Batlik s’apprête à monter sur les planches de l’EMB à Sannois pour boucler sa tournée en cours, tirée de l’album Mauvais sentiments. Deux dates, les 6 et 7 février prochains, au cours desquelles le concert sera capté pour finir dans les bacs, l’été prochain, sous forme d’un album live. Un album anniversaire qui saluera les 10 ans de carrière du chanteur. On a reçu Batlik. Il parle de ces 10 premières années, raconte son rapport à la profession et à l’indépendance, il s’exprime sur son processus de création. Lucide et déterminé, il mène un remarquable parcours d’artiste, on ne voulait pas passer à côté.
Hexagone : Peux-tu raconter le chemin qui t’a conduit à la chanson ?
Batlik : C’est un chemin qui a été tellement court qu’il en est presque inexistant. Ce n’était pas quelque chose de mûri mais le jour où j’ai commencé à en faire, je n’ai jamais arrêté. J’ai commencé tard, un peu avant trente ans. Ce n’était pas une envie quand j’étais jeune, je n’étais pas musicien, je n’étais pas amateur de musique. Encore aujourd’hui, alors que je suis musicien, je me rends compte à quel point ma culture musicale est pauvre dans tous les styles de musique. Et en particulier en chanson. Il n’y a pas eu de cheminement.
Hexagone : Comment tu t’es retrouvé avec une guitare dans les mains à un moment donné ?
Batlik : Le jour où j’en ai acheté une.
Hexagone : Et pourquoi acheter une guitare alors ?
Batlik : Peut-être parce qu’à cette période-là, j’allais dans les bars et je voyais que des concerts s’y déroulaient. C’est possible que j’ai vu à un moment des chapeaux avec tous ces billets… Sinon, plus sérieusement, il y a peut-être une artiste qui s’appelle Ani DiFranco qui m’aurait fait apprécier la musique. Du coup, j’en ai fait mais sans jouer. J’ai écrit des chansons et avant même de les jouer sur scène, je suis allé voir des producteurs parce que je ne savais pas trop comment m’y prendre. Préalablement à ça, j’avais été manager d’un groupe quelque temps, ce qui m’avait permis d’être confronté au monde de la musique et notamment aux Directeurs Artistiques mais ça n’avait duré que quelques mois. C’est peut-être cette courte expérience qui m’avait mis dans la tête, au départ, que pour faire de la musique il fallait être signé.
Hexagone : Tu t’es tourné vers des maisons de disques ?
Batlik : Quand j’ai commencé à faire mes premières chansons, j’ai fait un disque que j’ai proposé aux maisons de disques. Bien sûr, elles n’ont pas trouvé d’intérêt à l’album et dès lors je me suis dit que j’allais faire de la musique dans les bars, puisque c’est comme ça qu’on fait tous. Ça a vraiment commencé le jour où je me suis dit qu’il n’était pas nécessaire d’être signé pour faire de la musique.
Hexagone : Et cette envie tardive, tu la traduis, tu l’interprètes comment ?
Batlik : Je ne sais pas ce qui m’a amené à la musique mais je sais pourquoi j’y suis resté. Entre le moment, où durant 5 ou 6 ans, j’ai fait des petits boulots totalement insignifiants, sans intérêt, et toujours confronté à un patron. Ce qui m’a très vite plu dans la musique, c’est que j’étais mon propre patron.
Hexagone : En tant qu’être humain, qu’est-ce que ça t’apporte la chanson ?
Batlik : Je ne sais pas. Du coup, je pense que là où l’on peut mettre un sens dans la plupart des boulots, dans ce boulot de musicien je suis incapable de répondre à ta question, de savoir ce que ça va m’apporter, si c’est utile ou pas. C’est pas palpable.
Hexagone : Si je te demande quel est le rôle de la chanson, tu ne saurais pas me répondre ?
Batlik : Pas du tout, et je dirais que c’est ce qui me plaît dans ce métier là. Je suis incapable de formuler ça. Alors que tous les boulots que j’ai faits auparavant, le rôle était précis, défini, clair. Le fait qu’il n’y ait pas de signification, c’est ce qui me plaît.
Hexagone : Pourtant, tu fais partie d’une catégorie d’artistes qui ont un propos fort, dont les chansons sont véhicules d’idées.
Batlik : Je ne connais aucune chanson qui ne l’est pas. Tu peux me donner une chanson dans laquelle il n’y a aucune idée ?
