Manu Galure, et la pluie embrasa le Pan Piper

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manu-galure-09-02-2015@david-desreumaux-5806Ça faisait plusieurs mois qu’on l’avait inscrite au creux de notre main cette fameuse date du 9 février 2015 et qu’on avait même fait un nœud à notre agenda pour être sûr de ne pas l’oublier. Manu Galure, dans sa toute toulousainattitude venait boxer sur le ring du Pan Piper afin de défendre son petit dernier, Que de la pluie. Un album comme on en voit guère plus de nos jours parce qu’on n’a pas de sous pour les faire, et parce que le talent de ce niveau n’est pas forcément la chose la mieux partagée au monde.

C’est Bacchanales Productions qui organisait l’événement. Je le dis parce que cette petite structure, lancée par Nicolas Bacchus comme le chanteur, produit, soutient et distribue avec ferveur et opiniâtreté une scène de la chanson qui nous fait guili-guili dans le ventre. Il en est peu des comme ça, alors, clap clap dans les mains pour eux.

Deux connaissances hexagonales, deux talents que nous suivons de près chez nous, ont précédé Manu Galure sur scène. C’est Elie Guillou, dans le rôle du « paillasson poétique » comme il s’est lui-même défini qui a lancé la soirée par une narration très… guillouesque.  Une façon de conter qui chemine, nous promène et qui voisine avec son fameux Rue Oberkampf dont nous t’avons parlé ici. Après s’être plaisamment essuyé les pieds sur ce paillasson donc, le public a pu prendre sa dose de militance. Il est jeune Gauvain Sers et il fait du bien dans notre paysage de la chanson. On a besoin de ça, de chant social, de prises de positions. En 20 minutes chrono, le Creusois a mis le public du Pan Piper dans sa poche.

manu-galure-09-02-2015@david-desreumaux-5720Puis, puis, puis donc approchait l’heure du Manu Galure. Il y avait du monde qui s’était bousculé au portillon pour voir l’ébouriffant chevelu cavaler sur la scène du Pan Piper. Salle très à la mode, mais qui présente au final que peu d’appétants appas pour de la chanson. Ouais, je l’ai pas trop aimée cette salle. Son côté salle polyvalente municipale est assez austère. Que dire du bar dans la salle même, qui m’a rappelé les baloches dans la salle des fêtes de mon village, en province, où jeune et jadis je testais les bières en attendant les slows… Pour des concerts debout, c’est bien, pour de la chanson moins donc.

N’empêche que le Manu, ça ne l’a pas dérangé cette salle lui. Ses acolytes de scène non plus visiblement. Il y avait du monte sur le plateau. On le voit régulièrement en piano voix Galure mais finalement assez peu en formation complète. Alors, ça change. Ce n’est pas le même concert pour un sou. Du monde je disais. Des gens. A la batterie, à la basse et aux claviers. Parce que des claviers, il y en avait partout. Une forêt de claviers avec des sonorités bizarres, une sorte de laboratoire sur scène, l’antre d’un savant génial et un peu ouf. C’est ça l’univers de Galure. Une science maîtrisée, poussée à l’extrême, dans ses derniers retranchements mais à laquelle on aurait fait prendre des substances illicites. C’est un univers ou le contraire prend le dessus, s’impose comme la règle. C’est inquiétant du Galure. Tu ne viens pas te reposer, chercher la quiétude. Ça fait flipper et ses ambiances lundi soir allaient souvent chercher à quelques mètres du Pan Piper. Juste derrière, au Père Lachaise. Ça sentait le Jim Morrison à plein nez. Des nappes de claviers à réveiller les Doors, dans un inlassable clair obscur, qui exacerbaient et faisaient se fondre deux facettes de Manu Galure : un mélancolique hystérique face à une hystérie languissante.

manu-galure-09-02-2015@david-desreumaux-5829Dans les textes de Manu Galure, la poésie sonne comme un rêve étrange. Comme un réveil embrumé où les divagations nocturnes ont basculé dans le réel. La vérité par son contraire disais-je. Chez Galure, vise la photo en une de l’article, l’extincteur n’éteint pas un incendie mais l’allume. Tout est là, tout est dit. On n’utilise pas les choses à des fins définies et communément admises dans le monde et la vie rêvée de Manu Galure. Une berceuse par exemple, une chanson enfantine, ça n’apaise pas les gosses, ça effraie voire ça fait marrer les adultes. Les adaptations des Trois petits cochons ou du Roi Dagobert, données lundi soir étaient là pour nous le marteler comme un principe. Tantôt dans un registre déluré, déjanté et sur fond de camisole, tantôt dans une orchestration très calme comme une eau trouble.

Pas d’entre deux et c’est peut-être une chose qui a manqué à ce concert s’il faut être taquin. De donner un peu plus de relief entre les différents univers. Un peu de variations, de rythmes autres. Se démarquer de ce diptyque du clair-obscur mentionné plus haut. Remarque, Lecteur, que je fais cette remarque parce que je juge Galure à son niveau. C’est à dire celui d’une bête d’artiste, un très grand. Et ce qu’on attend des très grands, c’est l’excellence. Galure a tout pour et il me semble qu’il devrait mettre une pointe de relief dans son set. Comment ? Que sais-je. C’est lui l’artiste. Dans son Dragster, « c’est [lui] qui conduit [ses] folies passagères ». On monte à bord, pas rassurés mais consentants. Et ce n’est pas Sarclo qui était dans la salle qui dira le contraire !


Les photos que tu vois en petit, si tu cliques dessus tu les verras en grand.
La vidéo, mets la qualité en HD, c’est carrément mieux !


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