont amener ce peps là, à leur manière, et de ne pas avoir peur de quitter ce qui fonctionnait.

Hexagone : Dans votre spectacle, on voit deux personnages très différents et un enchaînement de styles (drôle, intime, engagé)… 
Bastoon : Oui, deux personnages, très très inspirés de nous, même si après la scène cela reste du jeu.
Babouschka : Le spectacle présente un côté théâtral. Sébastien est clown, moi comédienne. On se nourrit de nos autres projets.
Bastoon : Je fais du clown et je joue dans un groupe de jazz New Orleans. Isabelle est comédienne et fait du doublage. On a la chance de faire des projets de cœur, qui tous se nourrissent l’un l’autre.
Babouschka : Dans le spectacle on enchaîne les genres. Mais la vie, c’est rigolo, puis c’est triste, ce sont des catastrophes, des injustices sociales permanentes, et c’est l’amour. J’aime bien dans un concert, cette oscillation, cette alternance comme dans l‘existence. Tu as des moments d’énorme joie, puis tu te prends une grosse claque qui te fait tomber, et tu te relèves. Le spectacle c’est partager le même moment, se sentir vivant ensemble.

Hexagone : Après le passé, le présent avec le Grand Rond, parlez-nous un peu de demain, du futur…
Bastoon : Demain on joue encore au Grand Rond …
Babouschka : Après demain on joue à la pétanque ! On aimerait vraiment bien faire un nouveau clip qui sortirait en fin d’année. Puis faire un nouveau spectacle pour 2018 avec des chansons de J’ai plus d’allant ! et celles du prochain disque.
Bastoon : Oui, j’aime bien enregistrer un disque après avoir « tourné » les morceaux. Avec peut-être un objectif de sortie de disque en fin 2018.
Babouschka : Ensuite, on aimerait aussi avoir un projet à quatre, a priori violoncelle et batterie, plus électrique.

Photo Michel Gallas

Hexagone : Quels sont les artistes que vous aimez bien et/ou qui vont influencés ?
Babouschka : Catherine Ringer. CATHERINE, tu veux faire un duo avec moi ? Tina Turner. Tina, je veux aussi chanter avec toi… avant que tu meures. Marcel et son orchestre, Les VRP et Lhasa, la femme de ma vie. J’ai hésité à faire un spectacle de reprises d’elle car il faut continuer de l’entendre, de la jouer.
Bastoon : Moi, mes influences changent tous les quinze jours. J’adore pleins de choses, j’ai tellement d’influences jazz, rock, classique dont on peut s’inspirer. Dans les guitaristes, j’ai beaucoup écouté Django (Reinhardt). En ce moment, j’écoute Marc Ribot. Adolescent j’avais des posters de Nirvana dans ma chambre.

Hexagone : Qu’avez vous avez envie de dire, pour finir ?
Babouschka : Bouffez la vie ! Bouffez la vie tant que vous avez des dents …
Bastoon : Et même si n’avez pas de dents !


Bastoon et Babouschka au théâtre du Grand Rond à Toulouse (31). Compte-rendu des concerts des 4 et 6 juin. Entretien du 7 juin.

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