Hexagone : Sans poser un jugement sur le genre, la chanson de variété, très souvent, n’exprime pas tellement d’idées par exemple.
Batlik : Je ne trouve pas. Des idées basiques certes, des idées redondantes, dans un conformisme complet, mais à chaque fois c’est positivé.
Hexagone : Pour prendre quelqu’un qui a marqué, je ne trouve pas matière à réflexion dans les chansons de Claude François, par exemple.
Batlik : Ce ne sont pas des chansons qui sont matière à réflexion mais ça ne veut pas dire qu’elles sont dénuées d’idées. Une chanson, c’est une idée. Et même quand il n’y en a pas, moi par exemple il m’arrive d’écrire des chansons sans avoir aucune idée de ce que j’écris, c’est d’ailleurs souvent les chansons que je préfère. De plus en plus. C’est fou de voir les gens qui viennent te voir à la fin du concert et c’est justement sur ces chansons-là qu’ils me disent « je vois très bien ce que vous voulez dire. On est d’accord vous et moi ». Et c’est toujours ces chansons-là qui permettent aux gens de se les approprier. Aujourd’hui, je suis très critique vis à vis des chansons dites « engagées » que j’ai pu écrire il y a quelques années parce que je les trouve très restreintes. Je trouve que ce dont elles parlent est aussi souple qu’un platane sur le bord d’une route. Je trouve agréable d’écrire ce que j’écris maintenant où justement j’ai l’impression de moins en moins d’être confronté à l’idée. De moins en moins partir d’une idée.
Hexagone : Ton écriture a évolué au fil des albums. Ce qui te plaît aujourd’hui, c’est davantage de perdre un peu l’auditeur, de le questionner ?
Batlik : Je n’ai pas de rapport à l’auditeur quand j’écris.
Hexagone : Tu écris pour toi avant tout ?
Batlik : Oui, bien sûr. Ce que j’adore, c’est que je laisse une place beaucoup plus grande au hasard aujourd’hui. Souvent les gens qualifient les chansons bien écrites de « ciselées » parce que la place pour le hasard est très restreinte. Que le sens est évident, que l’idée est évidente, le point de vue est évident, le positionnement par rapport à ce point de vue est évident, et que toutes ces évidences-là, j’ai tendance aujourd’hui à m’en détacher parce que je trouve que ça enrichit l’écriture de commencer une chanson sur un sol glissant plutôt que de la commencer sur un sol où tu as les deux pieds bien plantés.
Hexagone : Ce hasard t’aide à écrire ou n’est-ce pas plus compliqué finalement ?
Batlik : Ce n’est ni plus simple ni plus compliqué, c’est plus plaisant. D’une manière générale, je n’aime pas écrire parce que je trouve ça compliqué et angoissant, et de s’en remettre au hasard, ça ouvre une plage de liberté qui est bien plus importante que lorsque tu vas t’atteler à vouloir reconstruire le réel. Ça met du jeu, ça assouplit l’ensemble.
Hexagone : Tu ne te dis pas « je pars de là et je vais arriver là » ?
Batlik : Exactement.
Hexagone : Ce que tu as pu faire sur tes premiers albums ?
Batlik : Ce que j’ai fait invariablement, systématiquement. Mais en même temps, je pense aussi qu’il fallait que je le fasse pour pouvoir aujourd’hui m’en détacher. Encore une fois, je suis très critique par rapport aux disques précédents, à ce que j’ai écrit précédemment. Si ça ne tenait qu’à moi, je détruirais, je brûlerais à chaque nouvel album le précédent. Maintenant, je prends un certain recul et je me dis que c’est bien aussi que ces erreurs-là existent.
Hexagone : Comment tu t’organises pour écrire ? Est-ce que tu écris tous les jours ou bien fonctionnes-tu par phases ?
Batlik : Je fais partie des gens qui écrivent quand il faut écrire. Comme c’est quelque chose de désagréable l’écriture pour moi, je repousse, je repousse jusqu’au moment où je suis obligé de le faire. Je m’éloigne généralement de mes proches – notamment de mon épouse – parce que j’ai tendance à être irritable quand j’écris parce que j’ai l’impression que ça ne marchera jamais. J’ai pris l’habitude, depuis quelques années, d’aller dans un refuge en Ardèche, au milieu de la montagne, où à part les sangliers on ne peut pas emmerder d’autres gens. Du coup, ça me permet de passer ce mauvais moment en ma compagnie et juste en ma compagnie.
