Dernier retour vers l’été, encore à Avignon, toujours à l’Arrache-cœur, et à nouveau avec les photos de Nicolas Blanchard. En dehors des Talents Adami dont Clément Bertrand, chroniqué récemment, la salle proposait quatre autres spectacles. Michel Boutet, humaniste conteur du magnifique Barbouillot d’pain sec démarrait la journée à 10h30 que le joyeux et jouissif Parité mon Q terminait en nocturne à 22h30. Romain Lemire – l’absence de qualificatif sur son spectacle est dû au fait… que je ne l’ai pas vu ! – précédait Nathalie Miravette, programmée elle en tout début d’après-midi à 13h30.
D’abord appréciée comme pianiste d’artistes d’expérience (Leprest, Joyet, Sylvestre) on l’avait déjà remarquée, quand elle a commencé à chanter et à jouer un peu la comédie avec Bernard Joyet. Elle nous avait surpris, bluffés et impressionnés pour son premier spectacle Cucul mais pas que joué déjà au festival à Avignon en 2012 au Théâtre des vents et vu plusieurs fois depuis. Un grand talent de fantaisiste, une magnifique comédienne-chanteuse, des chansons pour rire franchement, d’autres qui nous ont émus, une belle entente-complicité avec Jennifer Quillet. Même si le superbe premier spectacle est encore prégnant dans nos esprits, elle revient avec un nouveau spectacle et un nouvel album « En toute modestie » (les guillemets font partie du titre et indiquent le second degré). Elle a changé d’équipe avec Juliette à la mise en scène, Didier Begon à la guitare et aux chœurs. Elle joue et parfois surjoue son personnage de petite star imbue d’elle-même pas vraiment « en toute modestie ». Elle chante les onze titres de son nouvel album contenant un grand nombre de portraits de femmes.
De son précédent spectacle, je n’ai reconnu que La chose toujours aussi bien rendue et un extrait chanté à toute vitesse de la fameuse Cucul. Celle ci a désormais trouvé son équivalent masculin – et c’est une belle idée – : Concon, à nouveau écrit par Manu Lods. Le beau piano de ses débuts sur scène est maintenant délaissé et elle ne joue quasiment pas du clavier présent à Avignon. Elle occupe encore plus le devant de la scène, avec une énergie rare et son tempérament de fantaisiste espiègle et délurée. Nathalie est une formidable interprète. Elle nous le prouve, entre autres, avec la reprise d’Achète un chien des Joyeux Urbains qu’elle rend, si c’est possible (et a priori ça l’est) encore plus jubilatoire que l’original ainsi qu’avec le savoureux portrait de La dame Pipi d’Eric Toulis. Elle déclenche les rires, qu’elle prenne des castagnettes ou un accordéon, qu’elle grimace ou exagère son personnage. Personnage défini un peu par certains titres : La plus modeste, Miss panique, Dépressive, Va te faire coacher. On pourrait dire qu’elle s’engage presque dans la chanson engagée avec Tout ou rien (« Si certains n’avaient rien, d’autres possédaient tout / On est d’accord sur tout avec ceux qui n’ont rien ») surtout et ce n’est pas rien pour le plaisir de jouer avec les mots et de faire de l’esprit.
Les noms des auteurs – compositeurs sont crédités (et on y retrouve, entre autres, Bernard Joyet, Juliette, Didier Bégon et Martial Carré) sur une feuille, distribuée à la sortie, avec la liste des titres joués. C’est à noter, car ce respect se perd ces temps-ci (et j’ai les noms de celles et ceux qui parfois laissent croire au public qu’ils sont les auteurs de magnifiques textes !). On peut regretter, mais cela est certainement dû au format court à Avignon (ne pouvant pas dépasser une heure), qu’elle ne chante pas plus de titres incitant à l’émotion plus qu’au rire et que le spectacle soit complètement orienté fantaisie. Surtout, quand en fin de concert, elle est émouvante et parfaite dans Six roses, chanson moins frontalement comique. Ce spectacle a reçu une belle ovation, et les spectateurs montraient de beaux visages souriants à la sortie.
Le 13 juillet Nathalie Miravette à L’Arrache-coeur lors du festival Off d’Avignon.