Du 1er au 19 octobre prochain, se déroulera la 28ème édition du Festi’Val de Marne.
L’équipe du festival a rechaussé une nouvelle fois les crampons pour élaborer – à en juger l’affiche – une édition d’une qualité exceptionnelle, répartie en itinérance dans 22 villes du département du Val de Marne. En près de trente, le Festi’Val de Marne est devenu LE festival chanson incontournable qui s’ingénie à montrer l’effervescence musicale et la diversité de notre scène hexagonale dans un esprit engagé, festif et fédérateur.
Car si le festival met à l’affiche des artistes confirmés tels Vincent Delerm, Grand Corps Malade, Louis Chedid, Miossec, Dick Annegarn, Renan Luce, Les Ogres de Barback, il braque également ses projecteurs sur des artistes moins connus du grand public tels Volo, Albin de la Simone, Loïc Lantoine, Barcella, Mayra Andrade et bien d’autres encore tels les artistes et groupes programmés en premières parties : Dimoné, Valérian Renault, Marie Modiano, Klô Pelgag…
Le Festi’Val de Marne ne se borne pas à la chanson « pour les grands » et taille une place de choix à la scène jeune public avec « Les refrains des Gamins » qui témoignent non seulement d’un axe de la chanson de plus en plus développé et considéré mais également d’une qualité et d’une richesse remarquables dans le domaine.
Aussi, depuis son origine le festival a à cœur de défendre et d’accompagner la jeune création. C’est dans cette optique qu’a été créée la JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes) : deux soirées de concerts à Ivry-sur-Seine, au Hangar, au Théâtre Antoine Vitez et au Tremplin. La JIMI c’est aussi un salon favorisant rencontres et débats à l’Espace Robespierre et valorisant le dynamisme des acteurs de cette scène.
Pour conclure, il n’est pas inutile de souligner que le Festi’Val de Marne a pour vocation de démocratiser l’accès aux concerts grâce à des tarifs attractifs. Par les temps qui courent, on prend !
Billetterie :
20 / 12 €
JIMI : 10€
Refrains des Gamins : 6 €
A propos de l’interview ci-dessous : En octobre 2002, nous avions rencontré l’un des programmateurs du Festi’Val de Marne, José Tavares. Il nous racontait la genèse et les intentions de ce festival militant. Nous faisons le choix aujourd’hui de republier cette interview, dans son intégralité et avec photos d’époque, comme une belle preuve de régularité, de constance de cette équipe formidable. Certaines choses ont changé, certaines personnes ont bougé également en 12 ans, mais l’on sent bien que l’esprit d’unité, d’engagement est bien toujours intact.
Interview de José Tavares : Octobre 2002
La 16ème édition du Festi’Val de Marne s’est déroulée du 8 au 20 octobre dernier. Festival départemental, ce dernier est de ceux qui présentent chaque année une programmation à la fois très variée, toujours d’une qualité remarquable pour une politique de prix à la portée de tous. Autour d’une rencontre avec José Tavares, programmateur « musiques actuelles », Hexagone remonte aux origines de ce festival militant.
Hexagone : Pourrais-tu resituer l’histoire, l’historique du Festi’Val de Marne ?
José Tavares : Le Festi’Val de Marne a été créé à l’initiative de Jean Ferrat qui avait rencontré les gens du Conseil Général et leur avait émis l’idée de faire un festival de chanson française sur le Val de Marne (94). Le Conseil Général a été séduit par la proposition de Jean Ferrat et c’est parti de là. Ensuite, c’est l’agent (et maison de disque) de Jean Ferrat, Gérard Meys, qui a monté le festival et qui a travaillé rapidement avec Jean-Claude Barens qui est le directeur actuel. Au départ, le festival était orienté chanson française essentiellement et au fur et à mesure, on a fait entrer dans la programmation du « jeune public » pour les enfants. On a fait entrer aussi ce qu’on pourrait appeler des « musiques actuelles », ce qu’on appelait auparavant du rock, avec le rap, le reggae, le ska, la world et autres.
