C’était lundi 24 novembre dernier. Zaza Fournier s’affichait aux Trois Baudets. S’il t’en souvient, fidèle Lecteur, nous l’avions vue et narrée en juillet dernier, dans cette même salle du boulevard de Clichy, dans le cadre du spectacle Garçons qu’elle jouait aux côtés de ses partenaires Cléa Vincent et Luciole. Nous l’avions alors justement complimentée.
Lundi dernier, par ce soir d’automne, Zaza venait présenter ses nouvelles chansons (mais pas que !) et son tout nouveau spectacle qui va avec. Avec MajiKer, « mi-homme mi-oiseau, un drôle de personnage, un drôle d’animal, » comme compagnon de scène, human beat box, pianiste, un peu touche à toutiste de talent qui apporte un surcroît d’énergie, une dimension urbaine des plus plaisantes aux chansons de Zaza. MajiKer tonifie les morceaux.
Soir d’automne, je disais, dans les rues parisiennes, mais soir d’automne sur scène. Après les passages de Régis Morse et AuDen en premières parties, le rideau rouge se ferme sur la salle le temps du changement de plateau. Puis, début du concert de Zaza Fournier. Ce même rideau s’ouvre et dévoile une scène d’automne, simple, minimale comme le commentera avec ironie Zaza. Des feuilles mortes jonchent le plateau et le piano, tenu, côté cour, par MajiKer. Passée une introduction glaçante mais de saison où dans la nuit hurlent des chiens, Zaza commence seule à l’accordéon : « Je caressais les chiens / et les chiens me caressaient / Toi tu étais dans le coin / Quand tu as vidé tes poches / Moi j’ai tout ramassé / Et tu m’as chauffé les mains / Tu t’approchais à pas de loup / Je fuyais à pas de géant. » L’accordéon tout en retenue, tout en tango – ou en paso doble au sens d’une entrée martiale dans l’arène pour un combat amoureux – l’ensemble tout en tension. Le public est plongé en 30 secondes dans l’univers imposé par Zaza. Olé !
L’amour, les chansons d’amour sont présentes dans l’œuvre de Zaza Fournier, comme sur Les Chiens dont on vient de parler. Très présentes. Mais on comprend vite que la bluette n’intéresse pas Zaza. Ses histoires à elle prennent des voies détournées, mettent en lumière les complications d’une relation comme la célèbre Vie à deux, ou bien la fin d’une liaison sur Objets perdus, « Tous ces objets que l’on perd / ont-ils quitté la terre / quand ils nous quittent nous. » Histoires et portraits également qui parlent d’âge ingrat par exemple, celui où l’on « veut tout tout de suite et tout en même temps » quand on a 16 ans et demi.
On retiendra deux climats de la soirée. D’un côté les morceaux joués avec MajiKer, bourrés d’énergie, pleins phares et corps ondulants (Garçons, Les fleurs, La vie à deux, Le Tigre, etc.). De l’autre les titres où Zaza est seule à l’accordéon, funambule qui distille les quelques notes nécessaires et (re)visite ses chansons dans leur plus simple appareil. Vodka fraise, histoire de non-amour, en sort à poil, et faut-il qu’un texte tienne la route pour garder ainsi si fier aplomb. Bonne école donc que ce dépouillement extrême qui nous apprend qu’un texte peut être simple, léger mais costaud.
Très souvent estampillée « chanson pop », c’est écouter les chansons de Zaza Founier avec des œillères à oreilles que d’adhérer à pareille assertion. Ça brasse carrément plus large. Le registre au demeurant est assez indéfinissable mais on peut affirmer que c’est de la chanson. Une chanson qui puise son inspiration dans une veine musicale traditionnelle, portée par cet accordéon, par des rythmes un peu rétro, un peu tango, un peu vintage. Les textes n’ont pas la légèreté et l’insipide parfum d’une fabrique pop mais affichent une certaine subtilité et parfois même nous cueillent franchement comme sur Mademoiselle, portrait d’un travesti, qui clôt le concert au rappel : « Il se maquille, pour ressembler à une fille / Il met du sent-bon, et des chaussures à talons et des fleurs dans son chignon / Il se maquille, pour ressembler à une fille / Il est très belle, se fait appeler « Mademoiselle. » La salle applaudit, Zaza et MajiKer saluent dans le tapis de feuilles mortes. Ces feuilles mortes qui se ramassent au rappel.
Zaza Fournier sera à nouveau aux Trois Baudets le 28/11/2014. Le nouvel album de Zaza sortira en février 2015.
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[…] bougé si j’en juge par mon ressenti et les deux reportages d’Hexagone à l’automne 2015 aux Trois Baudets et en mai dernier à L’Européen. Une mise en scène, en instrument ou en lumière différente à […]