Volin : « Quand tu écris, tu recherches un absolu en dehors du concret »

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Photo J. Chaussignand

Volin est monté sur la scène du Trianon le 19 septembre pour faire découvrir au public Parisien leur musique indé-rock guidée par le verbe. La verve de Canon ne nous a pas laissés de marbre. Hexagone était curieux d’en savoir plus. Deux des membres du groupe Montpelliérain sont revenus séjourner sur Paris au début de ce mois, pour, entre autre, voir jouer 3 Minutes sur Mer au Limonaire. Un groupe sur lequel nous ne manquerons pas de nous pencher. C’est à cette occasion que nous avons rencontré le bassiste Romain Delorme et le batteur, Maxime Rouayroux, autour d’un verre. Colin Vincent, la voix du groupe, était absent, mais que le lecteur Hexagonaute se rassure, les deux musiciens ont assuré. Comme sur scène : ils ont été bons !

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Hexagone : Avant d’entrer dans le vif du sujet, racontez-nous comment s’est passée la formation du groupe.
Maxime : Avant que Volin naisse, Colin et moi jouions dans un autre groupe, Labyrinthe, qui était davantage axé sur du rock anglais, tandis qu’avec Romain on s’est connus dans le milieu du jazz. C’est par mon biais que Colin et Romain se sont rencontrés. Après l’arrêt de Labyrinthe, il y a eu un laps de temps d’un an durant lequel Colin a beaucoup réfléchi autour de ce nouveau projet. Le choix de la langue a fait partie de ses questionnements. À la naissance de Volin, nous étions quatre : il y avait un violoncelliste et un contrebassiste. Nous étions plus portés vers l’acoustique, mais progressivement avons dérivé vers un son électro-rock. Nous nous sommes rendus compte que nous avancions tous les trois vers une même direction, ce qui était moins le cas de notre contrebassiste qui nous a quittés.

Hexagone : La partie textuelle est-elle uniquement le domaine de Colin ?
Romain : Oui, principalement. Colin travaille beaucoup ses textes en amont. C’est après les avoir éprouvés et testés qu’il nous les propose. Il chante un texte et peut revenir un mois plus tard avec des modifications. Ce qu’il fait nous plait beaucoup, c’est donc rare que nous ayons des choses à redire.

Hexagone : Sur votre premier EP, Cœurs et corps laisse une large place à l’instrumental et trouve sa continuité dans le morceau suivant Le départ. Envisagez-vous votre groupe comme une alliance entre poésie et musique ?
Romain : Il est vrai que nous sommes un groupe qui accorde beaucoup d’importance à l’instrumental. Nous sommes tous trois passionnés par cela, si bien qu’on passe beaucoup de temps à peaufiner notre musique. On aime aller vers des formes qui ne sont pas forcément classiques. Dans ce morceau, se ressentent nos influences jazz.
Maxime : La poésie c’est quelque chose qui doit être rythmé, qui doit bien sonner. Colin teste beaucoup sa manière d’écrire dans ce que les mots vont apporter comme sonorité musicale. Il écrit des textes mais avant tout pour faire du rock.

Hexagone : Deux titres sont liés au sommeil : Le réveil, Et l’on rêve. Votre univers est-il principalement lié à l’onirisme ?
Romain : Volin est marqué par une forte présence onirique. Les textes peuvent être larges mais aussi utiliser des métaphores et jouer sur les sensations. On peut les envisager comme s’ils avaient été rêvés. Canon est beaucoup plus empreint d’onirisme que le titre Et l’on rêve.
Maxime : Colin est un grand rêveur. Quand tu écris de la musique ou de la poésie, tu es à la recherche d’un absolu qui soit en dehors du concret.

Hexagone : Certains morceaux ont-ils été plus instinctifs que d’autres dans leur conception ?
Romain : Certaines choses peuvent aller vite, mais on peut aussi ne pas être content d’une version et recommencer. Il n’y a pas un morceau qui ne nous ait pas donné du fil à retordre. Certains morceaux du prochain album ont vu le jour entre nous, mais il n’est pas certain que ce soit le dernier jet.
Maxime : Nous revenons beaucoup sur nos compositions. On se remet constamment en question, c’est de cette façon que nous avançons : petit à petit. Ça peut avoir l’air laborieux, mais les morceaux qui nous viennent instinctivement sont rares.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Hexagone : Vous avez fait une reprise personnelle de Madame Rêve de Bashung. Pourquoi cette chanson en particulier ?
Maxime : Les Inrocks nous ont demandé du contenu inédit par rapport au concours dont nous faisions partie. Début 2012, nous avons mis en place un spectacle d’une heure exclusivement autour de Bashung. Parmi ce répertoire de reprises, nous en avons enregistré trois en studio dont Madame rêve que nous avons choisie pour l’occasion.