Hexagone : Pourquoi avoir choisi le Val de Marne ? Y a-t-il une raison particulière ?
José Tavares : Non, c’est plutôt une histoire de personnes. Comme souvent la naissance des festivals, des salles naissent de la rencontre de plusieurs personnes et puis il s’est trouvé que Jean Ferrat devait connaître le président du Conseil Général. Je pense que ça s’est fait comme ça sûrement sur une après-midi passée ensemble. La seule chose qu’on peut penser, c’est que dans le 94 (Val de Marne) il y avait auparavant ce qu’on appelait les « guinguettes ». Ça peut venir de là. Il y a peut-être une habitude de chanson effectivement sur le 94.
Hexagone : Comment et par qui le festival est-il financé ?
José Tavares : C’est le Conseil Général qui finance à hauteur de 90%. Cette année, il y a aussi la SACEM, le CCAS (Comité d’Entreprise d’EDF/GDF), l’ADAMI. Sinon après, on a des partenaires plutôt médias comme France Inter qui est « le » partenaire média même.
Hexagone : Tu peux dire deux mots sur la politique de prix du festival ?
José Tavares : On a une politique de prix qui doit permettre à tout un chacun de pouvoir assister aux spectacles, qui se veut sans ségrégation. On veut permettre au plus grand nombre de pouvoir assister à ces concerts sachant qu’en plus notre programmation n’est pas une programmation de stars. On veut faire découvrir des artistes qui seront peut-être demain stars, mais qui ont besoin aujourd’hui d’un coup de pouce et qui portent quelque chose en eux. C’est pas des produits fabriqués, c’est pas des produits de maison de disques.
Hexagone : Comment se compose l’équipe qui travaille sur le festival ?
José Tavares : L’équipe est constituée de Jean-Claude Barens qui est le directeur du festival. Il y a un administrateur qui s’appelle Alain Brousseau qui est aidé de Gaëlle. Après au niveau de la programmation, il y a Nadine Jehl qui s’occupe de la chanson avec Jean-Claude Barens, Gilles Avisse sur la programmation « jeune public » et donc moi sur la programmation « musiques actuelles ». Ensuite, on a Catherine Lemaire qui est sur la promo avec cette année Brigitte Berthelot. Et au niveau de la technique, le régisseur général c’est Denis Collinot et Shéhérazade qui s’occupe de toute la logistique.
Hexagone : En comptant tous les intervenants, combien de personnes sont amenés à travailler sur le festival et quel est leur statut ?
José Tavares : Il doit y avoir deux employés à l’année, c’est à dire l’administrateur et la secrétaire. Ensuite c’est des intermittents.
Hexagone : La période de travail pour le festival de Marne s’étend sur combien de temps ? 3 mois ?
José Tavares : Oui… En fait, les programmateurs travaillent toute l’année parce qu’ils vont voir des concerts toute l’année, mais ils commencent à investir leur bureau effectivement en février pour monter la programmation. Puis, en juin, arrive toute l’équipe technique. Donc la grosse période du festival, c’est de juin à fin octobre, environ quatre, cinq mois.
Hexagone : Comment sont effectués les choix de programmation ?
José Tavares : On veut essayer de toucher le maximum de personnes, c’est-à-dire qu’on élargit les possibilités musicales. En suite, on essaie aussi de privilégier des artistes en devenir, en développement ainsi que des artistes confirmés mais qui ont une véritable démarche et des partis pris artistiques. Des artistes qui prennent des risques et qui ne sont pas forcément médiatisés.
Hexagone : Dans son ensemble, combien le festival comprend de sites et comment sont-ils définis ?
José Tavares : 24 villes participent au festival de Marne, et il y a en plus un site, le chapiteau, qui est géré uniquement par l’association du festival. Les concerts qui se passent dans les villes sont des co-productions où il y a une prise de risque à 50 % du côté du festival et à 50 % du côté des villes. Et pour le chapiteau, le festival finance à 100%.