Hexagone : Comment tu décrirais ton univers ?
Batlik : Ça pareil, je ne sais pas. Pour moi fabriquer un univers, il faudrait qu’il y ait quelque chose de préexistant.
Hexagone : Pourtant, quand on t’écoute, quand on entend une intro, un phrasé, on se dit tout du suite « tiens, ça c’est du Batlik ! »
Batlik : Oui mais je crois que ce que tu entends, moi je ne peux pas l’entendre. Le jour où je me mettrai à entendre ça, je crois que ça ne sera vraiment pas bon. Je préfère avancer dans le noir complet et profiter de la surprise que ça crée, et chez les gens et chez moi. Parce que sans fausse modestie, à chaque fois que je fais une chanson, j’hallucine d’avoir fait une chanson.
Hexagone : Parmi ta discographie, quel est l’album que tu préfères ?
Batlik : Le dernier, toujours le dernier. Même, celui que je préfère, c’est le prochain, celui qui n’est pas encore écrit. Le format chanson est quand même compliqué. Si tu pars d’un proverbe, c’est deux phrases, quelques mots. Au moment où le proverbe existe, il est déjà clos. Si tu écris un roman, tu vas pouvoir y placer des idées de façon quasi exhaustive. En revanche, la chanson, ça ne sera pas assez concis pour avoir cette espèce de rigueur du proverbe et ça ne sera pas assez long pour qu’il y ait tout. Donc, ce sera toujours un peu raté une chanson. Donc, un disque aussi. T’as jamais réussi à faire le disque que tu voulais faire.
Hexagone : Est-ce que tu vois quelqu’un parmi les artistes d’aujourd’hui qui parvient à faire ce que tu voudrais faire ?
Batlik : On vient de signer tout récemment sur notre label, A Brûle Pourpoint, un groupe qui s’appelle Sages comme des sauvages. L’écriture de ce groupe me rend fou de jalousie. Ils ont une espèce d’écriture qui se rapproche un peu du créole, ils synthétisent sous une forme très imagée et poétique. J’adore cette façon d’écrire. J’aime beaucoup aussi ce que fait Lisa Portelli, elle arrive à se détacher de l’idée et ça génère de nombreuses images riches.
Hexagone : Parmi ceux que tu écoutes, tu pourrais citer qui ?
Batlik : Je n’écoute pas tant des artistes que des morceaux. Je vais pouvoir écouter un morceau de variété hyper commerciale, parce que ça va me plaire, et puis je ne vais écouter que ce morceau et je vais l’écouter 10, 20, 30 fois dans la journée. Jusqu’à le vider de sa moelle.
Hexagone : Tu ne te sens donc pas proche d’une œuvre en particulier, comme de Brassens ou d’autres ?
Batlik : Non, il y a des morceaux qui me plaisent chez Brassens et les autres célèbres, mais d’autres morceaux me font chier. J’ai un rapport à la musique assez détaché de l’artiste en fait. En ce moment, j’écoute en boucle How to disappear completely de Radiohead. Mais à certains moments, je n’ai pas de morceaux à écouter et ça ne manque pas vraiment.
Hexagone : Tu disais que pour les textes, tu laisses le hasard se distiller, mais pour les musiques, ça se passe comment ?
Batlik : Pour les musiques, c’est le hasard complet. Les guitares sont jouées désaccordées. Ce ne sont pas des open tuning traditionnels. Je prends la guitare, je la désaccorde jusqu’à temps que ça me plaise. Et quand j’ai un accord qui me plaît, je cherche le suivant et finalement je suis à chaque fois surpris d’arriver à trouver un riff ou une suite d’accords. C’est d’ailleurs tellement le hasard qu’il y a un bon tiers des morceaux que je suis complètement incapable de rejouer parce que je les ai oubliés.
Hexagone : Sur scène, ça doit poser des problèmes ?
Batlik : Oui, c’est pour ça que j’ai actuellement six guitares sur scène. Le set est fait en fonction des accordages, ce sont eux qui dictent le set. Du coup maintenant, comme il y a plein de morceaux que je suis incapable de rejouer, il faut que je fasse l’effort de les filmer, avec les 6 notes des cordes avec le doigté.
Hexagone : Comment tu fais pour communiquer avec tes musiciens sur scène ?
