Mercredi 28 janvier 2015. Paris. Un froid de canard mêlé à une bruine des plus désagréables. Moi, une crève bien carabinée qui m’achève neurones et naseaux depuis deux jours. Tu vois, Lecteur, j’ai pas besoin d’en rajouter pour que tu piges qu’un type normalement constitué se serait, sitôt rentré du turbin, vautré dans son fauteuil et dans sa tisane au thym.
Mais voilà, Les Trois Baudets en avaient décidé autrement. Soirée « Scène chanson Sacem », avec à l’affiche, un co-plateau. Joseph d’Anvers et de Paris, puis le grand, le talentueux, le sémillant – n’en jetez plus la cour est pleine – celui qui résiste à tant de superlatifs, je veux parler de Dimoné ! Accompagné de son fidèle acolyte, Jean-Christophe Sirven. Dimoné, tu le sais maintenant, c’est un gars qui nous vient de Montpellier et qu’on apprécie tout particulièrement sur Hexagone. Son dernier album, Bien hommé mal femmé, est un petit bijou que toute bonne discothèque doit s’empresser d’acquérir ! Ce disque, c’est un peu comme un best of tu vois, tellement il agglomère de tubes en puissance.
Et c’est essentiellement les chansons de ce dernier album que Dimoné a présentées au public des Trois Baudets, mercredi soir. Après une présentation de la soirée, convenue et dispensable, par Lilian Goldstein de la Sacem, le diable catalan a très rapidement mis le feu dans cette « écurie » des Trois Baudets, comme il l’avait lui-même nommée sur son profil facebook en début de semaine. La salle était blindée comme rarement. Ça grouillait de partout, du monde et du beau monde qui devait encore attendre un peu pour l’after organisé en fin de soirée.
Premiers accords de guitare, sur une Duesenberg Starplayer si je ne m’abuse. Grande classe jusque dans le choix des grattes le Dimoné ! Shut shut shup up ! comme intro. Ok, on se tait et on l’écoute. Un jeu de guitare hyper reconnaissable, des riffs subtils, vifs et précis sur lesquels il commence à poser délicatement ses mots. Une poésie au scalpel, qui fouille et farfouille les âmes et sentiments de tout un chacun. Une quête de l’informulé qui enfante une écriture sur le mode de la dissection des amours et des fantasmes. Une écriture qui transcende la banalité du quotidien. « Des humeurs silencieuses, des apnées longues, longues où le son se languit, secret, se rumine, percute dans la poitrine » et où « l’écho cherche des noises au bruit. » Version contemporaine du célèbre « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » de l’Andromaque de Racine ?
Puis, Jean-Chris, clavier sanglé à la taille, fait son entrée en matière, en cours de morceau, et le son monte progressivement pour le voir s’achever dans un presque noisy rock. Jean-Chris, multi-instrumentiste impressionnant, que l’on avait vu jusqu’à présent en position assise a depuis quelques concerts pris de la hauteur, si je puis dire ! Il joue désormais quasi debout, le séant reposant sur un tabouret haut. Ce garçon, pieds nus sur scène pour pouvoir articuler tous ses instruments, avec tous ses membres, c’est une pieuvre humaine. Il est un groupe à lui tout seul !
Tout le set s’enchaîne dans ce tourbillon d’énergie et de subtilités musicales. « C’est un endroit hostile la scène, je ne me sens pas accueilli » nous déclarait Dimoné l’automne dernier. Hostile au point d’y mener un combat. C’est ce que l’on ressent lorsqu’on le voit se désarticuler, tout dépoitraillé, la veste en cuir pour toute armure. C’est un rockeur Dimoné. Il donne. Sans compter. Il joue son match, sautille, grimace, parle entre les morceaux dans une langue toute aussi élégante et mystérieuse que le sont ses chansons. Il irradie, il électrise, il magnétise et quand il interprète Venise, merveille de chanson qui te balaie comme une lame de fond, moi j’te jure j’ai 14 ans. Pour tout ça, merci monsieur Dimoné !
Dimoné sera à La Boule Noire, à Paris, le 31 mars prochain. T’as bien compris que tu serais bien inspiré d’y aller. Moi je ne me pose même pas la question, j’y fonce ! « Reprenant du souffle et suspendant les soupirs ! »
Dimoné rangé dans un dossier sur Hexagone, c’est là.
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