Anouk Aïata et Luciole, poésie, fraicheur et sensibilité au New Morning

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Photo Déborah Galopin
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Ce samedi 9 janvier, la première soirée concert de la « petite écurie – chanson française » a été lancée au New Morning. Au programme, deux artistes de la nouvelle scène : Anouk Aïata et Luciole suivies d’une jam session. Un petit attroupement est présent devant les portes, et pour cause : au New Morning, pas de réservation, tout se fait sur place et pour la première, nous ne pouvions pas louper ça ! Quand les portes noires s’ouvrent, le trottoir déborde. Une belle salle nous accueille, créant la surprise. La scène est spacieuse avec une fosse en cercle, entourée de banquettes où siroter son cocktail. Qui s’y attendrait quand on voit une devanture sauvagement placardée d’affiches de concerts ?

C’est à 21h30 qu’Anouk Aiata entre sur scène, entourée de Pomme au violoncelle et de Ben Benoliel à la guitare. Un chapeau noir, les cheveux détachés, un vernis rouge carmin accordé à son rouge à lèvres, Anouk Aiata incarne cette sensualité pleine de classe et d’élégance qu’elle retransmet également dans sa musique. On n’aura pas le loisir de chanter avec elle « Pourquoi regardes-tu la lune ? », mais Anouk sait tout de même satisfaire son public. Le set est presque essentiellement composé de ses nouveaux titres. A cette annonce, je me sens privilégiée. Bien sûr, comme souvent ça parle d’ « histoire d’amour qui se casse la gueule. On n’va pas se marrer des masses », clame la chanteuse, pourtant faut dire qu’elle a une belle façon de nous les raconter. Sa voix pleine de caractère évoque cet amant qui lui échappe. Toute l’émotion est contenue dans le refrain de A toi. Elle use de son vibrato par ces deux mots qui évoquent la destination de son voyage qu’elle n’atteint pas. Après la tristesse, elle apporte la joie, par son sourire qui illumine la salle.

Photo Déborah Galopin
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Installée en haut de sa chaise, Anouk Aïata instaure une ambiance intime. Le premier rang peut s’apercevoir de ses mains tremblotantes, mais sa voix, son attitude, restent impeccables. Elle fait rire son public, le rapproche d’elle, mieux : le convainc.

On a tout de même eu droit à un titre de son premier album, Les ronds de fumée. De ses doigts, elle mime les volutes de fumée, ils se meuvent sur la mélodie joyeuse. Qu’importe qu’elle parle de cigarette puisqu’elle en fait ressortir la beauté et la poésie. « Allongée sur le sable blanc / J’écoutais la mer en fumant / Le vent caressait doucement / Ce joli matin de printemps. Etendue là et si légère / je regarde danser dans l’air / Quelques volutes de fumée / Loin de ma bouche échappée ». La femme mangeuse des nuages du ciel, fait rêver son public.

Elle se risque à prendre la guitare et à jouer seule sur le titre Mois de mai. Malgré ses doigts que Pomme compare à des pains au lait, elle évite les fausses notes. Le jeu près du corps, révèle un son proche du ukulélé, qui apporte légèreté et un peu de la chaleur de ce mois. Elle termine son set avec L’oiseau de passage, morceau écrit pour Pomme, qu’elle a chanté en duo avec son interprète.

Après avoir eu l’exclusivité de ces nouveaux titres, on ne peut être qu’être impatient à la sortie de son nouvel album. Et que l’artiste se rassure, non, « ce n’était pas trop la mort » de l’entendre chanter, c’était un enchantement.

Photo Déborah Galopin
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L’enchantement s’est prolongé avec Luciole, accompagnée de sa troupe de musiciens : David Monet, clavériste, Antoine Kerminon, batteur, et Nilem, guitariste. Je l’avais déjà vue sur scène aux Trois Baudets le 11 mai 2015. Elle m’avait agréablement surprise et conquise. Cette première impression s’est confirmée.

Le set a commencé avec un morceau instrumental Autour. Une belle introduction qui nous fait monter dans son bateau de papier. Ce repos n’a été que de courte durée. Le trio de musiciens enchaine avec Glacée, titre sur lequel Luciole débarque sur scène telle une petite bombe. Les pieds nus, elle dégage une fragilité, une aisance. Pourtant, ne vous laissez pas berner par son apparence toute mignonnette. Luciole a dans les yeux une volonté qui ne trahit personne. Le regard agressif, elle chante « Tiens tu n’as qu’à voir, j’ai le coeur tout gonflé / si j’avais su que c’était si vif de t’aimer / tu es là près de moi quand mes yeux sont fermés / J’ai beau puiser en moi, je suis glacée ». Quand la musique s’empare de son corps, c’est dans des gestes saccadés et brusques qu’elle se met à danser. Elle transmet des émotions, les extériorise. L’accalmie a presque naturellement repris le dessus dès le morceau suivant C’est comme. La grâce lui colle de nouveau à la peau, lorsqu’elle se met à marcher sur la pointe des pieds, telle une funambule.

Photo Déborah Galopin
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Luciole nous confie qu’elle ne sait écrire que sur ce qui la touche. Elle transforme ses soucis en autre chose. C’est probablement la raison pour laquelle elle parvient autant à nous toucher à notre tour. Qui n’a jamais eu le sentiment de se retrouver dans le terrier du lapin blanc à tenir une clé, sans savoir quelle porte ouvrir ? Cette solution qu’on n’a pas.

Tout comme Anouk, elle nous présente certains nouveaux titres comme Sur les toits, endroit où elle se réfugie et écrit. Elle chante Nos mots a cappella pour leur donner plus d’ampleur. Les claquements de doigts du public battent la mesure. La beauté du cadre nous saisit lorsqu’elle construit devant nos yeux son bateau de papier en chantant ces quelques mots, puis le jetant sur scène, sonnant la fin du concert. Ce petit objet qui en apparence n’est pas grand chose, symbolise cette soirée, notre présence ici et tout ce que nous avons partagé ensemble. Pour la dernière, artistes et public donnent tout ce qu’ils ont sur J’attends, pour clôturer ce set comme il se doit.

Elle est venue nous jeter sa magie aux yeux, faisant valser notre cœur d’une émotion à l’autre, entre puissance et douceur. Luciole, c’est un petit ouragan, qui nous soulève et nous emporte dans son monde. Je suis repartie, le dos courbaturé, mais avec dans le cœur cette petite flamme qui danse.

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