Xavier Lacouture – Vingtième Théâtre à Vingt Heures

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2012
Photo David Desreumaux

En ce lundi 4 janvier 2016, honni par bon nombre de salariés, lesquels auraient volontiers joué à la trêve des confiseurs jusqu’à Pâques, Xavier Lacouture ouvrait comme qui dirait, le bal – lui qui me confiait il n’y a pas si longtemps, se rêver en éternelle débutante – dans la catégorie « chanteur invité. » Car le Vingtième Théâtre, en sus de ses créations de théâtre musical, aux antipodes des comédies violant sans vergogne Roméo et émasculant Juliette (à moins que cela soit l’inverse..), offre sa scène aux dimensions impressionnantes et sa salle gradinée aux moelleux fauteuils rouges, à des artistes estampillés chanson. Plus pour très longtemps, malheureusement…

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

La municipalité – plus connue sous l’appellation contrôlée de « la Mairie d’Paris » – a pour intention de fusionner ce théâtre public avec le centre d’animation qui le jouxte, sous couvert de le rendre plus « accessible » aux habitants du quartier. Comprenez jeunes-à-casquette à qui il faut démontrer les bienfaits de la culture avec un grand C. Comme si ceux-ci avaient attendus nos vertueux édiles, tellement soucieux de les voir sombrer dans l’infâme délinquance, pour se créer leur propre culture, plus urbaine il est vrai et paradoxalement moins policée. Passons… Si cette situation vous taquine la fibre citoyenne, n’hésitez pas à signer la pétition ad hoc, les gensses du théâtre vous en sauront gré. Et peut-être qu’ainsi, conserverons-nous une salle de spectacles, qui présente une programmation intelligente et réellement accessible, démarche rarissime de nos jours…

Pardonnez cette interminable introduction, limite digression, pour laquelle je suis passé à ça d’avoir été condamné à la crémation pas vraiment spontanée par l’inquisiteur général et hexagonal Don Desreumos… On ne pouvait passer sous silence l’une des raisons de la présence du Sieur Lacouture, ce soir-là, au Vingtième Théâtre, (outre le fait donc de faire son intéressant avec sa guitare devant les filles et être en plus payé pour ça, mais c’est l’objectif premier de tout chanteur, non ?). Ayant déjà sévi dans ces lieux, il a trouvé tout naturel d’y revenir pour témoigner son soutien à l’équipe de Pascal Martinet. Il convenait donc d’évoquer le contexte – en toute objectivité bien entendu – de planter le décor, car après tout, nous étions dans un théâtre que diable ! Non, Votre Hexagoneité !!! C’est une expression qui m’a échappé ! S’il vous plait, pas encore le supplice de l’eau, moi qui ne supporte que le vin depuis mon plus jeune âge…

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

« Par Saint Jean-Cap-Ferrat, t’as fini de t’écouter écrire et tu vas leur en parler du concert, damné hérétique grand briton !!! » Oui, bon voilà, voilà, ça vient… En même temps, le LACOUTURE, y s’gêne pas pour digresser lui ! Sur un site d’infos concert, dont je tairais par charité le nom, l’animal est identifié et donc épinglé scientifiquement, rangé de manière fort réductrice comme il se doit, dans le tiroir « chanson et jeu de mots ». C’est pas moi qui l’invente, hein… Si c’est sur Internet, c’est que c’est vrai, bon d’là ! En bon hexagonaute lettré que vous êtes, vous vous interrogeâtes néanmoins furieusement ; et pourquoi pas Chanson et humour ? Et bien, non finalement, ils ont raison les infos concertistes ; c’est bien d’un artisan émérite du jeu de mots, qui a élevé sa passion pour le verbe au rang d’art, dont il s’agit. L’animal se nourrit presque exclusivement, il est vrai, d’aphorismes d’une puissance rigolatoire à haut taux de pénétration. Jugez plutôt ; prenant prétexte que le fil conducteur de son spectacle traite peu ou prou d’un darwinisme tantôt social, tantôt jubilatoire et se comparant lui même à un primate qui aurait plus ou moins réussi son évolution, (tout en se posant moult questions sur la finalité de la dite évolution), il nous balance d’entrée – je cite – « Je descends du singe à la station debout »…