Hexagone : Pour les villes qui sont en co-production, la démarche vient des villes ou plutôt du festival pour l’organisation des évènements ?
José Tavares : En fait, la démarche vient des villes en terme de type de programmation. C’est-à-dire que les villes définissent plutôt le type de public qu’elles veulent toucher, et éventuellement le style de musique qu’elles souhaiteraient accueillir, mais le choix des artistes est fait par le festival de Marne. Sur proposition. C’est-à-dire que les programmateurs tiennent compte de la demande de la ville et ensuite proposent des artistes. Ils essayent de faire en sorte de tomber d’accord, mais a priori, on ne se fait pas imposer d’artistes, parce que, comme on essaie de le faire comprendre aux villes, il faut que l’on garde une unité sur le festival, et on ne veut pas non plus programmer toujours les mêmes artistes. Parce qu’à écouter les villes, on aurait toujours la même demande autour de gens comme Higelin, Lavilliers… Et on veut essayer de leur faire comprendre qu’il y a d’autres choses qui arrivent, qu’il y a d’autres artistes dont on ne parle pas forcément et qui sont tout aussi prometteurs. Des gens qui ont explosé cette année comme Sanseverino par exemple… Quand j’ai parlé de Sanseverino aux villes, il n’y avait pas grand monde au mois de février qui connaissait. Une ou deux villes ont refusé alors que Sanseverino fait un carton aujourd’hui.
Hexagone : Donc il y a presque un travail de promotion d’artistes pour vous organisateurs ?
José Tavares : Exactement, on essaie de faire comprendre aux villes qu’il y a d’autres artistes qui arrivent et ce qui est intéressant, par la suite, c’est qu’ils se retrouvent sur les programmations des villes une ou deux années après. C’est nous qui faisons la programmation pour garder une unité, une cohérence mais aussi une ligne artistique et presque politique. Parce que je pense que c’est un engagement politique de programmer des gens comme Leprest qui ne sont pas programmés partout.
Hexagone : Le fait que le festival se déroule sur octobre, c’est un choix ou un pur hasard ?
José Tavares : Je ne sais pas comment ça s’est décidé, mais je trouve que c’est un bon choix parce que ça permet aux villes et aux structures d’ouvrir leur saison avec un beau spectacle financé à 50 % par le festival aussi. Et un concert permet aussi un moment de rencontre, et c’est bien de renouer après les vacances… C’est une bonne période.
Hexagone : Dernière question : Pourquoi le festival a pour sous-titre « Refrains Transatlantiques » cette année ?
José Tavares : Il y a un thème tous les ans. Par exemple l’année prochaine, le thème sera autour de la poésie. Et on va demander aux artistes de mettre en musique un poème qui peut avoir déjà été mis en musique… Cette année, il s’agissait des « Refrains Transatlantiques », car comme le festival est à l’origine un festival de chanson française, voire de musique francophone, et on estime que la chanson française n’existe pas qu’en France mais aussi dans d’autres pays – comme la Belgique qui a été invitée il y a trois ou quatre ans. On a voulu s’intéresser cette année aux artistes de l’autre côté de l’Atlantique. C’est pour cette raison qu’il y a des québécois, des canadiens et autres.
Propos recueillis par David Desreumaux et Flavie Girbal
Photos : Flavie Girbal
Photos : de haut en bas
– José Tavares – Valenton le 19/10/2002.
– Jeanne Cherhal – Kremlin Bicêtre le 8/10/2002
– Sanseverino – Fresnes le 17/10/2002
– Jack the Ripper – Villejuif le 18/10/2002
– Dominique A – Fresnes le 17/10/2002
– Brigitte Fontaine – Choisy le Roi le 11/10/2002
– Arno – Choisy le Roi le 11/10/2002