Batlik : Eux communiquent avec moi mais pas moi avec eux. Ça marche à sens unique. L’idée, c’est de prendre des super bons musiciens qui peuvent s’adapter. Il y a des frustrations énormes. J’adorerais boeufer pour reprendre n’importe quel morceau. Je vois les musiciens, ils prennent n’importe quel instrument et ils jouent. Moi, je suis mort de jalousie, j’adorerais faire ça mais je ne le fais pas… En même temps, il doit il y a avoir une sorte de mystique qui entoure ça. J’ai travaillé avec un musicien, qui faisait de la basse et de la clarinette, il me disait qu’il ne fallait peut-être pas que j’apprenne ce que je faisais. J’ai entendu quelque temps après à la radio l’histoire d’un violoniste virtuose qui avait une technique de jeu qui n’appartenait qu’à lui. Comme c’était un très bon musicien, il s’est dit qu’il allait analyser sa technique de jeu, et dès lors qu’il avait compris cette technique il était incapable de la réitérer.
Hexagone : Tu disais que tu avais commencé tard à faire de la chanson mais depuis la parution de ton premier album, il y a 10 ans, tu en fais paraître un quasiment tous les ans. Pourquoi cette régularité et cet aspect prolifique ?
Batlik : Je pense que c’est le cas des artistes qui fonctionnent de manière indépendante et dont c’est l’activité principale. Pour que le label puisse subvenir à ses besoins et produire le disque d’après, comme on vend peu et de moins en moins de disques, il est indispensable de toujours alimenter la machine. La régularité vient de là tout simplement. Les ventes de disques au bout d’un an ont disparu, il faut donc en sortir un autre. Je parlais de ça récemment avec Les Ogres de Barback. Ils ont le même problème. Ils en vendent plus que moi mais ils ont une économique beaucoup plus importante, donc ils sont confrontés au même problème. Quand Irfan (ndlr : le label des Ogres) ne sort pas le disque des Ogres, très vite, ça tombe. On est tous plus ou moins confrontés aux mêmes problèmes. Là où quand la plupart des artistes font un disque, ils préparent 20 ou 25 morceaux pour en choisir 12, moi quand je fais un morceau, qu’il me plaise ou pas, je le mets dans le disque.
Hexagone : Tu as créé ton label A Brûle Pourpoint. Au départ par nécessité. Tu as eu l’opportunité d’être signé par la suite sur des labels. Tu ne l’as pas fait. Pourquoi ?
Batlik : Je ne l’ai pas fait pour des raisons simples. Ça faisait 3 à 4 ans que je fonctionnais de façon autonome et que j’avais dû prendre des habitudes, bonnes ou mauvaises. J’entendais bien que les choix d’un directeur artistique allaient chambouler ces habitudes. Et puis, malgré leurs arguments et les avantages réels que peut présenter un label, ce qu’ils me proposaient ne me plaisait pas trop.
Hexagone : C’était quels genres d’arguments ?
Batlik : Par exemple, prenant l’exemple d’un album de Cali qui venait de sortir, le label me dit « voilà, par exemple, avec un label, tu peux avoir un orchestre philharmonique. » Et ça, ça ne m’intéressait pas, cet argument n’avait pas de sens pour moi. Et puis, sur un label, il y avait l’argument d’avoir une grosse équipe à ta disposition. Qui font certes du bon travail, mais ça m’angoissait un peu de me retrouver avec un directeur artistique, un réalisateur, un ingénieur du son, un arrangeur. J’avais peur de perdre un peu le truc.
Hexagone : Peur de perdre ton indépendance artistique ?
Batlik : Non, pas vraiment. Ce qui m’angoissait ce n’était pas tant de perdre quelque chose artistiquement parce qu’aujourd’hui les artistes savent ce qu’ils veulent, parfois même jusqu’au réalisateur, j’avais une crainte par rapport aux rapports humains avec autant d’intervenants. Aujourd’hui, avec les gens avec qui je travaille, on est dans un rapport de fidélité, on s’apprécie, ils sont là depuis très longtemps, je trouve ça très rassurant. Et puis, ce sont des gens avec qui je ne fais pas que travailler, ce sont des gens avec qui je sors boire des coups, voir des expos, etc. Je discute souvent avec des potes qui sont signés, et ce qui peut arriver de pire à un artiste signé, c’est la mise au placard. Là, tu n’as plus affaire au directeur artistique mais au service juridique. Ça, c’est terrible. Par rapport à cet écueil-là, j’avais l’impression d’être plus en sécurité en restant indépendant. Aussi, ce qu’ils te promettent, tous les gens qui veulent te faire signer, la valeur ajoutée mise en avant, c’est le temps. Et ils ont raison. Ils te disent que ce que tu feras en 10 ans sans eux, tu le feras en un mois avec eux. Ça, c’est vrai.