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Ah ça, Môssieur Lacouture, croyez-vous que le discours en voix-off, que vous nous proposez avant votre entrée en scène, vous dédouane de telles billevesées ? Il a beau émaner d’une éthologue qui nous souhaite très sérieusement la bienvenue chez les grands singes ; ne comptez pas pour autant sur notre clémence (ne rêvez pas, ce n’est pas une fille que vous pouvez entourlouper avec la malice qui vous caractérise) ! Vous êtes bien avisé de détourner l’attention du public en entamant votre « show » – accompagnés par vos deux complices en facéties musicales, Jean-Luc Pacaud et Thierry Garcia – par Kiss love, un reggae blues des plus entraînants. A propos d’enfumage notoire, vous déclarez à qui veut l’entendre que vous faites « de la chanson française. » Sur ce point, nous sommes d’accord mais nous nous inscrivons en faux lorsque vous ajoutez « bien planté dans ses charentaises, sur des rythmes de tango, musette et autre javanaise. » Car il faut vous reconnaître un certain mérite. Contrairement à certains de vos confrères, tant focalisés sur leurs propos qu’ils en oublient sans doute qu’ils font aussi de la musique, chez vous, ça « groove » (ah ça, je cherche vraiment à me faire excommunier moi…). Des preuves de ce que j’avance avec une telle outrecuidance ? Mais j’en ai à la pelle, ô Grand Inquisiteur (que Sainte Rita Mitsouko soit louée) ! Les rythmiques rock de L’homo salle de bains ou Dieu que pour toi. Le style country sur I lobe you, voire africain pour Les plaisirs de la chère… Sans oublier Bonjour l’amour qui sonne quant à lui, résolument blues… Et je ne vous parle pas du twist de Ton p’tit frère sur laquelle vous démontrez que vous avez encore un joli coup d’rein pour un sexagénaire (ne comptez pas sur moi pour tenter le jeu de mots, j’aurais l’air de toute façon minab’ en comparaison).

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Et le Garcia à la gratte, vous ne croyez pas qu’on a repéré ses petits riffs de Walking on the moon ou Stairway to heaven ? Et le Pacaud, avec ses percussions bien peu franchouillardes et ses remarquables performances corporelles lors de son solo d’homme de bain, il a pas grave le groove ? Vous même, qui passez de la guitare demi-caisse au ukulé, du bandonéon (y a un jeu faisab’ là non ?) à l’acoustique (qui ressemble à une Favino non ?), n’essayez-vous pas, en plus d’épuiser leurs zygomatiques, de faire bouger bras, jambes et postérieurs de vos spectateurs ? Pas trop tout de même, car vous le souligniez lors de votre interprétation des Survivants, votre horde de fans – très très présents dans la salle – et avec lesquels vous partagez semble-t-il bien des valeurs communes, est garantie d’origine. De fait, il sont jeunes encore, mais seniors malgré tout… Est-ce pour calmer leurs ardeurs et éviter de fait un accident cardiaque durant le spectacle, que vous avez choisi de le conclure avec un poème ? En tout cas, si je puis me permettre de vous paraphraser, c’était joli…

Ceci confirme qu’il est impératif de vous faire connaître des vrais jeunes (suivez donc l’exemple de votre collègue et poteau Jacques Haurogné, présent ce soir-là, qui les attaquent dès le berceau) pour renouveler votre potentiel de force de vente ! Admettons que vous préfériez jouer les mentors à la obi-wan-kenobi, auprès de Laurent Viel, Elie Guillou et consorts ou les parrains « adamiesques » de l’opération « Talents on y chante » en Avignon… Mais que diable (je fais cette fois-ci, référence à celui qui tire la bonne du curé par les pieds, c’est permis là, Don Desreumos… Non ?) vous n’allez pas laisser les oreilles de générations actuelles, quasi vierges en matière de « vraie » chanson aux mains de Matt Pokora ou Kendji Girac !!! Ah bon, ce ne sont pas des chanteurs à jeux de mots ? Pfuii… Je suis vraiment nul en chanson-d’mon-pays au final…



La liste de set du concert

Kiss love

Je fanfaronne

Mammifère

Regarder la lune

Les plaisirs de la chère

I lobe you

L’homo salle de bains 

Sans domicile fixe

V’là les beaux jours

Les survivants

Les animaux malades

Bonjour l’amour

Son cirque

Dieu que pour toi

Le bonheur combien ça coûte

Ton p’tit frère

J’ai mal à la terre

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