La Menuiserie à Pantin : une contre-culture ?

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Soyons raisonnables, demandons l’impossible ! Imaginez un endroit où le partage devient complicité. C’est le pari posé et relevé de La Menuiserie, sise à Pantin, café-théâtre autoproclamé boite à chansons artisanales.

Histoire. Jusqu’au début des années 80, c’est l’heure de gloire des cabarets. L’Ecluse, les Trois Baudets, le Lapin Agile révèlent nombre d’artistes dont les Brassens, Brel ou Caussimon. Les grandes salles étaient peu nombreuses (Olympia, Bobino) et leur capacité raisonnable, encore à échelle humaine.

Que se passe-t-il donc ? Début des années 80, on entre dans l’ère de la marchandisation, de la culture du produit au détriment de l’artiste et de son œuvre. Il faut rentabiliser les artistes, les productions attendent des retours sur investissement. On crée de très grandes salles susceptibles d’accueillir énormément de monde sur une seule date permettant ainsi la possibilité de tournée de plus en plus lucrative. Plein de dates dans plein de grandes salles = plein de sous…

On voit ainsi l’émergence du Zénith parisien (inauguré par Renaud… en 84), puis de Bercy qui est tout sauf une salle spectacle. La chanson y perd à tous les niveaux. Les spectacles deviennent des grandes messes déshumanisées, les cabarets et petites salles sont frappés de plein fouet par ce rouleau compresseur, les artistes à bas bruit d’audience trinquent comme jamais. Ça se passe sous la gauche, sous Mitterrand plutôt, les artistes sont les premiers surpris par ce renversement de situation, ils n’attendaient certainement pas cette politique culturelle de la part de ce gouvernement.

Aujourd’hui, on croit voir une éclaircie dans ce ciel obscur. D’abord, même si ce n’est plus à proprement parler un cabaret « à l’ancienne », la réouverture des Trois Baudets (malgré une architecture aberrante) est un signe fort dans le sens de la diversité culturelle. Faut-il y voir une prise de conscience (ou juste du marketing) quant à l’intérêt de diversifier une offre ou bien alors une perte de vitesse, les limites de la part du rouleau compresseur grandes salles / majors / star system ?

Aussi, en période de chute de pouvoir d’achat, qui peut encore se payer des places à 40 ou 50 voire 100 euros pour un concert ? Et à ce prix là, combien par an ? Les plus petits structures demandent à peine la moitié…

En marge de ces mastodontes, on voit avec soulagement et intérêt l’acte de résistance de petites structures, le plus souvent associatives, qui s’échinent à soutenir une forme d’expression, de chanson cousue main qui n’a pas le droit de cité, sacrifiée sur l’autel du mainstream…

Cette voix des artisans de la chanson, on peut l’entendre à La Menuiserie à Pantin, café-théâtre à taille modeste ouvert début 2009 à l’initiative des créateurs du festival qui monte, Taparole. Ce lieu est le prolongement de l’engagement de cette équipe enthousiaste à faire partager la chanson comme un acte citoyen.

Eclectique dans leur forme, les spectacles présentés les vendredis et samedis soirs dans cet antre de Pantin sont cependant liés par cette notion d’artisanat. La Menuiserie a depuis son ouverture accueilli des artistes aussi différents que Jacques Bertin, Wladimir Anselme, Sarclo, Marie Tout Court, Nicolas Bacchus, 3 minutes sur Mer, etc. Un vrai éclectisme régi par une seule règle : le talent. La Menuiserie et ses artistes n’en manquent pas. Courez donc !

LA MENUISERIE
Concert 8€ / 6€ – 20h30
Ouverture des portes 19h
Menu entrée plat dessert 12€ / plat 8€ / demi 2€

77, rue Jules Auffret 93500 Pantin
Métro Mairie de Lilas ou Eglise de Pantin
ou bus 61 arrêt Jean Jaurès ou 249 arrêt Pommiers
réservations : lamenuiserie@festivaltaparole.org / 01 48 40 56 53

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