Hexagone : Sur A Brûle Pourpoint, tu viens de signer récemment le groupe Sages comme des sauvages. C’était une volonté d’étoffer le catalogue ?
Batlik : Non, c’est vraiment le hasard. Je ne me suis jamais imposé de signer un artiste, les artistes qu’on a signés sont arrivés là, comme ça. En l’occurrence, c’était par le biais de La Menuiserie. J’ai écouté la petite vidéo de leur newsletter et j’ai tout de suite été inspiré par les textes et leurs chansons. Je leur ai proposé de faire ma première partie au Café de la Danse au printemps 2014. Ce n’est pas la première fois que je produis un groupe mais au départ, on donnait des conseils aux groupes qui venaient pour monter leur structure, pour travailler de manière autonome. Là, avec Sages comme des sauvages, ce qu’on fait, c’est de la co-prod. C’est à dire qu’on reste producteur mais il faut qu’eux aussi aient une mainmise sur la production. Il faut qu’ils aient le nez là-dedans pour connaître le coût d’un directeur artistique, d’un réalisateur, d’un studio, d’un mixeur, etc. Ça leur permet, le jour où ils veulent partir, d’avoir les outils pour continuer.
Hexagone : Chanter, est-ce que c’est avant tout monter sur scène ?
Batlik : En tout cas, je ne chante jamais en dehors de la scène. A chaque fois que je chante, il faut que je sois confronté à un public, ne serait-ce que d’une personne. Jamais je ne prends une guitare, que ce soit avec des amis ou autres, je ne suis pas trop à l’aise avec ça. J’ai besoin du protocole de la scène, de la distance avec le public, etc.
Hexagone : C’est angoissant, pour le coup, le public ?
Batlik : De ce côté-là, je pense que je m’en sors assez bien. J’ai subi des angoisses au départ mais je pense les avoir assez bien gérées. Après, bien sûr, il y a toujours le trac nécessaire mais ce n’est pas irrationnel.
Hexagone : Ton prochain album sera un live que tu vas enregistrer à l’EMB début février. Pourquoi le choix d’un live ?
Batlik : C’est un aspect mathématique. Je me suis dit qu’après 4 albums studio, je faisais un album live. Le premier live était mon cinquième disque, celui-ci sera mon dixième. Ça permet d’avoir une photographie des 4 disques précédents. L’évolution que les morceaux ont connue, du passage de la version studio à la version scénique, etc.
Hexagone : Ça a une valeur d’état des lieux pour toi ?
Batlik : Oui, c’est ça.
Hexagone : Pourquoi le choix de l’EMB ?
Batlik : Dans le même rapport de fidélité avec les gens avec qui je travaille. L’EMB, c’est la première salle dans laquelle j’ai joué. Et du jour où j’ai joué dans cette salle, c’est là que j’ai fait toutes mes résidences, c’est là que j’ai enregistré mon live précédent, là où parfois je sors pour aller voir des concerts. Tout simplement parce que je trouve rassurant d’être dans un endroit qui m’est familier. La salle est super, les gens je les connais. Si je devais enregistrer un live ailleurs, c’est que l’EMB aurait été démoli et transformé en centre commercial.
Hexagone : La sortie de ce live est prévue pour quand ?
Batlik : Soit juste avant l’été, soit juste après. On va faire ça assez vite.
Hexagone : Ces deux dates auront un traitement de faveur dans la configuration du set par rapport aux autres dates de la tournée ?
Batlik : Oui, sur scène, ce sera étoffé avec choristes et deux cuivres en plus pour enrichir un peu l’ensemble. Et l’album suivant sera un album acoustique. Un album guitare-voix.
Hexagone : Tu as déjà commencé à y bosser ?
Batlik : Oui parce qu’il faut qu’il sorte dans pas trop longtemps non plus. Je dois être à la moitié à peu près.
Hexagone : De quoi aurions-nous oublié de parler qui pourrait être utile aux lecteurs ?
Batlik : Mon épouse, Elsa, a sorti un bouquin en même temps que mon dernier album. Toute la thématique de ce disque, de Mauvais sentiments, croise pas mal avec la thématique du bouquin.