Hexagone : Que pensez-vous de l’album de reprise Tels Alain Bashung sorti en 2011 ?
Maxime : L’album est sorti à peu près au même moment où nous avons fait notre spectacle de reprises. Nous ne l’avons pas écouté, mais nous n’aurions pas été contre une collaboration sur ce projet.

Hexagone : Y-a-t-il d’autres chanteurs dont vous aimeriez faire une reprise ?
Romain : Cela nous a semblé assez naturel de faire ce spectacle de reprises, mais nous ne le referions pas forcément. D’abord, parce que cela demande un investissement : nous y avons consacré trois mois de travail. Nous ne sommes plus vraiment dans cette dynamique là. Nous souhaitons davantage développer notre univers.

Hexagone : Comment s’est passé le concours des Inrocks lab ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Maxime : Ça s’est très bien passé ! On a été heureux d’aller en finale. Ce qu’on retient surtout, c’est la visibilité que ce concours nous a apporté. Il nous a permis de toucher le public parisien alors que nous ne sommes pas d’ici et une sphère professionnelle que nous n’aurions pas forcément touchée. Pour nous, c’est du pain béni ! On a pris plaisir à jouer dans des salles comme le Trianon et la Gaîté Lyrique. Même si c’est vrai que c’est beaucoup de stress pour un format court.

Hegaxone : Comment avez-vous vécu le concert de la finale et comment avez-vous perçu les groupes concurrents ?
Romain : Il y a une ambiance particulière puisqu’il y avait de grands écrans avec l’évolution des votes. C’est amusant, car on a l’impression de faire partie d’un jeu télévisé, mais le moment qu’on retient surtout c’est celui où on était sur scène. La soirée s’est bien passée. La salle était chaleureuse.
Maxime : Nous n’avons pas ressenti une atmosphère de concurrence. C’est plutôt une occasion de rencontrer d’autres groupes car nous sommes tous contents d’être arrivés si loin dans ce concours.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Hexagone : On sent que quelque chose de fort se passe quand vous êtes sur scène. Enregistrez-vous avec la même énergie ou c’est différent ?
Romain : Le premier EP a été enregistré avec le frère de Colin, Florien, notre ingé-son, dans différents endroits. Pour le prochain album, on souhaite s’orienter vers la configuration de la scène. Avant, on enregistrait séparément, mais on s’est rendu compte que ça enlevait quelque chose. Jouer ensemble nous permet de garder cette énergie, c’est pourquoi nous recherchons ce rendu live sur nos albums.

Hexagone : Où en est votre premier album Volcan qui a été financé par KissKissBankBank, le 6 juillet 2015 ?
Romain : On est encore en train d’enregistrer des morceaux. Le mix est bien avancé mais il manque encore quelques petites choses. Il devrait être prêt au début du printemps 2016.

Hexagone : Que retenez-vous de ce financement participatif et de cette plateforme ? En êtes-vous satisfaits ?
Romain : On est contents de pouvoir sortir l’album grâce à KissKissBankBank. Comme nous sommes indépendants, cela va nous permettre de réaliser le pressage, le graphisme, mais aussi un clip.
Maxime : C’est majoritairement le public que nous avions déjà qui nous a soutenus, mais le fait d’être parrainé par les Inrocks Lab nous a apporté un peu de monde.

Hexagone : Vous êtes indépendants mais vous faites tout comme des pros. Qu’est-ce qui pourrait éventuellement vous manquer ?
Romain : Nous aimerions trouver d’autres partenaires. Pour l’instant, on a le soutien de la SMAC (scène musicale actuelle) de Nimes. Ils ont une pépinière d’artistes d’une dizaine d’artistes qu’ils suivent à durée indéterminée. Ils nous accompagnent sur le développement du groupe.
Maxime : On essaye de toucher un peu à toutes les sphères du métier. Nous démarchons des salles pour les concerts, des magazines pour la promotion et des financements… Pour le moment, nous faisons tout cela nous-mêmes, ce qui représente une charge de travail assez conséquente. Nous aimerions trouver un tourneur pour être soulagé sur la recherche des dates, car ce qui nous motive vraiment, c’est la scène.

Hexagone : Quels sont vos projets à venir ? Des dates prochaines de concert ?
Maxime : On joue le 27 octobre à l’International et le 25 novembre au Réservoir. De fin octobre à décembre nous avons une douzaine de dates en France, comme Metz, Genève, Grenoble, Perpignan, Montpellier… Une belle petite tournée en perspective ! Nous sommes en train de préparer la prochaine tournée à l’occasion de la sortie du disque qui aura lieu au printemps.
Romain : Dans le cadre des Inrocks Lab, nous allons faire la première partie de Feu ! Chatterton, gagnant de la précédente saison et avec qui nous avions déjà joué il y a un an. On tend de plus en plus vers la scène pour se former et pour faire découvrir notre musique. On fait de la musique pour l’amener aux oreilles des gens et le meilleur vecteur pour cela, ce sont les concerts.


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