Barjac m’en chante, Romain Didier et Liz Van Deuq

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Photo Chantal Bou-Hanna

Mick au festival « Barjac m’en chante » avec les photos de Chantal Bou-Hanna

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1er août. Soirée « piano solo » : Liz Van Deuq et Romain Didier. Liz Van Deuq, vue trois fois sur quelques chansons dans divers tremplins et dont je découvre le concert complet. Un spectacle piano-voix solo qui ressemble à un One Woman Show mais avec un piano. Des chansons aux inspirations diverses, originales et parfois décalées comme Des rides (« Rien à foutre d’être vieux »), ou une chanson sur la vie et l’amour à cinq plutôt qu’en couple. La volonté de styles musicaux et de rythmes différents. Une jolie voix et de l’humour. Au piano la plupart du temps, elle le laisse parfois, pour venir debout au micro. Elle installe un personnage, une présence particulière avec sa manière de regarder le public en le fixant. Elle nous parle de son métier où elle doit assurer toutes les fonctions : auteur-compositeur- interprète et pianiste et agent et directeur artistique. Elle livre son « poème minute du jour », écrit juste avant le concert avec pour Barjac des rimes en « ac » et quelques à-peu-près puis donne le texte à un spectateur pour qu’il en fasse un avion (de papier). Elle évoque le réchauffement climatique sur une musique de Noël, fait rire le public avec Supporter sur le football et Au conservatoire, issue de son expérience et chantée en rappel. Insolence et fantaisie. Un appétissant hors d’œuvre.

Photo Chantal Bou-Hanna
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Romain Didier. Dans ce piano tout noir. Un concert conçu comme pour de la musique classique avec des blocs de chansons et de ponts musicaux qui s’enchaînent, sans applaudissements. Un récital magistral. C’est plus qu’un solo car c’est lui et son piano, son compagnon de notes, de plaisir et de travail depuis la jeunesse jusqu’à maintenant. Le sujet : une traversée de l’enfance à la mort en passant par l’amour et la vie de couple, une traversée qui parle de l’artiste mais aussi de la nôtre. Et c’est un des caractéristiques de la chanson que l’on aime : partir de l’intime, du personnel et aller à la rencontre de chacun en nous touchant personnellement. Plaisir des oreilles, de l’esprit et du cœur. Une belle élégance dans les textes et la musique. Chaleur de la voix et virtuosité du pianiste. J’avais eu le plaisir d’apprécier ce spectacle l’an passé en juillet dernier lors de sa création en version courte à Avignon. Je le redécouvre ici en version complète.

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Comme s’il était chez lui, il nous fait, en confidence en quelque sorte, un bilan de sa vie et de son répertoire d’auteur-compositeur : il a retenu uniquement des titres qu’il a écrits et composés et quelques reprises. Il enchaîne les titres avec, en écho au thème traité, des intermèdes musicaux de chansons connues, présentes dans la mémoire collective. Il ne s’arrête que trois fois : deux fois pour boire, une fois pour quitter la salle à la fin du concert (quatre en comptant le rappel). Aucune mise en scène, mais une création lumière à la fois superbe et discrète de Violaine Parcot utilisant à bon escient le cadre unique de cette cour du château.
Un bilan de sa vie. Je prends quelques exemples. Il débute par le titre éponyme du spectacle, Dans ce piano tout noir ( « y a les brumes de l’enfance … y a un drapeau anar … y a le journal de vingt heures … y a les lignes de ma vie … y a la mort qui attend … y a la femme que j’aime … les enfants de l’amour … y a les brumes de l’enfance » ). Nostalgie. Il évoque son enfance, avec plusieurs titres, chante La famille de Michel Jonasz et nous joue un extrait de Mon enfance de Barbara. Puis direction les premières amours avec, en autres, Julie la Loire (un de ses titres non chanté depuis longtemps), et joue quelques notes de Qu’il est difficile d’aimer de Vignault. Une petite observation sur les gens et leur comportement avec Dans ma rue (« Si dans ma rue y a que des gens tranquilles / C’est faute de guerre civile/  Si dans la rue y a pas de collabos / C’est faute de gestapo / Les gens gentils sont souvent des salauds / En manque de scénario »). Une chanson interprétée sur une mélodie gaie et un rythme rapide. J’en profite pour évoquer la qualité musicale, le plaisir que l’on reçoit à écouter Romain Didier jouer au piano, à voir ses doigts virevolter, à apprécier la fluidité des mélodies et la variété des styles musicaux. Une personne dira le lendemain que, fermant les yeux, elle avait plus l’impression d’écouter un orchestre qu’un piano seul. Autre thème : l’usure et la difficulté de la vie de couple avec J’ai noté ( Rien que pour les trois premières années huit mille sept cent soixante « je t’aime » Quatre cent en tout pour les suivantes et à peine six pour la dixième », et la musique de Tu t’laisses aller d’Aznavour. Puis il interprète Et maintenant chanté par Bécaud. La fin du concert traite logiquement de la fin de la vie avec d’abord la vieillesse illustrée par la superbe Insolente et infidèle, l’idée de la mort dans Dix pieds sous terre et lors du rappel, La folle complainte de Trenet.
On ressort ému, heureux d’avoir vécu un moment privilégié. Un grand moment.

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